"Hyprocrite", "Tous fans de l'Europe et de Macron"... En Alsace, partisans et opposants accueillent le président-candidat
Le candidat Macron entame sa campagne à Strasbourg en défendant l’Europe.
Publié le 12-04-2022 à 22h21 - Mis à jour le 12-04-2022 à 22h25
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En entame de sa campagne présidentielle de second tour, Emmanuel Macron était attendu à Strasbourg ce mardi soir à 18 h 30 pour parler d’Europe après avoir discuté santé à Mulhouse et sécurité à Châtenois, dans le vignoble alsacien.
À 19 h 30, on l’attendait encore place de la Cathédrale où le public se pressait sur deux espaces contigus mais différenciés.
La place du Château, face au portail Sud où avait été installée l’estrade, était réservée aux élus et aux représentants d’associations européennes alors que le public au sens large se pressait sur le parvis de la cathédrale proprement dit.
Deux espaces, deux ambiances
Au fil de l’attente, lazzis et sifflets se sont fait de plus en plus entendre côté parvis, le tout sur fond de slogans "anti-anti-anti passe sanitaire".
"Nous, on est là pour observer Macron et les macronistes", confiaient goguenards Quassim et Samuel, deux étudiants de 18 ans venus de "la vraie gauche, l'insoumise, celle qui a voté Mélenchon par conviction et qui votera blanc au second tour". Pas question pour eux d'adhérer à la "Start'up Nation" et de donner leur voix à un "hypocrite qui, après avoir martelé qu'il n'y avait pas d'argent magique, en a trouvé face au Covid".
Un peu plus loin, Monique, nonagénaire rayonnante épouse d'un ancien fonctionnaire de la Commission européenne, se réjouit de parler "pour un journal belge" car elle partage son temps entre Bruxelles et Strasbourg. "Dans la famille, nous sommes tous fans de l'Europe et de Macron", dit-elle avant d'ajouter en se tournant vers Véronique, sa nièce d'une cinquantaine d'années tout aussi souriante, "enfin presque tous…" "Moi, je vote à gauche", dit celle-ci. Mélenchon ? "Peut-être bien…"
Drapeaux français, européens et ukrainiens
Sur la place du Château, tous ou presque étaient acquis à la cause du président-candidat et beaucoup évoquaient l’enjeu européen de sa réélection.
"Avec la guerre aux portes de l'Europe, on n'a pas le droit à l'erreur", confiait Mathilde, doctorante en droit de 28 ans.
Elle se dit "confiante" pour le second tour, "les radicaux à gauche ne vont pas verser dans un radicalisme de droite", veut-elle croire même si "la polarisation de la société française" lui fait peur.
Venu "en tant que simple citoyen européen", Jean-Cédric Janssens de Bisthoven, ambassadeur de Belgique auprès du Conseil de l'Europe, se voulait "observateur" d'un événement qui prenait une signification d'autant plus importante qu'il "se tenait à Strasbourg".
"Personnellement, je soutiens un projet d'une Europe plus forte pour faire face de façon plus efficace et plus résolue aux enjeux", a-t-il cependant précisé.
Drapeaux français, européens et ukrainiens se sont levés quand Emmanuel Macron s'est avancé vers 20 h, fendant la foule et serrant les mains avant de monter sur l'estrade rejoindre Roland Ries, ancien maire de la Ville. Socialiste rallié au macronisme depuis 2017, celui-ci l'a accueilli avec un mot sur "Strasbourg l'Européenne".
Silence radio par contre du côté de la maire actuelle, Jeanne Barseghian, élue des Verts qui a pourtant annoncé voter Emmanuel Macron pour contrer Marine Le Pen.
"Et un, et deux et cinq ans de plus", scandaient les plus enthousiastes qui n'ont pas pu étouffer totalement les huées des militants d'extrême gauche très remontés contre la non-suppression de l'impôt sur la fortune et qui pour certains - version anarchiste - ont crié "À bas la République !"
Sans pour autant démonter un Emmanuel Macron concentré sur la mise en lumière de "cette Europe que nous avons défendue ces dernières années".
"Ce que vous criez à mes yeux est une absurdité, a-t-il rétorqué, mais vous pouvez le faire et c'est ce qui fait la différence entre vivre en Hongrie et vivre à Strasbourg."