Guerre en Ukraine: les 27 s'accordent sur la 6e salve de sanctions contre la Russie, mais sans toucher au chef de l'Eglise orthodoxe russe
L'UE a approuvé jeudi un sixième paquet de sanctions contre Moscou incluant un embargo pétrolier avec des exemptions mais renoncé à inscrire sur la liste noire le chef de l'Eglise orthodoxe russe, à l'issue de négociations difficiles sous la pression de la Hongrie.
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- Publié le 02-06-2022 à 16h38
- Mis à jour le 02-06-2022 à 19h45
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Le texte, approuvé jeudi par les ambassadeurs des Vingt-Sept, doit encore recevoir l'accord écrit de chaque Etat membre en vue de sa publication vendredi au Journal officiel pour permettre l'entrée en vigueur des mesures, selon la présidence française du Conseil de l'UE.
La Commission européenne avait proposé d'inscrire sur la liste des personnes sanctionnées par un gel des avoirs et une interdiction d'entrée dans l'UE le patriarche Kirill pour son soutien à l'offensive russe mais la Hongrie s'y est opposée.
"Nous avons réussi a obtenir le retrait de la liste du patriarche Kirill. C'était une question de principe pour nous en raison de notre attachement à la liberté religieuse", a commenté le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, sur Facebook.
Budapest avait également bloqué un embargo total sur les importations de pétrole russe. La Hongrie, un pays dépourvu d'accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation de pétrole de celui acheminé par l'oléoduc Droujba.
Les sanctions de l'UE doivent être prises à l'unanimité.
Au cours d'un sommet lundi à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 ont fini par trouver un accord devant aboutir à réduire de quelque 90% leurs importations de pétrole russe d'ici à la fin de l'année afin de tarir le financement de la guerre livrée par Moscou à l'Ukraine.
L'accord prévoit un arrêt progressif des importations de pétrole russe transporté par bateau, soit les 2/3 des achats européens. Afin de lever le veto de la Hongrie qui exigeait des garanties pour sa sécurité énergétique, une exemption provisoire a été prévue pour le pétrole acheminé par Droujba, ce qui concerne, outre ce pays, la Slovaquie et la République tchèque.
L'Allemagne et la Pologne s'étant engagées de leur côté à cesser leurs importations par cet oléoduc d'ici à fin 2022, au total ce sont 90% des exportations de pétrole russe vers l'UE qui devraient être arrêtées d'ici à la fin de l'année.
La présidente de la Commission Ursula von der Leyen s'est félicitée de ce nouvel accord sur "des sanctions fortes contre Poutine et le Kremlin", dans un tweet.
En négociation depuis un mois, le nouveau paquet de sanctions prévoit aussi d'allonger la liste noire de l'UE en y ajoutant une soixantaine de personnalités, dont de nombreux militaires russes soupçonnés de "crimes de guerre" à Boutcha, des membres de la famille du porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, mais aussi l'ancienne gymnaste russe Alina Kabaeva. Certains médias et opposants prêtent en effet à celle-ci une relation depuis des années avec Vladimir Poutine, ce qu'avait démenti le président russe en 2008.
Y figure en outre l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, le principal établissement bancaire en Russie, ainsi que d'une banque bélarusse. Sept banques russes avaient déjà été bannies de ce système par les Européens.
Trois chaînes de télévision russes, dont Russia 24 et Russia RTR, seront interdites de diffusion dans l'UE.
Les sanctions européennes, prises depuis 2014 après l'annexion de la Crimée, concernent déjà 1.091 personnes et 80 entités.
Le vice-Premier ministre russe chargé de l'Energie Alexandre Novak a averti jeudi que les consommateurs européens seraient les premiers à "souffrir" de l'embargo pétrolier. "Je n'exclus pas qu'il y ait un grand manque de produits pétroliers dans l'UE", a-t-il ajouté.
En 2021, la facture des importations européennes de pétrole russe (80 milliards d'euros) a été quatre fois plus élevée que celle des achats de gaz à la Russie.
Washington sanctionne un financier de Poutine et un courtier en superyachts
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi une nouvelle série de sanctions pour pousser Vladimir Poutine à renoncer à la guerre en Ukraine, visant notamment son proche ami et "financier" Sergueï Pavlovitch Roldouguine et une société de courtage en superyachts pour oligarques russes. Le Trésor, le département d'Etat et le ministère du commerce américains visent toute une série de nouveaux oligarques ou membres de "l'élite" de Moscou, dont la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova. Plusieurs yachts régulièrement utilisés, selon Washington, par le président russe, sont également inscrits sur la liste noire américaine, dont "Graceful", "Olympia", "Shellest" et "Nega".
Dans un communiqué, le Trésor affirme s'en prendre à "des réseaux-clés utilisés par les élites de Russie, y compris le président Vladimir Poutine lui-même, pour tenter de cacher et déplacer de l'argent et jouir de manière anonyme de leurs biens de luxe à travers la planète" -- échappant ainsi aux sanctions occidentales sans précédent imposées depuis l'invasion russe de l'Ukraine fin février.
Parmi les personnalités les plus en vue de ce nouveau volet de sanctions américaines figure le violoncelliste Sergueï Pavlovitch Roldouguine, proche ami du chef de l'Etat russe "depuis plus de quarante ans" mais aussi présenté comme son "gestionnaire de fonds", "membre d'un système qui gère" sa "fortune offshore". Il avait été sanctionné par l'Union européenne dès la fin février.
Son épouse, la soprano Elena Mirtova, est également concernée par ces sanctions qui gèlent leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis et bloquent leur accès au marché américain.
La société Imperial Yachts, prestataire de services en superyachts pour "membres de l'élite russe, y compris dans le premier cercle du président Poutine", est également inscrite sur la liste noire du Trésor américain.
Il en va de même de la société Skyline Aviation, dont le siège est à Saint-Marin mais qui est accusée de faire voler ses avions privés en Crimée, partie de l'Ukraine annexée par la Russie en 2014 sans reconnaissance internationale.
De son côté, le département d'Etat a sanctionné la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova et le magnat de l'acier Alexeï Mordachov, "l'un des milliardaires les plus riches de Russie", qui est déjà visé par l'UE. Cela implique qu'ils sont interdits d'entrée aux Etats-Unis.