Guerre en Ukraine: comment la technologie vient au secours de la protection du patrimoine
Menacés par les bombardements indiscriminés russes, monuments et bâtiments sont protégés de diverses manières.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/cb39bb5a-f48d-48b8-882c-ad3b779b19dd.png)
Publié le 20-06-2022 à 11h05 - Mis à jour le 22-06-2022 à 16h44
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/S7UEB5BL45EPPE4S6CLPJOPJYI.jpg)
En équilibre sur un escabeau, Nikita Doudkine s’applique à peindre à la bombe les contours de la statue sur le panneau de bois. Une fois son travail achevé, il saute à terre et se livre à une danse de la victoire. L’architecte Slava Balbek éteint le projecteur, désormais inutile : les traits de la peinture réfléchissante exhibent fidèlement Mikhaylo Hrouchevsky, historien et premier président de l’éphémère république populaire ukrainienne (1918-1921).
"De cette manière, les gens peuvent admirer la statue qui est cachée par peur des bombardements", explique Slava Balbek. Depuis le mois de mars, Mikhaylo Hrouchevsky est non seulement dissimulé derrière des palissades de protection mais aussi enfoui sous d'innombrables sacs de sable. Comme la plupart des monuments publics de Kiev, d'ailleurs. Sur la colline Volodymyr, seul Dante pointe encore le bout de son nez. "Nous allons reproduire ce dispositif sur l'ensemble des statues de la capitale", assurent Slava Balbek et Nikita Doudkine. "Nous ne savons pas combien de temps cette guerre durera. mais les Ukrainiens doivent pouvoir jouir de leur patrimoine !" s'exclament-ils avant de filer dans la chaude nuit de cette fin mai. À Kiev, l'application du couvre-feu à 23 heures est stricte.

Destructions et pillages systématiques
La menace est réelle. Depuis le 24 février, plus de 400 bâtiments historiques, églises et statues ont été endommagés, voire détruits, dans les combats. Des dégâts que nombre d’Ukrainiens imputent à la volonté de Vladimir Poutine de nier l’identité et la souveraineté de l’Ukraine.
Entre autres initiatives, le ministère de la Culture a entrepris de préserver certains de ces vestiges à l'aide de scanners 3D. "Une fois leur morphologie numérisée, il nous sera plus aisé de procéder à leur reconstruction, le cas échéant", décrit la vice-ministre de la culture Kateryna Tchouïeva. Ce recours à des technologies de pointe est soutenu par la Lettonie, qui avait mené des projets similaires en Irak en 2005-2006.
Reste que cette approche high-tech de la préservation de l’héritage ukrainien n’empêche ni les destructions de musées et galeries, ni les vols. 2 000 œuvres d’art auraient été appropriées par les collections russes. Parmi eux, des bijoux en or scythes, un peuple nomade du IVe siècle avant Jésus-Christ, volés d’un musée de la ville occupée de Mélitopol. Un héritage particulièrement ancien, déjà très prisé par le Kremlin à la suite de son annexion de la Crimée en 2014.
