“Les souhaits de Vladimir Poutine ne sont pas devenus réalité, ce qui constitue une victoire morale pour l’Occident”
Un Poutine moins menaçant est apparu à la télévision mercredi : signe d’un apaisement dans le conflit ? Pas si sûr selon Sven Biscop, professeur de géopolitique à l’UGent.
Publié le 09-12-2022 à 15h21 - Mis à jour le 09-12-2022 à 16h00
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Lors d’une réunion retransmise à la télévision russe mercredi, Vladimir Poutine a relativisé le risque d’un recours à l’arme nucléaire. Il a laissé entendre qu’il n’utiliserait l’arme nucléaire qu’en réponse à une attaque ennemie. “Si on nous frappe, on frappe”, a-t-il ainsi déclaré. Des propos qui tranchent avec sa position des derniers mois.
La menace nucléaire liée au conflit en Ukraine semble-t-elle diminuer ? C’est ce qu’affirme aussi le chancelier allemand Olaf Schloz. Dans un entretien au groupe de médias allemands Funke, parue ce jeudi, le dirigeant a déclaré qu’un “coup d’arrêt” avait été mis à propos du risque d’une escalade nucléaire.
Un avis corroboré par le professeur de géopolitique à l’UGent, Sven Biscop, auprès de nos confrères de HLN. “Scholz n’a pas tort lorsqu’il affirme que le risque d’une escalade nucléaire a diminué”, avoue-t-il dans une interview pour le média flamand. “Si Poutine semble se calmer dans ses propos, c’est parce qu’il semble progressivement réaliser qu’une attitude de plus en plus radicale ne mènera qu’à la perte du soutien de ses pairs. Le fait que l’Occident n’ait pas perdu son sang-froid a également influencé le ton plus modéré de Poutine”, analyse-t-il.
Si jusqu’à présent le président russe brandissait la menace nucléaire directe envers l’Occident, c’est parce qu’il tentait de “semer la discorde entre les différents États” de l’Ouest, poursuit Sven Biscop. “Il espère qu’en les menaçant, les pays se plieront à sa volonté et diront : 'Obligeons l’Ukraine à passer un accord, cela n’en vaut pas la peine pour nous.' Néanmoins, ses souhaits ne sont pas devenus réalités, ce qui constitue une victoire morale pour l’Occident”.
Peut-on pour autant dire que la situation est sur la voie de l’apaisement ? Le professeur se montre toutefois prudent : “le risque d’un recours au nucléaire est encore loin d’être nul”, affirme-t-il. Effectivement, “la menace d’une guerre nucléaire grandit”, au regard de la confrontation Russie-Occidentaux autour de l’Ukraine, a aussi déclaré Poutine lors de cette même réunion, imputant cette situation aux Américains et aux Européens.
Pour le spécialiste en géopolitique, “il existe trois scénarios” quant à l’issue de la guerre en Ukraine. “Le premier : la victoire totale de la Russie, hypothèse quelque peu invraisemblable. Le deuxième : l’Ukraine récupère tous ses territoires perdus, mais cela n’arrivera pas tout de suite selon moi. Le troisième, le plus probable : une impasse militaire, qui gèlera le conflit.” C’est pourquoi il est important de ne pas fermer la porte aux discussions avec la Russie, estime-t-il. “Une solution diplomatique pourrait émerger de ce blocage”