Zelensky-Biden : une rencontre historique “en présentiel”
Pour la première fois depuis le 24 février, le président ukrainien a quitté son pays en guerre. Direction : Washington, afin de renforcer une alliance existentielle pour Kiev. L’administration Biden n’a pas été en reste, en annonçant la livraison très attendue de missiles Patriot.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/cb39bb5a-f48d-48b8-882c-ad3b779b19dd.png)
- Publié le 21-12-2022 à 23h59
:focal(2995x2005:3005x1995)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/Z3PIJWI64VFBVAWHH6R5I4P6OI.jpg)
Volodymyr Zelensky revenait tout juste de Bakhmout, ville de l’est ukrainien, objet d’affrontements meurtriers parfois comparés à la bataille de Verdun, qu’il postait sur Twitter son premier déplacement depuis le début de l’invasion russe, le 24 février. Direction : la Maison blanche et le Bureau ovale de Joe Biden pour y “renforcer les capacités de résilience et de défense” de l’Ukraine, selon le chef de l’État.
Au premier abord, Volodymyr Zelensky n’a pas eu de raison d’être déçu. “Vous ne serez jamais seuls”, lui a assuré Joe Biden, tout sourire, au terme d’un long entretien de deux heures. Le président américain avait fait précéder la rencontre de l’annonce de la livraison de missiles Patriot. Très sophistiqués, ils sont considérés comme les plus efficaces au monde. Ils vont “renforcer de manière significative” la défense aérienne ukrainienne, s’est félicité Volodymyr Zelensky. Résistant face à l’invasion russe, l’Ukraine est la cible régulière de tirs de missiles visant des infrastructures énergétiques et civiles et provoquant des coupures dramatiques d’électricité, d’eau et de chauffage.
La livraison de ces Patriot est au cœur de houleux débats depuis le 24 février. “On peut se demander pourquoi ce qui n’était pas acceptable hier l’est aujourd’hui”, commente Nicolas Gosset, chercheur à l’institut royal de la Défense. “Si les Occidentaux avaient livré au printemps ce qu’ils sont prêts à livrer maintenant, la guerre aurait sans doute pris une autre tournure”, se désole-t-il tout en se félicitant de l’évolution de la position américaine.
La visite de M. Zelensky aux États-Unis montre que Washington soutiendra l’Ukraine “aussi longtemps qu’il le faudra”, a pour sa part déclaré Karine Jean-Pierre, porte-parole de l’exécutif américain. À Moscou, le Kremlin a mis en garde mercredi contre de nouvelles livraisons d’armes américaines à l’Ukraine, qui n’auront pour effet que d'” aggraver” le conflit. Son porte-parole, Dmitri Peskov, a aussi dit ne pas s’attendre à un changement de position de M. Zelensky quant à son refus de négocier avec Vladimir Poutine.
”Courtes heures”
Au cours de ce déplacement aux contraintes de sécurité exceptionnelles et qui ne durera que “quelques courtes heures”, M. Zelensky devrait œuvrer à convaincre les parlementaires américains de soutenir l’adoption d’une nouvelle enveloppe massive de soutien à l’Ukraine, de près de 45 milliards de dollars. Une démarche d’autant plus importante que la nouvelle mainmise des Républicains à la Chambre des représentants pourrait impliquer des restrictions à l’aide décidée en faveur de l’Ukraine. Les États-Unis, de loin les premiers donateurs à Kiev, ont déjà fourni selon des évaluations d’experts près de 50 milliards de dollars d’aide au pays en guerre, dont 20 milliards en armements et assistance militaire. Un soutien sans précédent que Volodymyr Zelensky, reconnaissant, a toutefois qualifié “d’insuffisant”.
Un commentaire à même d’irriter ceux qui, aux États-Unis comme ailleurs, critiquent le coût financier de l’aide à l’Ukraine et appellent à des négociations de paix avec le Kremlin. Tout en acceptant l’idée de négociations comme une perspective envisageable, le président ukrainien a tenu à préciser sa vision : “une paix juste n’implique aucun compromis quand à la souveraineté, la liberté et l’intégrité territoriale de mon pays”. Une manière de réaffirmer que la libération des régions occupées demeure une priorité à Kiev.
1,5 million de soldats russes ?
Le président russe, Vladimir Poutine, son côté devait mercredi présenter les grandes orientations de son armée pour 2023. Il a promis de continuer à en accroître les capacités et son potentiel nucléaire, tout en se défaussant de toute responsabilité dans la “tragédie commune” ukrainienne. S’exprimant au cours d’une grande réunion avec des officiers de haut rang, il a ainsi annoncé l’entrée en service “début janvier” des nouveaux missiles hypersoniques russes de croisière Zircon et envisagé d’augmenter les effectifs de l’armée russe à 1,5 million de soldats.
Le maître du Kremlin revenait d’une visite à Minsk où il aurait, selon de nombreux observateurs, poussé son homologue Alexander Loukachenko à s’engager plus dans l’invasion de l’Ukraine.
Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a quant à lui assuré que les troupes russes combattaient “les forces combinées de l’Occident” et révélé que Moscou entendait créer des bases de soutien à sa flotte à Marioupol et à Berdiansk, deux villes occupées du sud de l’Ukraine. Il a aussi assuré que l’une des “priorités” pour l’année 2023 serait de “continuer à mener l’opération spéciale (en Ukraine) jusqu’à ce que ses tâches aient toutes été remplies”.