Guerre en Ukraine : 10 mois de drames aujourd'hui, en 10 images clés

En cette veille de Noël, cela fera précisément 10 mois que Vladimir Poutine a déclenché, en Ukraine, sa guerre insensée et toujours loin de son épilogue. En 10 images contextualisées, mois par mois, on remonte le fil de ce conflit, qui a définitivement donné à 2022 son aspect si tragique.

24 Février : le choc, la neige, les chars, les corps

24 février. Petit matin. Les sirènes retentissent à Kiev. Depuis le Kremlin, Vladimir Poutine lance son "opération spéciale", terme cache-sexe pour éviter le mot guerre, contre l'Ukraine. But du chef d'état russe ? "Dénazifier" l'Ukraine et reprendre ce que l'autocrate lui estime dû : le Donbass. Volodymyr Zelensky, président ukrainien, déclare la loi martiale. Tous les hommes âgés entre 18 et 60 ans en état de combattre doivent rester en Ukraine. La communauté internationale condamne. L'exil des Ukrainiens débute. La guerre aussi.

26 février, 2022 : le corps d'un soldat russe enseveli par la neige, dans la région de Kharkiv. La guerre en Ukraine n'a pas 48 heures, les morts se comptent déjà par centaines.
26 février, 2022 : le corps d'un soldat russe enseveli par la neige, dans la région de Kharkiv. La guerre en Ukraine n'a pas 48 heures, les morts se comptent déjà par centaines. ©AFP

Mars : l'exil face à l'horreur

Terré dans des stations de métro à l'abri des bombes, le peuple ukrainien réalise très vite qu'il devra se résoudre à quitter le pays. Des cortèges kilométriques du côté de Lviv, vers le refuge polonais otanien, se dessinent très vite. Des familles sont déchirées. Près de 14 millions d'Ukrainiens ont été "déplacés" depuis 10 mois.

Les pères contraints de rester au pays pour combattre et de voir leurs filles quitter le pays : la dure réalité ukrainienne en mars 2022.
Les pères contraints de rester au pays pour combattre et de voir leurs filles quitter le pays : la dure réalité ukrainienne en mars 2022. ©AP

Avril : le massacre de Boutcha

Début avril. Alors que la guerre fait toujours rage, le monde découvre le massacre de Boutcha, petite ville de mois de 40.000 âmes au nord de Kiev. Des dizaines de cadavres jonchent les rues, sacs de provisions à côté des corps. L'armée russe s'est rendue auteure d'exécutions sommaires, de viols et d'actes de torture contre les civils ukrainiens. "Un coup de poing dans l'estomac", s'indigne le chef de la diplomatie américaine. L'OTAN condamne fermement, une enquête pour crimes de guerre est ouverte. Tant d'images dures à voir sont publiées. Mais la plus symbolique d'entre elles est peut-être celle de Volodymyr Zelensky, en larmes, sur place, lors de sa visite du lieu dévasté, et à jamais marqué.

<p>Volodymyr Zelensky fait une déclaration à la presse, le 4 avril 2022 à Boutcha, au nord-ouest de Kiev</p>
Volodymyr Zelensky ému aux larmes, le 4 avril 2022 à Boutcha, au nord-ouest de Kiev. ©AFP/Archives

Mai : la contre-offensive ukrainienne

L'abnégation de l'Ukraine à défendre son sol suscite l'admiration partout dans le monde. Aidée par la communauté inernationale, l'Ukraine reprend Kharkiv le 14 mai. La ville est libérée par les forces ukrainiennes qui ont repris le contrôle d’une partie de la frontière avec la Russie dans la région. La contre-offensive paye. Mais Kharkiv est dévastée.

Un soldat ukrainien semble implorer les cieux, au coeur de l'aciérie dévastée d'Azovstal, à Marioupol.
Un soldat ukrainien semble implorer les cieux, au coeur de l'aciérie dévastée d'Azovstal, à Marioupol. ©AP

Juin : les stigmates des bombardements

Les frappes aériennes meurtrières se poursuivent sur le sol ukrainien. L'armée russe n'épargne aucun lieu : prisons, maternités et écoles sont également bombardées. Ici, les dégats, terribles, causés au très fréquenté centre commercial bombardé à Krementchouk, le 28 juin 2022.

Un centre commercial ukrainien, bombardé en juin.
Un centre commercial ukrainien, bombardé en juin. ©AP

Juillet : les enfants, victimes de la guerre également

Il ne faut jamais cesser de l'écrire, même si c'est une évidence : durant une guerre, des enfants meurent. Cette image, terrible, témoigne des funérailles de Liza, une fillette de 4 ans, tuée par une attaque russe, à Vinnytsia, le 17 juillet 2022.

L'UNICEF estime que plus de cinq enfants par jour en moyenne ont été tués ou blessés en Ukraine à cause de la guerre.
L'UNICEF estime que plus de cinq enfants par jour en moyenne ont été tués ou blessés en Ukraine à cause de la guerre. ©AP

Août : l'est ukrainien, pilonné

Après s'être retirée de la banlieue de Kiev, sans avoir réussi à prendre le contrôle de la capitale ukrainienne, la Russie a jeté ses forces à l'est de l'Ukraine. Les troupes du Kremlin se sont concentrées sur la prise de Sloviansk, Kramatorsk, Sievierodonetsk ou Lysychansk. Ces villes avaient été déjà le théâtre d'intenses combats en 2014 et 2015.

Volodymyr, 66 ans, blessé lors d'un bombardement russe,  dans son appartement ravagé de Kramatorsk, dans la région de Donetsk. L'homme s'accroche à son téléphone...
Volodymyr, 66 ans, blessé lors d'un bombardement russe, dans son appartement ravagé de Kramatorsk, dans la région de Donetsk. L'homme s'accroche à son téléphone... ©AP

Septembre : le sabotage de Nord Stream 1 et 2 et les contrecoups de la guerre sur la facture énergétique

Alors que le prix de l'énergie sur les marchés s'envole totalement durant l'été, et que les Occidentaux commencent à ressentir fortement les effets économiques de la guerre et des sanctions décrétées par l'Occident, le 26 septembre, les yeux du monde entier se tournent vers un intense bouillonnement en mer baltique. Les deux gazoducs Nord Stream, reliant la Russie et l'Allemagne, sont victimes de sabotage à l'explosif et témoignent d'importantes fuites de gaz. Bien que ces gazoducs étaient à l'arrêt en raison de différends entre l'UE et la Russie, cet acte ajoute de l'inquiétude à l'incertitude qui règne sur l'approvisionnement et le prix du gaz délivré en Europe.

 La thèse du sabotage semble de plus en plus se confirmer.
Les images du bouillonnement provoqué par le sabotage du gazoduc Nord Stream ont fait le tour du monde. ©Photo News

Octobre : Poutine durcit le ton envers l'Occident

Dans une succession de discours entre septembre et octobre, Vladimir Poutine durcit le ton envers l'Occident. Acculée sur certaines lignes de front, la Russie, que les observateurs voient s'enliser, réplique par une diatribe de plus en plus ferme. Poutine accuse l'Occident de "répandre la russophobie à travers le monde" et vouloir "imposer ses valeurs néo-libérales". "C’est l’Occident qui a piétiné l’inviolabilité des frontières. Leur hégémonie s’apparente à l’apartheid et à l’exploitation. L’Occident divise le monde. Il condamne des peuples entiers."

L'image du président russe Vladimir Poutine projetée sur grand écran lors d'un meeting et un concert organisés sur la place Rouge à Moscou.
L'image du président russe Vladimir Poutine projetée sur grand écran lors d'un meeting et un concert organisés sur la place Rouge à Moscou. ©AFP

Novembre : la crise des missiles tombés en Pologne et le fil de la guerre

15 novembre. La guerre, toujours enlisée, manque de basculer. Des missiles échouent à Przewodow, en Pologne, sur le territoire de l'OTAN, à 6 kilomètres de la frontière avec l'Ukrainienne. Deux personnes décèdent dans ce qui s'avérera, dès le lendemain, être un malencontreux accident, du fait de la défense antiaérienne ukrainienne. Mais la soirée du 15 novembre est mouvementée, et beaucoup suspectent alors une attaque russe envers l'OTAN. Ce qui donnerait naturellement un tout autre tournant, et exigerait une autre forme de réponse otanienne, au conflit. La pression redescend aussi vite qu'elle est montée. Mais cet épisode nous rappelle que nous marchons tous sur le fil de la guerre, et que la situation peut basculer rapidement...

Des experts investiguent, à Przewodow, le 16 novembre, point de chute de deux missiles tombés sur le sol otanien.
Des experts investiguent, à Przewodow, le 16 novembre, point de chute de deux missiles tombés sur le sol otanien.

Décembre : Zelensky à Washington, première sortie hors-Ukraine "historique"

Il y a quelques jours, le président Zelensky a, pour la première fois, quitté l'Ukraine depuis l'éclatement de la guerre. Sa destination ? Washington, où il a longuement rencontré le président Joe Biden, toujours vêtu de kaki, et tenu un discours enflammé dont il a le secret devant le Congrès. La rencontre, hautement symbolique, ancre encore davantage dans la durée le soutien étasunien à la défense ukrainienne face à l'agresseur russe. Le peuple slave en aura besoin : un épilogue proche n'est pas d'actualité...

L'Edito : Zelensky à Washington et pas à Bruxelles, un choix qui en dit long
US President Joe Biden and Ukraine's President Volodymyr Zelensky meet in the Oval Office  of the White House, in Washington, DC on December 21, 2022. - Zelensky is in Washington to meet with US President Joe Biden and address Congress -- his first trip abroad since Russia invaded in February. (Photo by Brendan SMIALOWSKI / AFP) / ALTERNATIVE CROP
Au coin du feu, les présidents ukrainien et américain ont longuement échangé à l'occasion du premier voyage hors-Ukraine de Zelensky. ©AFP or licensors
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