Après les Leopards, les avions de combat ? La demande de Zelensky qui fait grincer des dents
Les oppositions de gauche et d’extrême droite, opposées à la livraison de chars d’assaut, grincent des dents en entendant les nouvelles demandes de Kiev.
Publié le 27-01-2023 à 21h51 - Mis à jour le 27-01-2023 à 21h54
Quand y’en a plus, y’en a encore? Le dossier des chars de combat Leopard 2 est à peine refermé que celui des avions de combats apparaît. Mercredi 25 janvier, alors que le chancelier Olaf Scholz venait d’annoncer l’envoi de Leopard de fabrication allemande en Ukraine, le président Volodymyr Zelensky faisait en effet une nouvelle demande, pour recevoir des avions de combat. La requête suscite de vives réactions à Berlin, à commencer par ceux qui s’opposaient déjà à la livraison de chars de combats et qui se sentent confortés dans leur position.
”Nous sommes opposés à l’envoi de Leopard 2 car cela participe à une nouvelle escalade du conflit. L’argument le plus évident est que directement après cette décision, l’Ukraine a demandé des avions de combats. Qu’est-ce qui viendra après ? Des Tornados ? Des soldats de l’OTAN ?” demande Dietmar Bartsch, chef du groupe parlementaire du parti de gauche radicale die Linke. “Je ne veux pas que nous soyons davantage entraînés dans cette guerre. Une expansion du conflit peut avoir des effets dévastateurs. La Russie est une puissance nucléaire. Nous disons non à une escalade”, ajoute-t-il, interrogé par La Libre Belgique.
Mêmes craintes du côté de l’extrême droite connue, comme die Linke, pour son biais pro-russe avant l’invasion de l’Ukraine. “Notre gouvernement ment comme il respire”, écrit le député Rüdiger Klos, de l’AfD. “Au début, on nous disait : seulement des vêtements de protection, puis des fusils, des systèmes de défense aérienne mobiles, des chars de combat d’infanterie. Maintenant, des chars de combat Leopards. Bientôt, des avions de combat ?” lance-t-il sur Twitter. Dans l’hémicycle du Bundestag cette semaine, son collègue Tino Chrupala, co-président du parti, estime que le gouvernement “court les yeux fermés directement vers la troisième guerre mondiale”.
Les avions “pas à l’ordre du jour”
Alors que l’Allemagne ne cesse de franchir certaines de ses lignes rouges en matière de défense, l’envoi d’avions de combat est aussi très clairement rejeté par le parti de gouvernement social démocrate (SPD). “J’ai précisé très tôt qu’il n’y aurait pas d’avions de combat et je continue à le faire ici”, a commenté le chancelier Olaf Scholz le 25 janvier devant les députés. “Lorsqu’on a débattu de zones d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine, j’ai dit, tout comme le président américain, que nous ne le ferions pas”, a-t-il rappelé.
Même les sociaux-démocrates les plus ouverts à des livraisons d’armes rejettent l’idée. “L’Allemagne montre clairement sa grande disponibilité à aider. Les avions de combat ne sont clairement pas à l’ordre du jour”, estime le député Andreas Schwarz. Preuve que le débat est encore loin d’être mûr, l’opposition chrétienne-démocrate, toujours en pointe sur l’envoi d’armes à Kiev, ainsi que la très virulente élue libérale Marie-Agnes Strack-Zimmermann, dont le parti est au gouvernement, y voient une ligne rouge infranchissable. “Les avions, c’est une toute autre affaire (que les Leopard)”, a commenté Marie-Agnes Strack-Zimmermann dans les médias allemands. “Au début de la guerre, nous avons clairement indiqué que nous ne pouvions pas protéger une zone d’exclusion aérienne. Il faudrait bombarder des positions sur le sol russe pour que nos propres avions ne soient pas abattus. Pour moi, il n’en est pas question”, argumente-t-elle. À Berlin, les autorités insistent : il faut se concentrer sur l’envoi le plus rapide des chars de combat Leopard 2. Un défi qui devrait les occuper un bon moment.