Human Rights Watch accuse l’Ukraine d’utiliser des mines interdites
L’organisation de défense des Droits de l'homme appelle Kiev à enquêter sur “l’utilisation apparente par son armée de milliers de mines terrestres antipersonnel”.
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Publié le 31-01-2023 à 12h21 - Mis à jour le 31-01-2023 à 12h39
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Human Rights Watch, soucieuse de dénoncer les violations des Droits de l’homme dans le monde, quels qu’en soient les auteurs, quel que soit le timing, marche sur des œufs.
L’organisation a appelé l’Ukraine, ce mardi, à enquêter sur “l’utilisation apparente par son armée de milliers de mines terrestres antipersonnel tirées par des roquettes dans et autour de la ville d’Izioum dans l’est du pays, pendant que les forces russes occupaient la zone”. Les soldats de Moscou s’étaient emparés d’Izioum dès le 1er avril, une région qu’ils ont contrôlée jusqu’au début du mois de septembre, quand les forces ukrainiennes ont lancé leur contre-offensive victorieuse.
Les enquêteurs de HRW ont pu objectiver la présence de mines “papillon” ou mines “pétale”, dispersées par les Ukrainiens à proximité d’installations militaires russes. Des armes “faisant des victimes civiles et posant un risque constant” aux populations locales, a martelé le directeur de la division Armes à Human Rights Watch, Steve Goose. Lorsqu’ils occupaient la région, les Russes ont, selon la centaine d’habitants interrogés, distribué des prospectus pour avertir du danger, retiré des mines de zones publiques et de propriétés privées, emmené des victimes se faire soigner en Russie – “des actions ne cadrant pas avec le fait d’être responsable de la pose de ces mines”, selon HRW.
Kiev, partie à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel
Comme pour éviter de donner l’impression, implicitement, de tirer dans le dos du pays agressé, Steve Goose a également rappelé que les forces russes avaient utilisé de tels engins “de façon répétée” et “commis des atrocités à travers le pays”, renvoyant aux trois rapports déjà publiés sur cette question.
“Mais cela ne justifie pas l’utilisation par l’Ukraine de ces armes interdites.” D’autant moins que Kiev est partie à la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel (1997), exigeant notamment la destruction des stocks. En l’occurrence, l’Ukraine avait hérité, après l’éclatement de l’URSS, d’un stock important qu’elle n’avait pas terminé de détruire. Interrogé par l’ONG, le ministère de la Défense a répondu que “les informations sur les types d’armes utilisées par l’Ukraine… ne (devaient) pas être commentées avant la fin de la guerre”. Lors de la 20e réunion des États parties à la Convention, le 24 novembre 2022, il a cependant assuré n’avoir “jamais envisagé” d’utiliser ses stocks de mines antipersonnel à des fins défensives.
Cela n’a pas empêché HRW de réclamer que l’Ukraine ouvre une enquête sur son “utilisation apparente récente”, fasse “en sorte que les responsables rendent des comptes” et prenne “des mesures pour sécuriser et détruire ses stocks”. L’ONG a aussi appelé à ce qu’elle aide les victimes, “notamment en leur offrant une compensation appropriée et rapide, des soins médicaux et d’autres formes d’assistance, telles que, le cas échéant, la fourniture de prothèses et un soutien continu à la réadaptation, y compris un soutien psychosocial”.
La spécificité de ces armes, dont l’utilisation viole le droit international humanitaire, est qu’elles “ne font pas la distinction entre civils et combattants”. “Les mines terrestres non neutralisées provoquent des déplacements, entravent l’acheminement de l’aide humanitaire et empêchent les activités agricoles”, rappelle Human Rights Watch. “Elles sont partout”, a témoigné un démineur ukrainien aux enquêteurs. Et l’on sait que des décennies seront nécessaires pour débarrasser le pays des mines terrestres et autres munitions non explosées.