Les alliés de l’Ukraine cherchent tous azimuts des munitions : “La vitesse peut sauver des vies”, selon le patron de l'Otan
Ils étaient réunis ce mardi à Bruxelles, sous la présidence du secrétaire d’État américain Lloyd Austin, qui parle d’une “guerre d’usure” de la part de la Russie et d’un front “relativement stable”, sauf à Bakhmout.
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Publié le 14-02-2023 à 18h42
Trois cent mille soldats prépositionnés en Russie, un hiver plus doux que prévu et une ligne de front très active, avec de très nombreuses victimes, notamment à Bakhmout où les forces ukrainiennes se défendent bec et ongles face aux forces russes. Les alliés de l’Ukraine, États-Unis en tête, s’attendent toujours à une offensive de printemps mais redoublent d’ardeur pour donner les moyens à l’Ukraine de se défendre.
Deux objectifs ont été discutés au sein du Groupe de contact qui s’est réuni mardi à Bruxelles, sous présidence du secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin, avant une réunion des ministres de la Défense de l’Otan : d’une part, fournir plus de munitions aux Ukrainiens, d’autre part, améliorer leur défense antiaérienne face à une armée russe qui a réussi jusqu’ici à garder presque intacte sa flotte d’avions de combat et de bombardiers.
Le secrétaire général de l’Otan a été très clair avant la réunion. “Le taux de consommation des munitions par les Ukrainiens est plus élevé que le taux de production” par les alliés, a dit Jens Stoltenberg. “L’Ukraine a besoin de fuel, de pièces de rechange et de munitions avant que la Russie ne prenne l’initiative sur le champ de bataille. La vitesse peut sauver des vies”.
Plus de 20 000 pièces d’artillerie par jour seraient tirées par les Russes
Après trois décennies de réduction des dépenses militaires à la suite de la chute du mur de Berlin, de nombreux pays – dont la Belgique – ne peuvent plus donner à l’Ukraine des munitions sauf s’ils ponctionnent celles-ci sur leur stock nécessaire à la défense du pays. Passée à une économie de guerre, la Russie fait tourner ses usines à plein rendement tandis que l’industrie européenne, en quête de visibilité de la part des décideurs politiques, est toujours en mode des 38 heures semaine.
“La Russie envoie en moyenne 20 000 pièces d’artillerie par jour contre les forces ukrainiennes. C’est l’équivalent de la production mensuelle européenne”, a averti la première ministre estonienne, Kaja Kallas, lors d’une rencontre avec plusieurs médias.
Le délai pour les munitions de grand calibre est passé de 12 mois à 28 mois.
Mais produire prend du temps. “Le délai pour les munitions de grand calibre est passé de 12 mois à 28 mois”, estime Jens Stoltenberg. “Des commandes faites aujourd’hui ne seront livrées que dans deux ans et demi”. Certains pays, la France, l’Australie et les États-Unis, ont passé commande, d’autres souhaitent que l’Union, avec son fonds intergouvernemental de la Facilité européenne pour la Paix (FEP), interviennent ; certains ont pris contact avec des pays hors-Otan comme la Corée du Sud, le Pakistan ou la Jordanie.
”Une guerre d’usure”, selon les États-Unis
À Bruxelles, le secrétaire Lloyd Austin et le général Mark Milley, qui présidaient la réunion, ont insisté sur “la guerre d’usure” que mène la Russie et ont souligné que le front reste “relativement stable”. Ils n’ont pas noté, pour le moment, de signes avant-coureurs d’une campagne de bombardement aérien russe, mais se sont félicités de voir que la France et l’Italie allaient fournir à l’Ukraine des systèmes de défense antiaérienne SAMP/T et que les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas se coordonnent pour livrer des Patriots.

Huit pays également se sont engagés à donner des chars Leopard (Allemagne, Pologne, Canada, Portugal, Espagne, Norvège, Danemark et Pays-Bas) tandis que le Royaume-Uni doit livrer en mars ses Challenger 2. L’accent est mis également sur l’entraînement des forces ukrainiennes, dont une partie est constituée de recrues inexpérimentées. “Nous sommes en train de les former aux manœuvres dans différents endroits en Europe”, a indiqué Lloyd Austin, “ce qui pourrait permettre de réduire l’usage des munitions”.
Aucune annonce n’a été faite mardi sur l’envoi d’avions de combat, comme le réclame Kiev et le soutient Varsovie. Le président Biden a exclu cette possibilité par crainte d’une escalade avec Moscou. Mais, a précisé le secrétaire américain à la Défense, “les États-Unis n’ont jamais interdit à la Pologne de livrer quoi que ce soit. Ce n’est pas quelque chose que nous allons dicter”. La Pologne dispose d’une quarantaine de F-16 américains.