Russie: la jeune fille séparée de son père pour un dessin sur l'Ukraine a été confiée à sa mère
Une fille russe séparée de son père après avoir fait un dessin en soutien à l'Ukraine a été confiée à sa mère qu'elle n'avait pas vue depuis des années, nouvel épisode d'une histoire emblématique de la répression en Russie.
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- Publié le 06-04-2023 à 11h48
- Mis à jour le 06-04-2023 à 13h59
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Dénoncée par son école après avoir dessiné des missiles s'abattant sur une famille ukrainienne, Maria Moskaliova, âgée de 13 ans et surnommée Macha, avait été retirée à son père, qui l'élevait seul, et placée dans un foyer en mars.
Le père, Alexeï Moskaliov, a depuis été condamné à deux ans de prison et placé en détention. Une audience doit avoir lieu jeudi à Efremov, à 300 km au sud de Moscou, pour décider de restreindre ou non ses droits parentaux.
Mercredi soir, à la veille de cette audience cruciale, les autorités ont annoncé que la mère, Olga Sitchikhina, qui n'avait pas vu Macha depuis plusieurs années, avait soudain reparu et récupéré l'enfant.
"Olga a retiré Macha du centre de rééducation sociale où elle se trouvait à la demande de cette dernière", a affirmé mercredi soir la commissaire russe à l'enfance, Maria Lvova-Belova, sur Telegram.
"Espérons que tout ira bien pour la mère et la fille", a ajouté cette responsable russe, visée dans une autre affaire par un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale l'accusant d'avoir déporté des enfants ukrainiens en Russie.
"Elles ne vivaient pas ensemble depuis longtemps et communiquaient très peu. Au départ, Macha ne voulait pas voir sa mère", a déclaré Mme Lvova-Belova. "Mais elle a changé d'avis, elle me l'a dit elle-même au téléphone", a-t-elle ajouté.
"Demande ton papa"
Le cas de Macha et de son père a suscité une vive émotion en Russie, devenant emblématique de la répression contre ceux qui dénoncent l'offensive militaire lancée par le Kremlin contre l'Ukraine.
Une pétition en ligne lancée en Russie pour réclamer le retour de l'enfant chez son père a recueilli plus de 145.000 signatures, malgré le climat de peur.
Après avoir été séparé de sa fille, Alexeï Moskaliov a été accusé d'avoir "discrédité" l'armée en critiquant l'opération militaire en Ukraine sur les réseaux sociaux, et condamné fin mars à deux ans de prison.
Cet homme de 54 ans avait pris la fuite juste avant le verdict, alors qu'il était assigné à résidence. Mais il a été retrouvé et arrêté la semaine dernière au Bélarus, pays voisin et allié de la Russie.
S'il n'a pas reparu publiquement depuis, l'ONG russe OVD-Info a publié jeudi une brève lettre de M. Moskaliov adressée à sa fille, un document transmis à des activistes par l'avocat du père, Vladimir Bilienko.
"Machenka (diminutif affectueux de Maria), c'est ton père qui t'écrit. Je t'en prie, tiens bon, des gens cherchent en ce moment des moyens de t'aider", peut-on lire sur ce mot griffonné à la hâte.
"L'avocat te conseillera. Si on t'emmène au tribunal, demande ton papa. Demande-le au juge avec force", poursuit-il dans cette note non-datée et signée "ton papa".
La semaine dernière, une lettre émouvante de la fille exprimant son soutien à son père avait déjà été rendue publique.
"Je t'aime beaucoup, tu n'es coupable de rien, je serai toujours de ton côté", écrivait la jeune fille.
"Je suis sûre que tout ira bien et que nous serons de nouveau ensemble", poursuivait-elle. "Je sais que tu ne céderas pas, tu es fort, nous sommes forts".