Guerre en Ukraine: les "opérations offensives" se multiplient sur le front russo-ukrainien
Malgré le flou entretenu par Kiev, les signes qu’une contre-attaque d’importance se rapproche semblent se multiplier.
- Publié le 05-06-2023 à 22h20
L'Ukraine a affirmé lundi gagner du terrain aux abords de la ville ravagée de Bakhmout, dans l'est du pays, tout en relativisant l'ampleur des "actions offensives" menées ailleurs sur le front, la Russie affirmant au contraire repousser des attaques d'envergure.
Ces opérations ont lieu à un moment où les autorités ukrainiennes disent préparer depuis des mois une vaste contre-offensive destinée à obliger les troupes russes à se retirer des zones qu'elles occupent. "L'opération défensive (de l'Ukraine) comprend des actions contre-offensives. Par conséquent, dans certains secteurs, nous menons des actions offensives", a déclaré lundi la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Maliar, sans en dire davantage. Elle a aussi fait état, sans plus de précisions, de "combats mineurs" dans le Sud où les forces russes sont "sur la défensive".
Le ministère russe de la Défense a quant à lui affirmé avoir contré depuis la matinée du 4 juin des attaques sur cinq secteurs du front "dans la direction sud de la région de Donetsk", située dans l'Est. Il a affirmé que les soldats russes avaient infligé des pertes importantes aux forces ukrainiennes aux abords de la localité de Neskoutchné, dans la région de Donetsk, et de celle de Novodarivka, juste à la frontière entre cette même région et celle plus méridionale de Zaporijjia. De nouvelles "tentatives de percer les défenses russes" - toutes repoussées, selon Moscou - ont aussi lieu lundi après-midi près de la localité de Novodonetské, dans les environs de Vougledar, un point chaud récurrent du front dans le sud de la région de Donetsk.
Bakhmout "épicentre"
Selon Kiev, le secteur de Bakhmout, qui est le théâtre de la bataille la plus longue et la plus meurtrière du conflit et dont la Russie a revendiqué la prise en mai, reste "l'épicentre des hostilités". Mme Maliar affirme que les forces ukrainiennes avancent en périphérie de cette cité "sur un front assez large" : "Nous remportons des succès et occupons les hauteurs dominantes." Cette avancée ukrainienne a été confirmée par le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, selon lequel "une partie de la localité de Berkhivka est déjà perdue". Une "honte", a-t-il affirmé, s'en prenant une fois encore au général Guérassimov et au ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.
Si l’Ukraine garde le silence sur ses plans réels de contre-offensive, experts et militaires russes s’attendent à ce que Kiev multiplie les attaques sur les lignes ennemies pour y déceler des faiblesses, avant de lancer le gros des troupes. Ce fut le scénario du mois de septembre 2022 lorsque l’armée ukrainienne avait préparé en secret un assaut qui a abouti à la reconquête de la quasi-totalité de la région de Kharkiv, dans le nord-est.
Belgorod sous pression croissante
En outre, depuis deux semaines, les incursions et les bombardements se multiplient dans la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine, revendiqués par des combattants se présentant comme étant des Russes qui luttent aux côtés des Ukrainiens. Les frappes y ont fait plusieurs morts et des dizaines de blessés parmi les civils. Dans la dernière opération en date dimanche, l'un de ces groupes baptisé "Légion liberté de la Russie" a fait des prisonniers qui doivent être remis à Kiev.
C'est la première fois que des Russes sont capturés sur le territoire russe. Le gouverneur de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, a même, chose exceptionnelle, évoqué de possibles négociations. Le ministère russe de la Défense n'a quant à lui fait aucun commentaire, affirmant seulement avoir repoussé une nouvelle incursion dimanche. Les combats se sont concentrés ces derniers jours autour des localités de Novaïa Tavoljanka et Chebekino, près de la frontière, forçant des milliers de civils à fuir vers Belgorod, la capitale régionale. "Il n'est pas tant question" d'infliger des pertes aux forces russes que de "les faire courir" et d'influer sur leur moral mais aussi sur celui de la population russe, qui voit la guerre s'inviter dans son quotidien, juge l'analyste militaire Joseph Henrotin, rédacteur en chef de la revue spécialisée DSI. (D'après AFP)