Destruction du barrage Kakhovka: des mines et objets explosifs ont pu être charriés par les flots
Le barrage Kakhovka en Ukraine a été détruit dans la nuit de lundi à mardi, provoquant l'inquiétude des habitants des alentours. Des milliers d'entre eux doivent évacuer.
- Publié le 06-06-2023 à 21h42
- Mis à jour le 06-06-2023 à 20h46
"La plus grande catastrophe environnementale" sur le sol européen depuis des décennies : c'est ainsi que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié ce mardi la destruction du barrage de Nova Kakhovka, dans le sud du pays. Situé sur le fleuve Dniepr, en amont de la ville de Kherson, le barrage a été détruit dans la nuit de lundi à mardi, libérant d'importantes quantités d'eau et inondant plusieurs villes et villages en aval.
Selon Volodymyr Zelensky, la Russie aurait fait exploser les "structures internes de la centrale" à 2 h 50, heure locale, qualifiant la destruction du barrage "d'acte terroriste", et "d'écocide". Dans les heures qui ont suivi, les vidéos des inondations se sont multipliées sur les réseaux sociaux, montrant des habitations entières emportées par les flots, et les efforts d'évacuation entrepris par les autorités ukrainiennes et les civils dans les villes et villages impactés.
Inquiétude pour la centrale nucléaire de Zaporijia
Selon le procureur général Andrii Kostine, plus de 17 000 personnes seraient actuellement en cours d'évacuation, mais 40 000 seraient menacées par les inondations, dont 25 000 dans les territoires occupés par l'armée russe. "Les responsables et les commanditaires de ce crime doivent être traduits en justice", a-t-il ajouté sur Twitter. D'après les autorités ukrainiennes, la Russie continuerait de bombarder la région de Kherson, compliquant davantage le travail d'évacuation.
Située en amont de la capitale régionale de Kherson, la ville de Nova Kakhovka a été occupée par l'armée russe peu après le début de l'invasion. Dès le mois d'octobre 2022, le président ukrainien avait déclaré que la Russie se préparait à détruire les installations hydroélectriques de la ville, construites en 1956, ce qui, selon lui, provoquerait une "catastrophe de grande ampleur".
En sus des destructions occasionnées par les inondations, la rupture du barrage menace également la centrale nucléaire de Zaporijia, occupée par l'armée russe, et qui dépend du réservoir pour refroidir le combustible de ses réacteurs. L'opérateur nucléaire ukrainien Ukrgidroenergo a indiqué que le réservoir devrait rester opérationnel "durant les quatre prochains jours", mais que son niveau décroît rapidement. De son côté, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont les experts, présents sur le site, "surveillent de près la situation", a affirmé sur Twitter qu'il n'y avait "pas de danger nucléaire immédiat".
Dans les communes en aval du barrage, les autorités locales ont également averti que des mines et autres objets explosifs avaient pu être charriés par les flots.
L’Ukraine accuse la Russie d’avoir délibérément détruit la centrale hydroélectrique pour freiner la contre-offensive ukrainienne annoncée. En effet, la destruction du barrage survient après une série d’offensives menées au cours des deux derniers jours dans l’est du pays, qui auraient permis à l’armée ukrainienne de reprendre le contrôle de plusieurs villages le long de la ligne de front.
Les autorités russes ont initialement nié le sabotage du barrage, avant de rejeter la faute sur l'armée ukrainienne. Quant à la contre-offensive, la Russie affirme que celle-ci aurait commencé le dimanche 4 juin au matin. Les troupes ukrainiennes auraient été repoussées, essuyant de lourdes pertes, selon le Kremlin. Pour sa part, le gouverneur collaborationniste de l'oblast de Kherson, Vladimir Saldo, a assuré que les habitants de Nova Kakhovka "se déplaçaient sans problème" dans les rues de la ville, et que les entreprises et magasins continuaient d'opérer. Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, ce dernier apparaît pourtant vêtu d'un casque et d'un gilet pare-balles, et le centre-ville, visible en arrière-plan, semble intégralement inondé. "À Nova Kakhovka, et dans les villes situées en aval, la vie continue", a-t-il affirmé.