Guerre en Ukraine : la Russie affirme repousser des offensives ukrainiennes, des "élucubrations" pour le chef de Wagner

Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir tué "plus de 1.500 militaires ukrainiens" et détruit "28 chars".

In this grab taken from video released by Prigozhin Press Service on Monday, May 29, 2023, Yevgeny Prigozhin's Wagner Group military company speaks to camera at a champagne warehouse in Bakhmut, Ukraine. Wagner head Yevgeny Prigozhin posted a video Monday showing him walking through a champagne warehouse and claiming that he is handing over the Bakhmut factory of sparkling wines to the Russian military. (Prigozhin Press Service via AP)
Le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a qualifié mardi d'"élucubrations" les bilans des pertes ukrainiennes revendiqués par Moscou, ©PRIGOZHIN PRESS SERVICE

Le chef du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine a qualifié mardi d'"élucubrations" les bilans des pertes ukrainiennes revendiqués par Moscou, qui affirme avoir repoussé deux offensives majeures en deux jours. "Il ne s'agit que d'élucubrations", a déclaré M. Prigojine dans un message sur Telegram.

Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir repoussé deux offensives de grande envergure ukrainiennes dimanche et lundi dans le sud du Donbass, et avoir tué "plus de 1.500 militaires ukrainiens" et détruit "28 chars".

Le gouvernement ukrainien, tout en revendiquant des gains territoriaux près de la ville ravagée de Bakhmout, dans l'est du pays, a relativisé l'ampleur de ses "actions offensives" et n'a fourni aucun bilan.

Tuer 1.500 soldats en une journée est "un sacré massacre", a ironisé le patron de Wagner en se moquant du porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov. "En fait, pourquoi ne pas additionner tous les chiffres donnés par Konachenkov. Je pense que nous avons déjà détruit l'ensemble de la planète Terre à cinq reprises", a-t-il raillé.

Evguéni Prigojine est coutumier des déclarations fracassantes contre l'état-major russe, qu'il accuse notamment de ne pas fournir assez de munitions aux hommes de Wagner, qui ont été en première ligne dans les combats autour de Bakhmout.

L'impossible décompte du bilan des civils tués en Ukraine

Compter les morts est un exercice difficile, alors que 20% du pays environ est occupé. Selon un bilan à jour publié par les autorités ukrainiennes, au moins 10.368 civils ont été tués et 14.404 blessés depuis le début de l'invasion russe en février 2022.

Mais "ce sont uniquement les personnes connues", explique Oleg Gavrych, conseiller principal du chef du cabinet du président Volodymyr Zelensky. "Nous estimons que le plus probable est que ce nombre est cinq fois plus élevé. Donc autour de 50.000" victimes, précise-t-il.

Les données sont peu ou prou conformes à celles avancées par l'ONU, qui décomptait 8.709 tués et 14.666 blessés à la fin avril tout en notant que le bilan réel était sans doute "considérablement plus élevé".

Mais l'un des principaux obstacles pour le décompte des victimes est l'absence quasi-totale d'informations dans les zones occupées par la Russie, comme à Marioupol, où des dizaines de milliers de civils auraient trouvé la mort selon les autorités ukrainiennes lors du siège dévastateur au printemps 2022.

Selon des experts, même si les Ukrainiens parvenaient à reconquérir les territoires occupés, retrouver et compter les victimes risque d'être une tâche difficile, les Russes ayant pu cacher corps et preuves. "Ils ont intérêt à cacher leurs crimes", observe ainsi Philip Verwimp, un expert en démographie dans les zones de conflit.

En outre, dans des zones ravagées par les combats, comme par exemple Bakhmout dans l'Est, il est souvent difficile d'établir qui a disparu, qui est mort et qui a fui. Etablir un bilan complet pourrait donc prendre des années, comme l'a montré le conflit en Bosnie-Herzégovine dans les années 1990.

Une base de données publiée en 2007 a ainsi rassemblé les noms de près de 97.000 morts en Bosnie, un bilan deux fois moins élevé que le décompte utilisé jusque-là.

Selon M. Verwimp, qui a participé à l'évaluation des données de ce "Livre des morts de Bosnie", il est crucial d'obtenir des données vérifiables. Selon lui, "les Ukrainiens sont très rapides pour faire ça: dès qu'ils reprennent des villages, ils envoient des enquêteurs pour documenter les crimes de guerre russes", exhumer des corps et interroger les témoins.

Pour Jakub Bijak, un universitaire qui a travaillé avec l'ONU afin d'établir la liste des victimes de la guerre en Bosnie, le décompte précis des victimes est important pour le deuil des familles. Mais "c'est politiquement (important aussi) d'établir le niveau des pertes qu'un pays a subi durant une guerre", ajoute-t-il.

Dès lors, depuis le début de l'invasion russe, les autorités ukrainiennes s'efforcent d'enregistrer tous les crimes de guerre russes présumés (meurtres de civils, agressions sexuelles, destructions d'habitations et de sites culturels...). Elles tombent par contre dans le mutisme lorsqu'il s'agit d'évoquer le bilan de ses militaires tués.

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