"C'est un désastre" : l'Ukraine demande à l'Europe de lui fournir davantage d'électricité
La destruction du barrage menace aussi l'approvisionnement en eau potable de villes comme Dnipro ou Nikolaïev.
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- Publié le 08-06-2023 à 18h58
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L'Ukraine demande à l'Europe d'"augmenter" sensiblement ses livraisons d'électricité après les attaques russes "contre les infrastructures énergétiques du pays" et la destruction du barrage de Kakhovka qui a provoqué des inondations massives, a déclaré le ministre ukrainien de l'Energie Guerman Galouchtchenko jeudi dans un entretien à l'AFP.
"Nous demandons à l'Europe d'augmenter" le plafond d'importation d'électricité pour le porter à 2 gigawatts au lieu d'un gigawatt actuellement, a-t-il dit, assurant par ailleurs que la centrale nucléaire de Zaporijjia ne présentait "pas de risque imminent à ce stade" mais exigeait d'être "surveillée".
Sur les 600 kilomètres carrés touchés par l'inondation qui a suivi la destruction du barrage de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine, "jusqu'à 80 localités pourront être détruites", "20.000 foyers sont sans électricité", et "au moins 10.000 hectares de terres agricoles" endommagés, a énuméré le ministre en citant des "chiffres préliminaires".
Celui-ci s'exprimait en marge d'une réunion à Versailles de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) consacrée aux politiques énergétiques dans le monde.
La destruction du barrage menace aussi l'approvisionnement en eau potable de villes comme Dnipro ou Nikolaïev, a-t-il ajouté, "c'est un désastre".
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, "50% de nos infrastructures énergétiques ont subi des attaques", a poursuivi le ministre, les Russes utilisant selon lui "toutes sortes d'armes pour attaquer" ces infrastructures.
Le plafond actuel d'importation d'électricité européenne en Ukraine est de "1.050 megawatts", a-t-il expliqué. Or les infrastructures d'interconnexion existantes "nous permettent d'importer jusqu'à 2 gigawatts d'électricité" en vue de l'hiver prochain.
"Jusqu'à présent, l'Ukraine couvre 100% de ses besoins" en produisant elle-même son électricité, mais "nous avons demandé à l'Europe d'augmenter" le plafond des livraisons, a-t-il ajouté.
Interrogé sur la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d'Ukraine et d'Europe, le ministre a confirmé que le niveau d'eau de son bassin de refroidissement dépendait de celui de la retenue d'eau du barrage de Kakhovka.
"Nous ne voyons pas de risque imminent à ce stade" mais "nous devons surveiller la situation". Actuellement le bassin de refroidissement présente une hauteur de "16,6 mètres", a-t-il précisé. Or "le niveau critique se situe à 12,7 mètres" pour pouvoir alimenter les circuits de refroidissement de la centrale.
"Un risque existe, mais pas maintenant", a-t-il expliqué, évoquant les températures estivales et l'évaporation.
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi est attendu en Ukraine "la semaine prochaine", a-t-il dit, en précisant que ce dernier se rendrait "personnellement" à Zaporijjia.
La centrale de Zaporijjia, dont les six réacteurs sont à l'arrêt depuis plusieurs mois, se trouve au coeur du conflit russo-ukrainien. Elle a été visée à plusieurs reprises par des tirs et a été coupée du réseau électrique sept fois depuis sa prise par l'armée russe le 4 mars 2022.