Prigojine victime d'un crash d'avion: “Logique qu’il s’agirait d’un règlement de compte”
La professeure de l’Université de Mons Anne Godart a commenté le crash de l’avion de Wagner.
- Publié le 23-08-2023 à 20h36
- Mis à jour le 24-08-2023 à 08h16
Ce mercredi en fin d’après-midi, un avion privé à bord duquel voyageaient dix personnes s’est écrasé dans la région de Tver alors qu’il reliait Moscou à Saint-Pétersbourg. Aucun membre de l’équipage n’a survécu au crash.
Parmi eux se trouvait Evguéni Prigojine, le chef du groupe paramilitaire russe Wagner qui était à l’origine d’une rébellion avortée contre le Kremlin en juin.
Si la milice Wagner a d'abord démenti l’information selon laquelle leur chef se trouvait à bord de cet avion, elle a ensuite officialisé le décès plus tard dans la soirée sur Telegram.
Anne Godart, professeure à l’Université de Mons, qui connait la Russie sur le bout des doigts, était l’invitée de LN24 ce mercredi soir pour réagir à la (possible) mort de Prigojine.
”Je peux vous dire que cela chauffe sur les réseaux et chez les différentes sources d’informations dont nous disposons. On évoque différentes raisons. Tout d’abord, cela pourrait être un attentat. Cela pourrait également être l’action d’un drone de la défense anti-aérienne russe”, estime Anne Godart.
Avant de poursuivre : “Il faut souligner que cette date est particulière. Nous sommes pile poil à deux mois de la mutinerie avortée. Au moment où cela se passe, Poutine est en train de parler à la télévision pour célébrer le 80ème anniversaire de la plus grande bataille de chars. Et demain, c'est le jour de la fête nationale ukrainienne. C’est bizarre. J’attends, comme tout le monde, des preuves. S'il est établi que cet avion comptait bien Evguéni Prigojine et toute la crème de son état major, alors c’est la fête en Russie. Ce serait un carton. Je l'attribuerais en premier lieu à l'armée russe elle-même. Je voudrais rappeler que Wagner, malgré tous ses discours, est détesté par l’état-major des forces régulières russe.”
”Je n’avais pas pensé à un défaut technique d’un avion”
Après la mutinerie avortée de Wagner, Anne Godart s’attendait à des représailles. “Il y a deux mois, je disais que Prigojine devait se méfier du thé au polonium et qu'il ne devait pas se retrouver trop près d’une fenêtre mais je n’avais pas pensé à un défaut technique d’un avion. Pourquoi pas. Cela me semble correspondre aux manières de la Russie. Il ne faut rien exclure. Une enquête est menée par le gouverneur de la province de Tver”, poursuit-elle, elle qui ne serait pas étonnée qu’il s’agirait d’une vengeance russe. “Les traitres sont punis à courts termes. C'était un traitre. La mutinerie ressemblait à un coup d’État. Cela ne pouvait pas passer. Je trouverais ça logique qu’il s’agirait d’un règlement de compte au sein de l’armée russe ou entre milices concurrentes. Il y a un tas de possibilités. Avant d'en savoir plus, il faut attendre d’avoir la composition du deuxième avion qui suivait le premier avion. Celui-ci a fait demi-tour”.
Anne Godart met toutefois en garde qu’il pourrait s’agir d’une mise en scène de Wagner : “Wagner, ce sont les spécialistes des fake news. Je n'exclus rien car il (Prigojine) aurait pu mettre en scène sa propre disparition. Les usines à trolls, c'est sans aucun doute sa marque de fabrique".