Igor Guirkine, nationaliste et célèbre opposant de Poutine, est maintenu en détention: "Il y a une volonté de le retirer du champ informationnel"
Un tribunal de Moscou a rejeté mardi l'appel d'Igor Guirkine, influent nationaliste devenu opposant au pouvoir et désormais accusé d'"extrémisme", qui demandait à être libéré de sa détention provisoire.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/2e68826a-3c49-4732-bb98-9f8506e1e337.png)
- Publié le 29-08-2023 à 16h33
- Mis à jour le 29-08-2023 à 16h35
:focal(2459x1645:2469x1635)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DX77BF2XFVE7FBAMIDQU7K7KIQ.jpg)
Ce blogueur âgé de 52 ans, plus connu sous le pseudonyme de "Strelkov" (le tireur, en russe), a été arrêté en juillet après des messages virulents critiquant Vladimir Poutine, suite à la rébellion avortée de Wagner.
Un tribunal moscovite a décidé mardi de le maintenir en détention provisoire au moins jusqu'au 18 septembre, dans l'attente de son procès, selon une journaliste de l'AFP présente à l'audience.
Ce vétéran de plusieurs conflits, accusé d'avoir lancé sur internet des "appels publics à mener des activités extrémistes", encourt jusqu'à cinq ans de prison.
Son avocat Gadji Aliev a dénoncé auprès des journalistes une décision "illégale et infondée", réclamant que son client soit "placé dans des conditions de détention plus dignes".
"La décision du tribunal est injuste", a dénoncé la femme de M. Guirkine, Miroslava Reguinskaïa, estimant que le tribunal n'avait "pas écouté" les arguments de son mari, qui a mis en avant ses problèmes de santé.
Son interpellation s'inscrit dans un début de répression du pouvoir au sein des milieux nationalistes russes. Elle a précédé d'un mois la mort dans un crash d'avion d'une autre figure nationaliste, le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, pour laquelle les Occidentaux et l'Ukraine soupçonnent le Kremlin.
M. Guirkine, ancien commandant des séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine et que Kiev accuse d'être un ex-agent du renseignement russe, est un critique virulent, comme l'était M. Prigojine, du haut commandement militaire russe, qu'il accuse d'incompétence.
Dans l'un de ses derniers messages sur Telegram, il s'en était pris directement à Vladimir Poutine, un "minable" et un "lâche" dont la Russie ne supporterait pas "six années de plus au pouvoir".
Mardi lors de l'audience, une cinquantaine de ses partisans se sont rassemblés près du tribunal, tandis que d'autres portaient des icônes orthodoxes et récitaient des prières dans une chapelle à proximité, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'un de ses proches, Pavel Goubarev, autre ex-séparatiste, a expliqué à l'AFP qu'Igor Guirkine espérait être assigné à résidence plutôt que maintenu en détention car il souffrait d'une angine de poitrine.
"Il y a une volonté de le retirer du champ informationnel", a-t-il estimé, soulignant que M. Guirkine "écrivait la vérité" sur les difficultés de l'armée russe en Ukraine, ce qui "irritait" le pouvoir.
Sous sanctions occidentales, Igor Guirkine a été condamné aux Pays-Bas à la prison à perpétuité par contumace pour son rôle dans la destruction au-dessus de l'Ukraine de l'avion du vol MH17 de la Malaysia Airlines en 2014, qui a fait 298 morts.