Guerre en Ukraine : le jour où Elon Musk a perturbé une contre-offensive ukrainienne pour éviter un “mini Pearl Harbor” russe
CNN révèle que l’an dernier, le milliardaire Elon Musk a ordonné la désactivation de son réseau Starlink près de la Crimée afin d’éviter un “mini Pearl Harbor” à la Russie. Ces informations proviennent de la biographie du patron de X, à paraître ce 12 septembre.
- Publié le 07-09-2023 à 16h15
- Mis à jour le 08-09-2023 à 14h23
La biographie d’Elon Musk est sur le point de sortir aux États-Unis (ce 12 septembre, chez Simon&Schuster), et certains passages commencent déjà à fuiter, confirmant l’ambivalence du milliardaire concernant le conflit en Ukraine.
Ce jeudi, CNN, qui a un accès privilégié à l’auteur de l’ouvrage Walter Isaacson (ce dernier en a été le PDG), révèle qu’Elon Musk a, l’an dernier, “secrètement ordonné à ses ingénieurs de désactiver le réseau de communication par satellite Starlink de son entreprise près de la côte de Crimée […] afin de perturber une attaque sournoise ukrainienne contre la flotte navale russe”.
Drones explosifs
À l’époque (début septembre 2022), l’armée ukrainienne était très active sur le front est (oblast de Kharkiv), lançant une contre-offensive qui lui a permis de reprendre à la Russie au moins 6000 km2. Jusqu’à fin octobre, les forces ukrainiennes n’ont cessé de progresser, reprenant diverses villes et localités, avant que l’hiver ne mette progressivement fin à l’opération.
Ce que l’on savait moins, c’est que l’armée ukrainienne préparait une attaque d’ampleur du côté de la Crimée, occupée depuis 2014 par la Russie qui utilise ce territoire comme base arrière réputée imprenable. Certes, il y avait des indices ; le 8 octobre 2022, le pont de Kertch, qui relie la péninsule au territoire russe, subissait une attaque spectaculaire, possiblement victime… d’un drone naval semi-submersible.
C’est dans ce contexte que l’Ukraine aurait lancé son attaque contre la flotte navale russe au large de la Crimée. Mais, “alors que les drones sous-marins ukrainiens chargés d’explosifs s’approchaient de la flotte russe, ils ‘ont perdu la connectivité et se sont échoués sans danger’” (NDLR : du fait de la désactivation de Starlink), selon le récit de Walter Isaacson tel que rapporté par CNN.
En agissant ainsi, le milliardaire, qui se serait entretenu avec des hauts responsables russes, a voulu éviter un “mini Pearl Harbor” russe et écarter une éventuelle réplique nucléaire contre l’Ukraine, d’après Isaacson.
L’ambigu M. Musk
Si l’utilisation de Starlink en Ukraine a repris du poil de la bête en juin dernier suite à un accord entre l’entreprise et le Pentagone, Elon Musk n’a jamais caché qu’une utilisation militaire offensive de “son” outil le mettait mal à l’aise. Il n’en a pas toujours été ainsi : quelques jours après le début de l’invasion, Musk avait répondu favorablement à une demande du ministre ukrainien du numérique, Mikhailo Feodorov, qui lui avait demandé de l’aide en matière de télécommunications. Juste à temps pour s’offrir un énorme coup de com’: dès le début du mois de mars, Starlink était – selon Musk – rien moins que “le seul système de communication non russe qui fonctionne encore dans certaines parties de l’Ukraine”. La belle histoire entre le pays agressé et le milliardaire avait continué, ce dernier allant jusqu’à défier Poutine en combat singulier.
Puis le vent a fini par tourner, quand, au printemps 2022, Elon Musk a déploré le coût de cette aide gracieuse, ordonnant par la suite (à l’automne) des coupures du réseau Starlink en pleine contre-offensive ukrainienne. À la même époque, le milliardaire proposait un “plan de paix” faisant la part belle aux exigences du Kremlin. Soit un nouveau vote dans les régions annexées, la reconnaissance par l’Ukraine que “la Crimée fait officiellement partie de la Russie ou encore des garanties de” neutralité de l’Ukraine” – comprendre, que le pays n’intègre ni l’OTAN, ni l’UE.