”Il luttait contre un grand mal” : un soldat britannique condamné à la prison pour avoir déserté son unité et rejoint le front ukrainien
Un colonel ukrainien lutte actuellement pour la libération du soldat britannique.
- Publié le 11-09-2023 à 16h25
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Alexander Garms-Rizzi, soldat britannique de 21 ans, a été condamné en juillet à 12 mois de prison après avoir déserté son unité.
La raison de son départ ? Le soldat a rejoint la légion étrangère de l’Ukraine pour se battre à leurs côtés. Il a ainsi passé six mois en première ligne près de la ville du sud de Mykolaiv pour soutenir les rangs ukrainiens.
Bien qu’il ait déserté son unité en faisant fi de l’ordre de ne pas se mêler aux combats en Ukraine, beaucoup jugent son emprisonnement injuste. C’est le cas de Roman Kostenko, homme politique ukrainien et colonel des forces spéciales, qui a décidé d’écrire au président ukrainien pour lui demander de négocier la libération du soldat britannique.
”Il est arrivé peu de temps après l’invasion à grande échelle. Même s’il était jeune, c’était un soldat accompli”, a-t-il écrit à Volodymyr Zelensky, comme on peut l’apprendre dans le journal The Guardian. Le soldat britannique était un atout de taille pour la légion : “Il parlait couramment russe et servait de traducteur. Il partageait son expérience militaire avec nous, y compris sur l’utilisation d’armes étrangères. L’unité à laquelle il a adhéré a vaillamment et professionnellement exécuté des missions de combat dans le sud de l’Ukraine aux côtés des défenseurs ukrainiens.”
”C’était un moment difficile”
Alexander Garms-Rizzi, bien que du côté des Ukrainiens, a une mère de nationalité russe. Il a lui-même vécu en Russie jusqu’à ses 12 ans. Mais le soldat britannique a choisi volontairement de défendre l’Ukraine.” Il considérait qu’il luttait contre un grand mal. Nous avons eu de nombreuses conversations à ce sujet. C’était un moment difficile, tôt dans la guerre. Il a passé deux mois avec nous”, explique Roman Kostenko. Le colonel des forces spéciales a une grande admiration pour le jeune soldat britannique : “J’ai eu l’occasion de le rencontrer personnellement sur le champ de bataille et de voir comment il défendait nos terres de manière désintéressée et courageuse.”
C’est pourquoi Roman Kostenko a écrit au président ukrainien “pour demander la possibilité d’une grâce”. Il a aussi eu l’occasion de rencontrer Boris Johnson vendredi 8 septembre alors qu’il se rendait à Kiev pour une conférence internationale. Roman Kostenko a ainsi déposé une motion au Parlement ukrainien pour pousser Volodymyr Zelensky à agir.
Une mise en danger du Royaume-Uni ?
Bien que l’Ukraine considère que son choix “était bon du point de vue de l’humanité”, comme le dit Roman Kostenko, le Royaume-Uni n’approuve pas. “L’ordre de ne pas se rendre en Ukraine ne pouvait pas être plus clair. L’ordre était là pour protéger les forces britanniques et l’État contre toute implication dans le conflit”, a expliqué Darren Reed, le juge-avocat général, au Guardian.
Le juge a déclaré que les actions du soldat étaient “délibérées et préméditées”. “Vous êtes clairement un jeune homme intelligent et réfléchi. Vous n’avez pas cherché à dissimuler ce que vous aviez fait”, lui a-t-il dit lors du procès qui s’est joué en juillet, peu après son arrestation à Douvres.
De son côté, le soldat britannique a défendu son choix : “Ma mère est russe. Si je retourne en Russie, je serai condamné au goulag. Je ne peux voir personne en Russie. Je suis parti parce que mes amis étaient tués. J’ai des amis ukrainiens de l’école que j’ai rencontrés en Russie. Je pense avoir fait la bonne chose.”
”Ceux qui servent n’ont pas le choix quant aux ordres légitimes qu’ils doivent suivre”, a conclu le juge.