Le mystérieux Pavel Prigojine pourrait-il succéder à son père à la tête de la milice Wagner ? "Ce qui est en train de se passer est étonnant"
Evguéni Prigojine a toujours pris soin de protéger son fils, entretenant un certain flou autour de son existence. Son nom circule toutefois depuis plusieurs semaines au sein de la milice Wagner. Certains aimeraient le voir reprendre les rênes du groupe paramilitaire russe.
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- Publié le 19-09-2023 à 13h30
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Près d'un mois après la mort d'Evguéni Prigojine, la lutte pour sa succession à la tête du groupe paramilitaire Wagner vire à une véritable "guerre dans l'ombre" en Russie. D'un côté, les différents services secrets russes se battent pour savoir qui décrochera la plus grande part du gâteau que représente l'héritage de l'ancien "cuisinier de Poutine". De l'autre, des membres de la milice tentent par tous les moyens de conserver une certaine indépendance, si chère à leur ex-leader.
Les deux camps avancent donc leur candidat pour reprendre les commandes de Wagner. "Un nom revient de plus en plus souvent ces dernières semaines, celui du fils de l'ancien chef de la milice, Pavel Prigojine", précise Kris Quanten, professeur d’histoire militaire à l’Ecole royale militaire (ERM). L'homme d'une vingtaine d'années serait le candidat idéal pour les soldats du groupe Wagner, désireux de ne pas se retrouver sous la coupe du Kremlin.
"Vladimir Poutine veut reprendre le contrôle de Wagner"
Mais c'est précisément ce qui rend l'accession de Pavel Prigojine à la tête de l'empire construit par son père peu probable. "Vladimir Poutine veut reprendre le contrôle sur toutes les activités du groupe Wagner", explique l'expert en histoire militaire. "La personne qui succédera à Evguéni Prigojine devra donc lui être entièrement dévouée. C'est la condition sine qua non."
Mais vu les rumeurs concernant l'implication du président russe dans la mort de son père, il n'est pas certain que Pavel Prigojine envisage de prêter allégeance au Kremlin. M. Quanten n'écarte toutefois pas ce scénario: "En Russie, tout est possible. Plus rien ne m'étonne. C'est presque un roman de Pouchkine qu'on est en train de vivre, avec des retournements de situation auxquels on ne s'attendait pas du tout."
Pavel Prigojine, un homme de l'ombre
Mais que sait-on finalement de Pavel Prigojine ? "Personnellement, auparavant, je n'en avais jamais entendu parler", confie le professeur d'histoire militaire. "Ce n'est que maintenant que les mercenaires le citent pour reprendre le leadership que son nom circule. Ce qui est en train de se passer est étonnant."
De son vivant, l'impitoyable chef de Wagner avait pris soin d'entretenir le mystère autour de l'existence de son fils. "Il a toujours vécu dans l'ombre", poursuit-il. "Prigojine l'a énormément protégé." Selon le ministère français de l'Economie, Pavel Prigojine est né en 1996. "Il est associé à plusieurs sociétés précédemment détenues par sa mère, Lioubov Prigojina", peut-on lire sur le site du ministère, qui répertorie les personnes visées par des sanctions européennes suite à l'invasion russe en Ukraine. "Pavel Prigojine est associé à la société JSC Businessprof, qui possède le Sinop Business Center à Saint-Pétersbourg. Il est donc associé à des femmes et hommes d’affaires influents ou à des personnes morales, des entités ou des organismes intervenant dans des secteurs économiques constituant une source substantielle de revenus pour le gouvernement de la Fédération de Russie, qui est responsable de l’annexion de la Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine."
L'ancien chef de Wagner a tout de même mentionné l'une ou l'autre fois son fils, notamment pour vanter ses mérites sur le champ de bataille. En effet, Pavel Prigojine a servi le groupe Wagner en Syrie. "C'est probablement là qu'il s'est fait un nom auprès des miliciens", postule Kris Quanten. "Ce n'est pas un hasard si les mercenaires se réfèrent à lui maintenant..."
Plus récemment, Pavel Prigojine avait publiquement affirmé qu'il prenait part à l'opération militaire en Ukraine. Il aurait "servi dans une unité du groupe Wagner dans la région du Donbass", selon le ministère français de l'Economie. Ce qui lui a valu d'être frappé par les sanctions adoptées par l'Union européenne en réponse à l'invasion russe en Ukraine.