Elle pouvait bien durer plus d’une minute cette poignée de main entre Xi Jinping et Ma Ying-jeou, samedi, à Singapour. Beaucoup, en Chine et à Taiwan, l’attendaient depuis des décennies. Elle exigea deux ans de négociations, bien que sa portée fût essentiellement symbolique. Et la présence de centaines de journalistes à l’hôtel Shangri La (du nom du mythique paradis himalayen, cela ne s’invente pas), où a eu lieu la rencontre, suffit à en situer l’importance historique.
Il n’y avait ni drapeaux ni titres et qualités. Les deux hommes se sont mutuellement appelés “Monsieur”. Ils étaient respectivement présentés comme “le dirigeant de la partie continentale” et “le dirigeant de la partie taïwanaise”. Mais personne n’était dupe pour autant: c’était bien le président de la Chine continentale qui rencontrait, pour la toute première fois, le président de Taiwan. Ou, si l’on préfère les dénominations officielles, c’était bien un tête à tête sans précédent entre le président de la République populaire de Chine (fondée par Mao en 1949) et son homologue de la “République de Chine à Taiwan” (héritière de la République de Chine de Sun Yat-sen et Chiang Kai-shek).
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