Israël, ce laboratoire grandeur nature du vaccin de Pfizer
Malgré la présence du variant britannique, les résultats sont encourageants.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/3db27521-05f2-4d07-b3b8-02602abf6d9b.png)
Publié le 22-01-2021 à 21h40 - Mis à jour le 22-01-2021 à 21h41
:focal(2495x1773:2505x1763)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/PO72S7TYFZAS5DQ3JKWNLY7JRA.jpg)
Près de 2,46 millions d’Israéliens ont déjà reçu leur première dose de vaccin et environ 900 000 ont obtenu la seconde : Israël continue la course en tête des vaccinations contre le Covid-19, loin devant les Émirats arabes unis, les Seychelles, Bahreïn, le Royaume-Uni et les États-Unis.
Près d’un tiers de la population israélienne a désormais accédé au processus de vaccination et environ 78 % de sa population âgée de plus de 60 ans, la plus à risque, a reçu au moins une dose. Quarante pour cent des personnes âgées entre 60 et 100 ans sont désormais totalement protégées, selon le tableau de bord du ministère israélien de la Santé.
Les premiers assujettis aux caisses d’assurance maladie âgés de plus de 40 ans reçoivent ces jours-ci des invitations à se rendre dans un centre de vaccination.
Les résultats sont encourageants. Depuis quelques jours, le nombre de contaminations diminue et le taux de reproduction (R) du virus est passé en dessous de 1, pour la première fois depuis octobre.
Selon le quotidien Haaretz, ces résultats sont la combinaison du programme de vaccination lancé le 19 décembre et d’un troisième confinement, très restrictif, qui impose aux habitants de ne pas circuler à plus d’un kilomètre de leur domicile.
Ce confinement, décrété fin décembre, a été prolongé jusqu’au 31 janvier en raison de la virulence de la pandémie, qui, le 19 janvier encore, enregistrait 10 000 contaminations en une seule journée. "Un effort ultime est nécessaire", a souligné cette semaine le Premier ministre Benjamin Netanyahu, en campagne pour les élections législatives prévues le 23 mars.
Entre 30 et 40 % des nouvelles infections sont dues au variant britannique, très transmissible, selon le responsable de la lutte contre le virus Nachman Ash.
La virulence de la pandémie s’explique aussi par le refus d’une partie des ultra-orthodoxes de se faire vacciner. Cette communauté, où les morts du coronavirus sont six fois plus nombreux que dans la population en général, croit être protégée par la providence divine et une sorte d’immunité collective qui leur appartiendrait.
Un échange de bons services
L’évolution de l’épidémie en Israël est suivie de près par les observateurs étrangers mais aussi par la firme Pfizer, pour qui ce pays de 9 millions d’habitants est un laboratoire à grande échelle d’un vaccin approuvé en un temps record.
Israël s’est approvisionné en vaccins auprès des laboratoires Pfizer-BioNTech et Moderna. Avec Pfizer, il a conclu un contrat, partiellement rendu public, où il met à disposition de la firme américaine ses données épidémiologiques en temps réel. Le document indique entre les lignes que l’échange des données a lieu en fonction de la vitesse de livraison des vaccins par Pfizer. Des clauses de confidentialité existent.
L’"atout unique" d’Israël est d’avoir numérisé de nombreuses informations médicales, reconnaît Tehilla Shwartz Altshuler, spécialiste de la protection des données à l’Institut démocratique d’Israël. Elle critique le gouvernement : "L’information sur notre santé vaut beaucoup d’argent. Cela n’implique pas qu’elle appartienne à quelqu’un qui peut en faire commerce sans que nous le sachions."
L’un des enseignements de la campagne actuelle est que le niveau de protection n’est pas atteint lors de la première dose. Plusieurs patients sont décédés après injection de celle-ci. Le constat rejoint les recherches faites par Pfizer - une protection de 52 % à la première dose, qui atteint 95 % sept jours après la seconde dose. Selon la firme Moderna, qui opère aussi en deux doses, la protection s’accélère particulièrement entre le 15e et le 21e jour après la première dose. La protection passe alors à 89 % environ.