Netanyahou remporte une victoire politique, mais risque de se faire dépasser
Publié le 14-05-2021 à 20h34 - Mis à jour le 14-05-2021 à 22h10
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Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’armée israélienne informe les médias internationaux d’une offensive terrestre dans la bande de Gaza. Le message confirme les rumeurs : pendant la soirée, des centaines de personnes avaient quitté les quartiers nord pour se réfugier dans l’intérieur du territoire surpeuplé, affaibli, et où la pandémie du Covid-19 n’a pas encore été enrayée.
Deux heures plus tard, une rétractation cause la confusion. L’offensive n’a pas eu lieu. Faute de frappe ? Coup de com’ ? En Israël, les analystes parlent même de manipulation pour envoyer les militants du Hamas se cacher dans leur réseau de tunnels, par la suite pilonnés par les forces israéliennes.
Le gouvernement d’intérim de Benjamin Netanyahou est pris sur deux flancs : la confrontation avec le Hamas, qui a fait plus de 100 morts à Gaza, dont 40 pour cent de femmes et d’enfants, et sept morts en Israël, et des conflits intercommunautaires violents. Cette situation intenable a peut-être mené à cette intervention intense, pour finir le conflit au plus vite.

Bennett plombe le futur exécutif
Netanyahou peut déjà se targuer d’une victoire, politique celle-ci. Jeudi, Naftali Bennett, chef du groupe d’extrême droite Yamina, a annoncé qu’il ne rejoindrait finalement pas le centriste Yaïr Lapid pour former une grande "coalition du changement" et sortir Netanyahou. Il dit ne pas pouvoir s’allier avec le parti islamiste de Ra’am, au vu des circonstances.
Dans les rues arabes d’Israël, un refrain passe en boucle : l’engrenage qui a mené à la guerre, "c’est Bibi". Thabet Abu Rass, directeur de l’association de coexistence Abraham Initiatives, et proche des parlementaires de la Liste Arabe Unifiée, n’a aucun doute : "il suffit de voir à qui profite le crime". Sans Bennett, Yaïr Lapid n’a aucune chance de former un gouvernement. On peut s’attendre à un retour à la case départ - alors que le statu quo ne fait qu’enflammer les tensions.
En attendant, le conflit se déplace. Les Palestiniens ont déclaré vendredi une "journée de la colère", un appel général à manifester. Il y a eu de multiples confrontations, menant à la mort d’au moins sept Palestiniens en Cisjordanie.
Le conflit s’étend
Jeudi soir, trois roquettes ont été tirées depuis le Liban, un développement rare, attribué par des sources sécuritaires à des milices palestiniennes plutôt qu’au Hezbollah.
Vendredi, des manifestants se sont aussi approchés de la frontière entre Israël et le Liban mais aussi entre Israël et la Jordanie. Selon des témoins, des soldats israéliens auraient tué un Libanais, et échangé des tirs avec des soldats jordaniens.
L’escalade n’est peut-être pas terminée.