Pour les États-Unis, la fin d’une guerre "impossible à gagner" en Afghanistan
Les Américains auront quitté l’Afghanistan pour le 31 août.
- Publié le 09-07-2021 à 19h39
- Mis à jour le 09-07-2021 à 20h24
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Le président des États-Unis, Joe Biden, lors d’une allocution organisée à la Maison-Blanche ce jeudi, a promis que "la plus longue guerre de l’histoire des États-Unis", entamée en 2001, prendrait fin avec un retrait définitif des troupes le 31 août prochain, et ce même si, a-t-il déploré, il n’y a pas lieu de déclarer "mission accomplie". "J’ai (toutefois) jugé qu’il n’était pas dans l’intérêt national des États-Unis de continuer cette guerre de manière indéfinie", a-t-il notamment insisté.
Ces derniers jours, l’administration Biden a cherché à faire passer le message que le Président avait pris sa décision après avoir conclu que le conflit afghan était une "guerre impossible à gagner" et qu’il n’y a pas de "solution militaire toute faite".
Bien avant de devenir le 46e président des États-Unis, Joe Biden s’était rendu à de nombreuses reprises en Afghanistan. Il avait régulièrement fait part de sa crainte que ce conflit s’enlise et répété son opposition à une présence trop prolongée des troupes américaines sur place. "Les objectifs réalisables ont été atteints il y a longtemps déjà", avait-il même déclaré.
Cette semaine, les troupes américaines ont abandonné la base aérienne de Bagram, située trente kilomètres au nord de la capitale Kaboul. Cette base constituait l’épicentre du conflit lorsque, après les attentats du 11 septembre 2001, les troupes américaines eurent cherché à chasser du pouvoir les talibans qui protégeaient certains membres d’Al Qaïda recherchés par les Américains. L’essentiel des troupes américaines restantes est désormais concentré sur Kaboul.
Avancée talibane vers la capitale
Après que le retrait des troupes américaines a été annoncé par le président Biden en avril, l’inquiétude de la communauté internationale s’est accrue suite à l’avancée constatée des talibans vers Kaboul. Ces derniers profitent souvent de la désertion des forces afghanes, entraînées par les Américains.
Face à ce constat, Joe Biden a rejeté toute accusation de laisser le pays aller vers un "bain de sang", insistant sur le fait "qu’il revenait aux Afghans eux-mêmes de décider quelle forme de gouvernement leur convenait le mieux". "À ceux qui m’accusent de partir à la va-vite", insistait jeudi le président américain, "je leur demande combien de vies de jeunes Américaines et Américains désirent-ils encore voir mettre en danger ?"
Le président américain, qui est aussi commandant en chef des forces armées, a préféré insister sur les 300 000 membres des forces armées afghanes, "bien équipés et préparés", estimant que ces dernières pouvaient "comme toutes les armées au monde" assurer la stabilité de leur pays. Une reprise du pouvoir par les talibans en Afghanistan n’est "pas inévitable", a-t-il ainsi conclu.
Débandade et inquiétudes
La réalité du terrain incite malheureusement à moins d’optimisme. Ces dernières semaines, les militaires et policiers afghans ont été vus à de nombreuses reprises soit perdre du terrain, soit se rendre sans combat devant l’avancée des talibans, laissant souvent derrière eux leurs armes. Pour tenir face à la menace talibane, le gouvernement central compte sur les 30 000 membres des forces spéciales, mieux équipés que l’armée régulière.
Cette avancée qui semble inexorable est aussi synonyme d’inquiétude pour le sort des femmes en Afghanistan. Les talibans s’opposent à ce que ces dernières puissent avoir d’autres activités que celle de prendre soin des enfants. Déjà, ces dernières semaines, des écoles qui accueillaient des jeunes filles ont été attaquées par les insurgés, faisant de nombreuses victimes.