Nucléaire iranien: "La nomination de M. Bagheri doit être considérée comme un avertissement sérieux à l’Occident"
Le nouveau numéro 2 de la diplomatie, qui devrait se charger du dossier nucléaire, critiquait beaucoup son prédécesseur.
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Publié le 15-09-2021 à 21h01 - Mis à jour le 15-09-2021 à 21h02
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Le diplomate iranien Abbas Araghchi ne sera très probablement plus le négociateur de la République islamique dans le dossier nucléaire. Le numéro deux de la diplomatie iranienne, connu pour avoir été l’une des chevilles ouvrières de l’accord de Vienne (2015) sur le programme atomique de l’Iran, s’est vu relevé de ses fonctions de vice-ministre des Affaires étrangères. Il redevient simple conseiller au ministère, selon un communiqué publié mardi soir, qui ne précise pas s’il conserve son poste de négociateur.
Il serait toutefois étonnant que ce diplomate aguerri, appartenant au camp modéré, reste dans ce rôle après l’annonce du gouvernement mis en place par le président Ebrahim Raïssi, issu d’une faction ultraconservatrice. Son remplacement comme vice-ministre par Ali Bagheri, 53 ans, un proche du guide suprême Ali Khamenei, donne déjà le ton.
Abbas Araghchi avait secondé le ministre Mohammad Javad Zarif depuis 2017, durant le second mandat du président Hassan Rohani. À la tête depuis 2013 de la délégation iranienne en charge des pourparlers nucléaires, il tentait depuis le départ des États-Unis de l'accord en 2018 de sauvegarder ce plan. En particulier avec ses partenaires de l'Union européenne.
Après l’élection à la présidence de M. Raïssi, à la mi-juin, les discussions engagées depuis le printemps entre l’Iran et les cinq États encore parties à l’accord de 2015 (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni et Russie) et qui visent à raviver l’accord nucléaire en réintégrant les États-Unis, sont à l’arrêt. Et Téhéran n’a pas encore clairement précisé depuis lors s’il comptait les reprendre. Washington a par contre manifesté la semaine dernière sa vive impatience, se disant sur le point d’abandonner leurs efforts visant à revenir dans l’accord.
"La nomination de M. Bagheri doit être considérée comme un avertissement sérieux à l'Occident car il est probable que la nouvelle équipe remettra en question la base du pacte sur le nucléaire et abandonnera tous les engagements de l'Iran si les Américains retardent leur retour à l'accord", a estimé auprès de l'AFP l'analyste Mehdi Zakerian.
Ali Bagheri sera donc le numéro deux du nouveau chef de la diplomatie iranienne, Hossein Amir Abdollahian. Il était depuis 2019 adjoint aux affaires internationales de l’Autorité judiciaire dirigée par Ebrahim Raïssi, devenu président début août. M. Bagheri avait reproché à plusieurs reprises à l’équipe de l’ancien président Hassan Rohani, d’avoir accepté des restrictions sur le programme nucléaire du pays et d’avoir permis aux "étrangers" d’accéder aux sites iraniens en signant l’accord international qui avait mis fin à douze années de crise autour de la question nucléaire iranienne.