L’économie turque en surchauffe : son PIB progresse de 9 % tandis que la livre s’effondre
L’économie est-elle le talon d’Achille du président Erdogan ? Sa politique monétaire, inflationniste, pèse sur les ménages. Mais l’hyperprésident garde un noyau d’électeurs et les élections ne sont qu’en 2023.
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Publié le 05-12-2021 à 12h45
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Recep Tayyip Erdogan, économiste en chef de la Turquie ? Après avoir licencié gouverneurs de la banque centrale et, mercredi encore, son ministre des Finances, le président turc poursuit sa politique de taux directeurs bas pour favoriser la croissance, plutôt que de les relever, comme le recommandent la plupart des économistes, pour combattre l’inflation.
Or le problème numéro un de la Turquie est le niveau record atteint par l’inflation. Celle-ci s’établissait vendredi à 21,31 % selon des chiffres officiels. L’opposition kémaliste et des économistes mettent en doute la véracité de ces chiffres et estiment qu’ils sont plus élevés encore.
La chute de la livre turque
L’inflation a pour conséquence de peser directement dans le budget des ménages, qui doivent payer plus cher des produits de base comme les œufs, la viande ou l’huile. La hausse des prix s’explique en partie par la dépréciation de la livre turque, qui ne cesse de perdre du terrain : elle a cédé 45 % de sa valeur par rapport au dollar depuis le début de l’année.
L’effondrement de la livre turque facilite les exportations, mais renchérit les importations. Autre fragilité : une partie de l’endettement des entreprises privées - estimé à 72 % du PIB au premier trimestre - est libellée en devises étrangères et devient plus coûteuse à rembourser en monnaie locale.
"Nous suivons un plan politiquement risqué mais juste", a justifié le 1er décembre M. Erdogan devant les députés de son parti au Parlement.
Sur un point, la politique menée par Erdogan porte ses fruits. Selon le FMI, le pays devrait engranger cette année une croissance du PIB réel de 9 %. "Cette croissance économique élevée est d'autant plus impressionnante que, contrairement à d'autres économies dans le monde, l'économie turque n'a pas subi de contraction l'année dernière, mais a plutôt connu une croissance de 1,8 %", note l'agence belge de crédit à l'exportation Credendo.
Les atouts de la Turquie
Selon celle-ci, cette croissance s’explique notamment par une bonne diversification de l’économie turque, un taux de vaccination relativement élevé de la population (60,59 % selon la Johns Hopkins University) et une forte demande intérieure et extérieure. La Turquie table sur une forte demande de produits en provenance d’Europe et des touristes alléchés par un taux de change favorable pour compenser la hausse du prix des importations. Mais c’est une partie de la population turque qui en paie aujourd’hui le prix.