La mort d'une jeune femme, arrêtée parce que son hijab n'était pas mis correctement, enflamme l'Iran

Une jeune femme est décédée suite à son interpellation par la police des mœurs pour ne pas avoir mis correctement son hijab, la semaine dernière à Téhéran. Cela a provoqué une vague de contestation dans tout le pays. De nombreuses femmes manifestent aujourd'hui contre le port du voile obligatoire.

La Rédaction avec AFP

Aube d'une révolution en Iran ? Le 13 septembre dernier, Mahsa Amini a été arrêtée à Téhéran par la police des mœurs, la "Gasht-e Ershad", chargée de veiller à l'application des règles vestimentaires strictes pour les femmes en Iran. La jeune femme de 22 ans, en visite dans la capitale avec sa famille, avait mal mis son hijab, selon les forces de l'ordre. Le port du voile est obligatoire dans la République islamique. Visiblement réprimée lors de l'interpellation, la jeune femme a ensuite été transportée à l'hôpital. Elle "souffrait d'un problème cardiaque", a indiqué la police de Téhéran, qui a assuré qu'elle s'était "évanouie dans une salle de réunion" et "qu'il n'y avait pas eu de contact physique". Elle est ensuite décédée vendredi, après trois jours de coma.

Sa mort a mis le feu aux poudres dans le pays. Dès samedi dernier, une première manifestation a eu lieu au nord du pays lors de laquelle des femmes, cheveux découverts, brandissaient leur voile en guise de protestation. Une manifestation réprimée à coup de gaz lacrymogènes par la police. Les manifestantes demandent des enquêtes sur l'affaire Mahsa Amini.

Et la mobilisation s'est amplifiée au fil des jours. De nombreuses manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes du pays, notamment à Téhéran et à Mashhad, comme le montrent moult vidéos relayées sur les réseaux sociaux. Des femmes qui brûlent leur hijab, d'autres qui scandent "mort à la République islamique" ou "mort à la dictature". Une petite révolution dans le pays, où depuis plus de 40 ans, apparaître en public sans hijab est passible d'emprisonnement pour les femmes.

Dans la capitale iranienne, des étudiants ont lancé des mouvements de protestation dans plusieurs universités, dont celles de Téhéran et Shahid Beheshti, d'après l'agenceTasnim.

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©AFP
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Les manifestations sont violemment réprimées par les forces de l'ordre, si bien que l'Onu s'en est inquiétée. Selon une porte-parole du Haut Commissariat, Ravina Shamdasani, "deux à cinq personnes ont été tuées, selon certaines informations" lors de manifestations pour dénoncer la mort de la jeune femme dans plusieurs villes du pays y compris la capitale Téhéran. Elle a indiqué que la police avait "tiré à balles réelles" et fait usage de gaz lacrymogène.

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Dans le Kurdistan iranien aussi, d'où est originaire Mahsa Amini, des marches d'hommage ont eu lieu.

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Critiques politiques

Cela a aussi provoqué de rares critiques de la part de hauts responsables de la République islamique. Le député Jalal Rashidi Koochi a déclaré à l'agence de presse ISNA que la "Gasht-e Ershad n'obtient aucun résultat, sauf causer des dommages au pays". "Le principal problème, c'est que certaines personnes ne veulent pas voir la vérité", a-t-il regretté. "Est-ce que les gens qui sont conduits par cette police d'orientation à ces séances d'explications reprennent conscience et se repentent quand ils en sortent ?", a interrogé parlementaire.

Le président du Parlement, Mohammad Bagher Ghalibaf, a lui jugé mardi que la conduite de cette unité de police devrait faire l'objet d'une enquête pour éviter la répétition de ce qui s'est passé avec Mme Amini. "Afin d'éviter la répétition de tels cas, les méthodes utilisées par ces patrouilles d'orientation (...) devraient être revues", a-t-il dit à l'agence officielle IRNA.

Plus radical encore, un autre parlementaire a annoncé son intention de proposer la suppression complète de cette force."Je crois qu'en raison de l'inefficacité du Gasht-e Ershad à faire comprendre la culture du hijab, cette unité devrait être supprimée, afin que les enfants de ce pays n'aient pas peur quand ils croisent cette force", a déclaré lundi Moeenoddin Saeedi à l'agence de presse ILNA.

Face à la colère, le président iranien Ebrahim Raïssi a demandé l'ouverture d'une enquête. Le représentant du guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, dans la province du Kurdistan, Abdolreza Pourzahabi, a effectué lundi une visite de deux heures au domicile familial de Mahsa Amini, selon l'agence Tasnim.

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