Après les séismes en Turquie et en Syrie, l'assistance internationale s'organise : comment faire pour aider

Les secouristes poursuivent mardi leurs recherches de rescapés, au lendemain du puissant séisme dont le bilan dépasse désormais les 5.000 morts dans le Sud-Est de la Turquie et le Nord de la Syrie, une véritable course contre les heures qui passent et le froid glacial.

La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé lundi soir depuis Genève un appel d'urgence de quelque 70 millions d'euros. Les Croissants-Rouges turc et syrien sont en effet en première ligne pour tenter de retrouver des survivants et aider les blessés après le double séisme qui a frappé les deux pays lundi. Dans l'enveloppe demandée, 50 millions sont prévus pour la Turquie et 20 millions pour la Syrie. Des collaborateurs du Croissant-Rouge turc ont été déployés dans les dix provinces affectées par le séisme dans le pays. Ils ont distribué de la nourriture et du matériel d'urgence pour soutenir les blessés et les personnes évacuées.

En Syrie, le Croissant-Rouge local a apporté une première assistance et acheminé les blessés dans les centres de santé.

De son côté, Médecins Sans Frontières (MSF) a communiqué sa prise en charge de centaines de personnes dans les centres de santé qu'elle pilote ou soutient. Elle a aidé immédiatement plus de 20 d'entre eux dans les régions d'Idlib et Alep en Syrie. Elle a également fourni du matériel médical d'urgence et une assistance aux déplacés.Des milliers de maisons ont été détruites dans le nord-ouest de la Syrie, région déjà affectée depuis de nombreuses années par le conflit dans le pays. "Les besoins sont très importants", a encore dit un responsable de l'organisation qui a perdu dans la catastrophe l'un de ses collaborateurs. MSF va évaluer comment elle peut augmenter son dispositif. De son côté, la Commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits humains en Syrie a appelé la communauté internationale à aider les civils.

Unicef Belgique a lancé un appel à la solidarité pour venir en aide aux enfants syriens et turcs, a annoncé mardi l'organisation via communiqué. Les équipes du fonds des Nations unies pour l'enfance travaillent 24 heures sur 24 afin de fournir une aide humanitaire aux enfants et à leurs familles touchés par la catastrophe. Deux tremblements de terre de magnitudes de 7,7 et de 7,5 sur l'échelle de Richter et plusieurs répliques ont frappé lundi le sud de la Turquie et le nord de la Syrie. Ces séismes "surviennent dans un contexte déjà très difficile où des milliers d'enfants et leurs familles sont très vulnérables en raison d'un l'hiver rigoureux, d'une grande précarité économique et de nombreux malheurs vécus depuis 12 années de guerre", a déclaré le porte-parole d'Unicef Belgique, Philippe Heron.

L'Unicef se concentre notamment sur la distribution d'une aide alimentaire d'urgence et l'approvisionnement en eau potable. L'organisation évalue également l'ampleur des dégâts subis par les établissements scolaires afin de permettre aux élèves de retrouver le plus rapidement possible les bancs de l'école. Enfin, l'Unicef protège également les enfants qui se retrouvent séparés de leur famille ou non accompagnés.

Les dons peuvent être effectués via le site d'Unicef.

ONG et pays occidentaux sous pression

Le séisme de lundi en Turquie et en Syrie, démultiplie le défi posé aux organisations humanitaires et aux pays occidentaux pour venir en aide à la population syrienne, en particulier dans la zone rebelle d'Idleb, dans le nord-ouest du pays. Dès lundi, la communauté internationale s'est mobilisée pour la Turquie, acheminant sans délai l'aide d'urgence. Des pays comme la France, l'Allemagne ou les Etats-Unis ont également promis de secourir les victimes syriennes sans pour autant déclencher immédiatement les secours.

"La Syrie reste une zone d'ombre d'un point de vue légal et diplomatique", observe Marc Schakal responsable du programme Syrie de Médecins sans Frontières, exhortant à envoyer de l'aide "au plus vite".

Il redoute que les ONG locales et internationales ne soient dépassées dans un pays ravagé par douze années de guerre civile, mettant aux prises rebelles, dont certains instrumentés par des puissances étrangères, jihadistes, forces kurdes, et l'armée du gouvernement de Bachar al-Assad, soutenu par l'Iran, la Russie, et mis au ban des nations. L'aide est d'autant plus cruciale que "la situation de la population était déjà dramatique", renchérit le professeur Raphaël Pitti, un responsable de l'ONG française Mehad, particulièrement inquiet pour la province d'Idleb.

L'Europe a déjà mobilisé plus d'un millier de sauveteurs et des dizaines de chiens

Dans un tweet, mardi matin, le commissaire européen à la gestion des crises Janez Lenarcic fait état de 27 équipes mobilisées, surtout du "search and rescue" (25 équipes) mais aussi deux équipes médicales d'urgence. Ces équipes viennent de 19 pays qui ont répondu à l'appel d'Ankara via le mécanisme de protection civile de l'UE: de la Bulgarie à l'Albanie en passant par le Montenegro, la France, les Pays-Bas, l'Italie, l'Espagne, etc.

Ensemble, cela représente "plus de 1.150 sauveteurs et 70 chiens de sauvetage", précise le commissaire.

Les premières équipes de sauveteurs étaient arrivées sur place dès lundi, en provenance de Roumanie, Bulgarie et Hongrie, toujours selon le commissaire européen. Le mécanisme de protection civile de l'UE permet de faciliter la coordination, en récoltant les demandes précises de la Turquie et en y faisant correspondre les offres d'aide des différents Etats participants. L'Italie et la Grèce avaient aussi été parmi les premiers à envoyer du personnel sur place, issu de leur Protection civile.

L'aide de la Belgique ne s'est quant à elle pas encore concrétisée, Bruxelles misant sur une équipe médicale via B-Fast.

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