L’Arabie saoudite fait un pas vers l’OCS, sous le regard intéressé de la Chine et la Russie
En devenant “partenaire du dialogue” de l’Organisation de coopération de Shangaï, Riyad diversifie ses partenariats. Comme d’autres États du Moyen-Orient.
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Publié le 30-03-2023 à 15h19 - Mis à jour le 30-03-2023 à 15h20
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L’Arabie saoudite a fait un premier pour adhérer à l’Organisation de coopération de Shangaï (OCS), qui compte huit pays dont la Chine, l’Inde et la Russie. Le gouvernement saoudien a signé mercredi un mémorandum qui donne au Royaume arabe le statut de “partenaire du dialogue” de cette organisation internationale, la plus importante après celle des Nations unies. Cette union eurasiatique créée en 2001, où figurent aussi les républiques d’Asie centrale et le Pakistan, a pour objet de favoriser une coopération politique, économique et sécuritaire de ses membres ainsi que la constitution d'un contrepoids à l’influence occidentale dans le monde. L’OCS a le poids –au minimum géographique et démographique– de ses ambitions : ses huit membres représentent une superficie totale égale à un tiers des terres émergées de la planète et environ 43 % de la population mondiale.
Le moment choisi par Riyad pour amorcer son adhésion à l’OCS est tout sauf anodin. La veille, son géant pétrolier Aramco a annoncé avoir augmenté son investissement de plusieurs milliards de dollars en Chine, en finalisant une coentreprise prévue dans le nord-est du pays et en acquérant une participation dans un groupe pétrochimique privé.
Sur la scène du Moyen-Orient, la décision de Riyad a lieu trois semaines à peine après l’annonce d’une reprise de ses relations diplomatiques avec Téhéran, son grand ennemi régional, conclue sous l’égide de Pékin après une rupture longue de sept ans. De son côté, l’Iran, qui s’y était engagé en septembre dernier au Sommet des chefs d’États de l’OCS à Samarcande, deviendra dès le mois prochain le neuvième membre de plein droit de l’organisation, ajoutant à l’ensemble ses 85 millions d’habitants et son 1,65 million de kilomètres carrés de territoire. Une nouvelle étape, avait insisté l’Iran, vers de multiples coopérations économiques, commerciales et énergétiques.
Diversifier ses partenariats
Pareil pour Riyad, allié stratégique des États-Unis depuis trois quarts de siècle et avec lequel il ne souhaite pas se fâcher, qui a indiqué chercher à diversifier ses partenariats. Et elle n’est pas la seule à le faire. En s’associant à l’OCS, l’Arabie saoudite se range aux côtés d’autres États de la région, comme l’Égypte, le Qatar et la Turquie. Ceux-ci sont déjà “partenaires du dialogue” de l’OCS malgré leur statut d’allié ou de partenaire important de Washington, toujours en plein désengagement de la région. D’autres, comme l’Irak et la Syrie, pourraient être les prochains. Autant de mouvements qui tendent à confirmer le rôle croissant que cette organisation semble jouer dans le rééquilibrage des influences dans le monde et la préfiguration d’un nouvel ordre international.
Lors d’un appel téléphonique mardi avec le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, le président chinois Xi Jinping a salué ce qu’il a appelé l’apaisement des tensions au Moyen-Orient. A Samarcande, M. Xi avait souligné, dans le contexte de la crise en Ukraine, que la Chine voulait à travers sa collaboration avec la Russie “jouer un rôle majeur visant à démontrer la responsabilité des puissances majeures et instiller une stabilité et une énergie positive au sein d’un monde dans la tourmente”.