Le Bahreïn se prépare à la montée des eaux du Golfe
Le plus petit des États du golfe Persique considère cette menace charriée par les changements climatiques comme un problème prioritaire pour l'élaboration de ses politiques publiques.
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- Publié le 21-08-2023 à 13h02
- Mis à jour le 21-08-2023 à 13h03
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C’est la mer la plus chaude du globe, logiquement logée dans l’une des régions les plus torrides de la planète: le golfe Persique. En 2020, au large du Koweït, l’eau de cette mer intérieure où transite environ un tiers du pétrole de la planète y a atteint la température maritime la plus élevée jamais enregistrée: 37,6 degrés. Un constat qui s'accompagne de tout un cortège d’effets néfastes, telles l'accroissement de l'évaporation, l’augmentation de la salinité ou la réduction du taux d’oxygène de l’eau, comme le pointait alors le Cefas, une agence britannique spécialisée dans l’analyse des environnements aquatiques. C’est dire si les changements climatiques observés au niveau mondial impactent l’environnement des communautés humaines des États riverains du Golfe : potentiellement plusieurs centaines de millions de personnes.
Mais la plus grande menace y est presque silencieuse: l’élévation du niveau de la mer. Elle est en particulier très sensible pour les États insulaires, comme le royaume du Bahreïn, qui a décidé de prendre le problème à bras-le-corps et d’en faire une priorité de ses politiques publiques. Situé au large de l’Arabie saoudite, à laquelle il est relié par un long pont autoroutier, cet archipel de trois-trois îles voisin du Qatar (situé à l’est) se dit “vulnérable” face à cette “menace à bas bruit”, comme l’a souligné la semaine dernière son ministre de l'Environnement, Mohamed Moubarak ben Daïna, dans un entretien avec l’Agence France-Presse.
Menace existentielle
Avec ses 785 kilomètres carrés, le Bahreïn fait partie du top cinq des plus petits États du monde. Il a beau avoir, dans un passé récent, gagné des terres sur la mer pour le bien-être de son million et demi d’habitants, il envisage la submersion partielle de son territoire comme une menace existentielle. A plus forte raison qu'un tiers de son territoire terrestre se trouve à une altitude inférieure à cinq mètres, une portion occupée à moitié par une population urbaine, selon les chiffres de la Banque mondiale. Dans ce pays désertique où la densité de population est l’une des plus élevées au monde (1 780 habitants/km²), l'essentiel de la population vit dans les zones littorales. La montée des eaux, outre qu’elle grignote les rivages, menace les habitats côtiers et les infrastructures. Elle accroîtrait en outre l’intrusion de l’eau de mer à l’intérieur des terres, ce qui compromettrait les réserves d’eau souterraine du Bahreïn, déjà peu abondantes.
Au Bahreïn, où la température moyenne est supérieure à 32 degrés de mai à septembre, le niveau de la mer augmente de 1,6 millimètre à 3,4 millimètres chaque année depuis 1976, a indiqué le ministre de l'Environnement. À ce rythme-là, d'ici 2050, le niveau de la mer pourrait monter d’au moins un demi-mètre, un scénario considéré comme optimiste par les experts, surtout si les calottes glaciaires fondent dans l’océan plus rapidement que prévu. Selon Sabah Aljenaid, chercheuse à l’Arabian Gulf University, 5 à 18 % de la superficie totale de Bahreïn pourraient être submergés si le niveau de la mer augmentait d’un demi-mètre à 2 mètres. Dans un scénario plus pessimiste, une montée des eaux de cinq mètres entraînerait l’inondation de la majeure partie du pays, y compris l’aéroport international, d’après une projection des autorités.
Plusieurs options sont donc envisagées pour tenter d'endiguer la montée des eaux, elles figureront dans un “plan détaillé” qui sera achevé “dans les dix ans” et financé directement par le gouvernement, selon le ministre de l'Environnement. Il s’agit entre autres d’agrandir les plages, de construire des murs de pierre dans certaines zones, de se rabattre sur des terres plus en amont du rivage. Par ailleurs, dans une région productrice d’hydrocarbures en grande partie responsables du changement climatique, Bahreïn prévoit de réduire ses émissions de 30 % d’ici à 2035 et de développer les énergies renouvelables pour couvrir 10 % de ses besoins au cours de la même période.