Selon des experts de l’Onu, les activités pétrolières d’Aramco sont aussi néfastes pour les droits de l’homme
Un courrier envoyé au premier producteur mondial lie l’impact environnemental et les conséquences sociales.
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- Publié le 28-08-2023 à 16h33
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Cela fait deux mois révolus que des experts des Nations unies ont adressé un courrier au géant saoudien du pétrole Aramco. Ils s’y inquiètent des conséquences environnementales et sociales des activités du premier producteur mondial d’or noir pour les populations locales. Dans cette lettre, datée du 26 juin, ce groupe d’experts exprime sa “plus grave préoccupation” à propos de l’impact environnemental négatif que ces activités, comme l’exploitation des combustibles fossiles, peuvent avoir sur la promotion et la défense des droits de l’homme dans un contexte de changement climatique. Le délai de réponse laissé à l’entreprise étant échu, la piqûre de rappel s’est faite publiquement, avec la communication de ce courrier sur le site des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’Onu.
Les auteurs de la lettre (des experts indépendants et le groupe de travail des Nations unies sur les droits de l’homme et les sociétés transnationales) critiquent Aramco dans son développement actuel, basé sur “le maintien de la production de pétrole brut, l’exploration de nouvelles réserves de pétrole et de gaz, l’expansion du gaz fossile et la présentation d’informations biaisées”. Toutes ces activités ont “un impact négatif sur la jouissance du droit à disposer d’un environnement propre, sain et durable”.
Nouveau jalon moral
Il y a près de deux ans, en octobre 2021, le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a reconnu l’accès à un environnement propre, sain et viable, comme un droit fondamental. Une manière de se positionner dans la lutte mondiale contre les changements climatiques. Bien qu’elle ne soit pas contraignante, cette résolution représente un nouveau jalon moral susceptible d’influer sur la conception des futures normes internationales et de promouvoir une attitude vertueuse auprès de tous les acteurs concernés.
Ce courrier est l’une des rares initiatives du genre à interpeller directement une entreprise. Les auteurs ne le justifient pas autrement qu’en pointant la “responsabilité croissante” dont Aramco devrait témoigner quant au respect des normes internationales. Les experts affirment que ses activités apparaissent “contraires aux objectifs, obligations et engagements de l’Accord de Paris de 2015, qui vise à limiter la hausse de la température moyenne de la Terre à 1,5 degré. Plus des trois quarts des émissions de gaz à effets de serre sont le fait des combustibles fossiles et, avec son poids, Aramco est “le plus important émetteur” de ces gaz, souligne encore le courrier.
Des investissements colossaux
Bien qu’étant l’un des principaux pollueurs de la planète, Aramco s’est engagé en 2021 à parvenir à l’objectif de “zéro émission” de CO2 à l’horizon 2050. Pourtant, l’entreprise poursuit ses développements visant, d’une part, à pousser sa production à quelque 13 millions de barils par jour d'ici 2027 et, d’autre part, à découvrir de nouveaux gisements, lesquels qui nécessitent des investissements colossaux.
Dans cette optique, un courrier a aussi été envoyé aux principaux bailleurs de fonds du groupe, au premier rang desquels l’État saoudien (via son fonds souverain), ainsi qu’à onze grandes banques internationales, institutions d’investissements et autres sociétés soutenant le développement d’Aramco. Les sièges de ces entreprises sont situés en France, Grande-Bretagne, en Arabie saoudite, au Japon ou aux États-Unis. Autant d’acteurs dont le sensibilité sur les droits de l’homme pourrait amener Aramco à répondre au courrier.