Nouveaux magazines belges
Alors que le "Guide du Fooding" débarque enfin en Belgique, Noémie De Clercq propose un guide bruxellois bilingue des tables durables. On va lire !
Publié le 21-03-2023 à 09h27 - Mis à jour le 21-03-2023 à 10h08
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On l’attendait ! C’est finalement le 6 juin que sortira en Belgique le guide annuel du Fooding version belge. Un projet sur lequel l’équipe d’édition — la Française Christine Doublet (directrice générale adjointe), la Belge Elisabeth Debourse (rédactrice en chef) et les deux auteurs en chef de l’édition belge (Michel Verlinden pour les francophones et Peyo Lissarrague du côté néerlandophone) — travaille depuis un an. Et qui se matérialisera dans un premier temps par la sortie d’un magazine papier, disponible en français ou en néerlandais, qui répertoriera 400 adresses à travers toute la Belgique, du kebab au restaurant gastronomique.

Tout le pays
C’est d’ailleurs ce qui a motivé le journaliste français Peyo Lissarrague (ancien rédacteur en chef de Foodprint, Omnivore…), basé à Anvers depuis plusieurs années. “J’ai accepté pour la Belgique. C’est devenu ma croisade. Travailler sur un projet qui couvre tout le pays, dans les deux langues c’était une évidence. La Belgique ne se promeut pas dans son entièreté et cela a toujours été un frein à son manque de visibilité”, explique le plus Belge des Français.

Ce magazine Fooding belge comptera une trentaine de rédacteurs flamands, bruxellois et wallons. “L’idée ce n’est pas de faire le Fooding des Français qui viennent en Belgique, mais de faire un guide belge fait par des Belges et pour les Belges ! ”, assure Christine Doublet, qui précise travailler avec des illustrateurs et des photographes belges.
Comme en France, les rédacteurs enquêteront de manière anonyme. “Notre critère le plus important au Fooding, c’est l’indépendance. Chacune des 750 adresses listées au départ a été attribuée à un enquêteur pour qu’il n’y ait aucun conflit d’intérêt ! ”, assure la directrice générale adjointe.
Parmi ces enquêteurs, on retrouve peu de journalistes professionnels, plutôt des passionnés de gastronomie. “Du côté flamand, il y a un thérapeute spécialiste des grands traumas passionné de gueuze, un professeur d’art, une attachée de presse dans le monde de la mode… Mais la sélection des restaurants a été opérée par des journalistes professionnels et nous leur apportons l’encadrement nécessaire”, ajoute Lissarrague. Qui insiste sur un point important : “Il ne s’agit pas d’envisager la Belgique comme un territoire unique mais d’en comprendre les composantes et les différences fondamentales. ”

Plus qu’un magazine
En plus de ces adresses coups de coeur réparties en 5 catégories (restaurants, bars, chambres, commerces, caves à vin, bières et spiritueux), le magazine contiendra des sujets plus approfondis (interviews, portraits…). Avec par exemple une histoire du lambic en Belgique et les adresses pour le déguster.
Mais c’est surtout toute l’interface du Fooding qui s’internationalise avec, en septembre, un site Lefooding.com/be, où toutes les chroniques et les articles se retrouveront en version trilingue français, néerlandais et anglais. “Il y aura même une application unique, qui fonctionnera par géolocalisation. Notre Instagram, qui regroupe une communauté de près de 450000 personnes, dont une partie déjà aux USA, en Angleterre ou en Belgique, sera désormais en français et en anglais. Et on partagera de plus en plus d’adresses belges”, dévoile la Française.
On en sait également un peu plus sur le financement du guide, racheté par le Michelin en 2020. “Comme en France, nous avons des partenariats dans l’industrie agro-alimentaire, dans les boissons ou les alcooliers, mais aussi dans le lifestyle. Ces marques achètent des espaces publicitaires et seront présentes à la soirée de lancement. On produit également des contenus adaptés et qui se retrouvent sur notre site ou sur leur propre média”, explique Mme Doublet.
Mais là encore, la stratégie se veut belgo-belge. Comme le précise Lucie Caudrelier, directrice de la communication et du marketing : “On a essayé de rencontrer des marques belges sur le territoire. Notre partenaire principal, c’est Delhaize, où l’on sera distribué et pour lequel on produira du contenu. On retrouvera les bonnes adresses du Fooding tous les deux mois dans leur magazine. ” L’annonce récente de l’enseigne de supermarchés de céder l’entièreté de son portefeuille de magasins à des franchisés ne devrait rien changer assure-t-elle…

Pas de palmarès belge
Le palmarès Fooding (meilleure table du guide, fooding d’amour…) qui fait frétiller chaque année les Parisiens à sa sortie ne sera pas pour tout de suite en Belgique. “Il n’y aura pas de palmarès en année 1. En France, le palmarès ne porte que sur les ouvertures de l’année. Il est différent chaque année. En Belgique, comme on part de zéro, il y aura des adresses qui existent depuis 20 ans et d’autres qui viennent d’ouvrir. Mais l’année prochaine, la question du palmarès se posera… ”, confie Christine Doublet.
Reste à voir si le ton très particulier du Fooding, entre jeux de mots branchouilles et style très parigot plaira aux Belges et surtout aux Flamands… Le Fooding est en tout cas en train d’envisager de nouveaux marchés… On parle déjà des Pays-Bas…
Le “Guide du Fooding” sera disponible en précommande début mai sur l’e-shop du Fooding. Puis il sera en vente en librairies et dans les Delhaize au prix de 20€.

L’outsider durable
Noémie De Clercq est la rédactrice en chef du tout nouveau magazine Manifeast, dont le premier opus est consacré aux “Tables responsables de Bruxelles”. À 36 ans, la jeune femme a déjà une belle carrière et expertise derrière elle. Il y a quelques années, cette entrepreneuse belge diplômée en communication avait lancé Mellow, un food truck consacré aux yaourts glacés. Avant de travailler pour l’enseigne durable Färm, puis pour une asbl luttant contre le gaspillage alimentaire.
Privée de boulot pendant le Covid, Noémie De Clercq décide de rebondir et de profiter de ses acquis pour créer Mingle fin 2020. “Je suis devenue experte en alimentation durable. J’aide les entrepreneurs food à développer des projets durables. Mon premier client était Elliott Van de Velde, que j’ai aidé pour la communication de son “Hearth Project” au Heysel. J’ai aidé de nouvelles adresses comme Jacq’s Toastery par exemple. Et je suis coach chez Kokotte, l’incubateur Horeca de chez Hub.brussels”, explique la jeune femme.

Les clés de la durabilité
Forte de son expérience et passionnée de bouffe depuis l’enfance — sa mère avait un resto à Rixensart —, la jeune femme a eu l’idée en août de publier un guide en autoédition pour refiler ses bonnes adresses durables. “Lors des conférences pendant lesquelles je sensibilise les gens au durable, on me demandait toujours mes bonnes adresses. ” Mais il y avait aussi cette question qui la taraudait sans cesse : “Pourquoi les personnes qui font attention à ce qu’elles mangent à la maison (bio, local, de saison, etc.) ferment-elles les yeux une fois qu’elles vont au restaurant ? ”
Alors, si Noémie balance bien 18 de ses tables coups de coeur très accessibles dans ce premier volume de Manifeast, elle propose surtout un guide bilingue de sensibilisation au manger durable, en offrant des clés à ses lecteurs pour identifier les restaurants qui s’inscrivent vraiment dans cette démarche. Parmi les critères qui comptent pour elle, il y a la saison, le fait maison, le bio, le circuit court, le commerce équitable, le zéro déchet… “Idéalement, il faut que le restaurant coche au moins dix critères sur dix-huit. Mais je ne dis pas qu’une chose est plus importante qu’une autre, c’est le mangeur qui décide de placer le curseur en fonction de ce qui est important pour lui.”

Difficile d’être 100 % durable
Et Noémie De Clercq l’avoue, difficile d’être 100 % durable : “Il s’agit aussi de montrer la réalité de l’Horeca, tout n’est pas possible. Mes restaurants ne sont pas tous irréprochables. Certains endroits comme Marcella, cochent le moins de cases mais la plupart des produits sont bio, chez Pois chiches ils continuent à servir des concombres et des tomates hors saison, mais leurs pois chiches viennent de Flandre et ils sont vegan et bio. Le plus exemplaire c’est Nona ! Ils sont certifiés bio à 85 %, ils ont des prix accessibles, travaillent avec un maraîcher comme le Monde des Mille couleurs à Ypres et ne proposent du basilic qu’en saison ! ”
En tout cas, Noémie De Clercq a réussi son pari, transporter les lecteurs dans son univers. On attend déjà avec impatience les prochaines éditions : tables au féminin, lieux de bouche, en dehors de Bruxelles…
Le magazine “Manifeast” sera disponible dès le 27 mars sur le site www.minglefood.be/manifeast (Achetez-le là ! Noémie gagne 10,70€ par exemplaire, contre 1,80€ seulement en librairie…) et en librairies à partir du 17 avril, au prix de 29,60€.
