Quand le printemps revient, les floraisons offrent un joli spectacle
Après quelques timides sourires annonciateurs, le printemps s’installe. Spectaculaires ou plus discrètes, les floraisons multicolores chassent la grisaille.
Publié le 01-04-2023 à 19h03 - Mis à jour le 01-04-2023 à 19h05
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Au ras du sol, quelques pousses pointent entre les feuilles mortes. Ici et là, de délicates verdures soulèvent le manteau hivernal. Dans les taillis et les bosquets, de rares arbres et buissons saluent l’arrivée des beaux jours par une floraison précoce trop éphémère aux yeux de leurs admirateurs. Il est vrai que ces centaines de petites fleurs s’ouvrant sur des arbres encore dénudés est un spectacle qui ne cesse d’émerveiller. Qu’elles passent inaperçues ou qu’au contraire, elles nous offrent un spectacle éblouissant, ces premières manifestations du printemps enthousiasment les jardiniers. Néanmoins, ils savent d’expérience qu’il s’agit de rester prudent. Un brusque regain de froidure est toujours à craindre à cette saison. Le printemps 2021 a réservé quelques surprises à cet égard. Les dernières gelées, la neige et les vents froids ont été cause de quelques déboires.
Les floraisons précoces cumulent splendeur et efficacité. Un très grand nombre d’insectes y puisent leur nourriture dès les premiers beaux jours. C’est pourquoi elles sont essentielles à l’équilibre de nos jardins. Elles sont plus nombreuses qu’on ne l’imagine. De la plus timide à la plus éclatante, elles ont chacune leur intérêt.
Les violettes
Début avril s’épanouit la très fameuse violette parfumée. Ce n’est pas la première à fleurir mais c’est une des plus modestes et une des plus populaires. La violette, Viola odorata, fait partie de la famille des Violaceae. Selon le positionnement des pétales, les espèces sont réparties entre "violettes" et "pensées". Elles forment des colonies plus ou moins étendues, elles aiment les sols riches à l’ombre des arbres. Il existe des variétés plus odorantes que d’autres. L’essence de violette est extraite des feuilles et non des fleurs. Les premières fleurs offrent aux butineurs un éperon rempli de nectar en mars, avril, mais ce sont d’autres fleurs, celles qui se forment durant l’été et qui demeurent en bouton, qui donneront des fruits fertiles. Les graines sont munies d’une petite glande huileuse destinée à attirer les fourmis. Celles-ci les transportent pour constituer leurs réserves. Durant le trajet, quelques-unes tombent et assurent la propagation. En cas de sécheresse estivale, un arrosage est le bienvenu. Toutes les violettes ont des fleurs comestibles mais toutes ne sont pas parfumées.
Le lierre terrestre
Glechoma hederacea aussi nommé rondelotte fait partie de la famille des Labiacaea. Les jardiniers connaissent la variété à feuillage panaché. Cette petite plante vivace à tige rampante, à section carrée, est un excellent couvre-sol quand elle se plaît. Elle apprécie les sols humifères, riches en azote ainsi que la mi- ombre des lisières. Il lui faut de la lumière pour fleurir. Ses feuilles arrondies sont légèrement duveteuses et très aromatiques. Elles rappellent les senteurs de la menthe quand on les froisse. Les fleurs nectarifères sont appréciées des insectes.
En cuisine, elles décorent les salades tandis que les jeunes feuilles participent au mesclun ou garnissent les omelettes. Certains en font du pesto.
Le groseillier à fleurs
Les groseilliers à fleurs méritent qu’on s’y attarde. Ils figurent au printemps parmi les arbustes les plus charmants. Ribes sanguineum est originaire d’Amérique du Nord ; les premiers exemplaires arrivent en Angleterre vers 1830. Depuis le succès ne s’est pas démenti. Le groseillier sanguin est le plus connu. De nombreux cultivars ont vu le jour à fleurs blanches, roses ou rouges. Actuellement la variété "King Edward VII" tient le haut du pavé. Le Ribes odoratum, le groseillier doré, a lui des fleurs jaunes parfumées et prend de belles teintes à l’automne. Le Ribes x gordonianum est un hybride entre le sanguin et le doré, il fleurit avec des grappes de fleurs tubulaires jaunes et rouges au revers. Il est très rustique.

Ils se plaisent dans les haies rustiques mais peuvent aussi être plantés en isolé ou à l’arrière des massifs de vivaces. La floraison au jeune printemps se marie bien à celle des bulbes et aux feuillages persistants. Aux fleurs précoces succèdent des fruits bleutés puis noirs et pruineux dont raffolent les passereaux. Abeilles et bourdons viennent se rassasier dès le début de la floraison.

Le cornouiller mâle
N’appréciant pas trop les terrains acides, le Cornus mas prospère en revanche sur les terrains neutres et calcaires. Pour les terrains plus acides, le Cornus officinalis est plus indiqué. Sa floraison est très précoce et se produit avant la feuillaison qui, elle, débute en avril. Son feuillage semble plaire aux chevreuils. Les fruits brillants et allongés sont appréciés des oiseaux. Ce petit arbre est d’un grand secours pour les premiers butineurs de sortie au printemps. Il est utilisé dans les haies libres mais aussi en isolé parfois même en haie régulièrement taillée. Au delà de son utilisation ornementale, il est apprécié pour ses fruits, les cornouilles rouges en forme d’olive. Leur richesse en vitamine C et en sucres fait d’eux des fruits de grande qualité nutritive. Ils servent à la confection de confitures et de compotes. Ils sont récoltés quand ils se ramollissent et deviennent plus foncés plutôt vers la fin août. Différentes variétés développent cet intérêt, ainsi Cornus mas "Schönbrunner Gourmet Dirndl", un cultivar autrichien à gros fruits bien sucrés et au port plus érigé et plus compact. La variété la plus courante est Cornus mas "Jolico". Ses fleurs sont nectarifères mais il a néanmoins besoin d’une pollinisation croisée pour bien fructifier donc ajouter un congénère pas trop loin est une bonne idée. Les drupes continuent à mûrir une fois cueillies.