Le grand plaisir, on l'attendait au Tournant. Et il y était !
Ce restaurant à l'ambiance bistrot ouvert depuis plus de vingt ans propose des plats tellement justes et vrais. Découverte totale.
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Publié le 25-04-2023 à 13h49
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Il porte carrément bien son nom ce petit restaurant qui s'inscrit au milieu d'un léger virage de la chaussée de Wavre à Ixelles, là où elle rencontre la rue Goffart. Ce qui lui donne de l'air et pas qu'une vue sur un trottoir et des voitures. Et même un air jovial : celui d'un bistrot de place de village, celui où on mange sans façon et bien. Le Tournant, car c'est son nom, nous a fait tourner la tête, d'une part et pourrait bien représenter le tournant d'une vie à chercher le resto qui remplirait tous nos critères. Oui, rien que ça.
Du goût, dans la viande comme dans les graines !
Des critères pas que gastronomiques, car manger, c'est aussi passer du bon temps dans un lieu qui nous met à l'aise. Avec assez d'intimité pour ne pas se voir imposer les conversations des tables voisines grâce à l'isolation acoustique du plafond. Avec une lumière tamisée qui ne rend pas blafard comme au supermarché (ce qui est la maladie d'énormément de restos) et avec des tables plus éclairées pour ceux qui préfèrent. Avec une ambiance musicale au volume parfait pour adoucir les blancs sans s'imposer et au ton pas commercial. Avec un service sympathique, des sourires, des conseils, une fraternité pro que l'on sent installée dans l'équipe. Pas d'yeux au ciel quand on dit qu'on n'aime ni l'oignon, ni l'ail (crus) dans aucun plat.
On y a d'ailleurs mangé le premier ceviche sans oignon (sans l'avoir demandé) mais plein de goûts grâce à des graines torréfiées et germées. Avec un jeune sommelier et serveur, Kevin qui propose des vins au verre ou en bouteille bien vus, nature ou bio en tout cas, de qualité. On a bu avec cette entrée du Moby Dick, un blanc de très bonne facture, au nez de pomme sans que cette saveur soit too much en bouche et avec ce léger pétillant de la jeunesse. Et même une alliance entre dessert et Saké Umeshu prune magnifique.
Le chef Delcampe entre en jeu

Evidemment, il y a les plats et ce que l'on a dans notre assiette... C'est là que Denis Delcampe entre en jeu. Dans le genre bourru-mais-gentil, il promène régulièrement sa grande carcasse de chef dans la salle. Et n'hésite pas à expliquer qu'il aime la viande et qu'il y en aura toujours à la carte, point. Comme les incontournables : poulpe, fondant au chocolat, joue de boeuf, blanquette, ... Dont les habitués ne se lassent pas ! Il ne leur ferait pas ça, il a été l'un d'eux quand il bossait dans le cinéma. Avant de changer tout en 2012 pour reprendre la direction de l'endroit menée par l'équipe de Titulus, non loin. Il en gardera la philosophie du plat mijoté, généreux par essence et le plaisir de faire plaisir avec du bon vin. Son plaisir de chef, il l'a aussi en travaillant depuis des années avec des produits de saison, des producteurs locaux et qu'il met même en valeur sur les réseaux sociaux.
Résultat : une belle et bonne cuisine bistrotière (ou bistronomique même) qui fait partie des rares à encore travailler la bête dans son entièreté ! Mais surtout, il a ce talent de décupler les saveurs des produits avec trois fois rien. Sa cuisine évolutive passe par l'emploi de légumes pickles, c'est délicieux ! Et les légumes tout colorés qui accompagnent la viande n'ont rien à lui envier, ils sont croquants mais pas trop : justes, quoi. Tout comme les portions pour un trois services dont on ressort la peau du ventre exactement bien tendue, pas trop ni trop peu.

Le gros plus : Le Tournant ne propose pas un menu lunch unique le midi mais les plats de la carte du soir à des prix moins chers. "C'est clairement un produit d'appel pour faire découvrir l'endroit à une clientèle qui pourrait revenir le soir", explique le chef qui a mis ce sytème en place face à la concurrence de la place de Londres et de la place St-Boniface, bourrés de restos moins chers, "mais moins bons", selon lui.
Et le bon, il sait ce que sait Denis Delcampe... Exemple avec le gâteau au chocolat de Mademoiselle Simone, à la carte depuis l'ouverture du Tournant dans les années 2000, d'après la recette de la grand-mère de la copine d'une serveuse de l'époque (on ne sait plus trop à vrai dire, l'intérêt étant dans le fondant somptueux de ce dessert)... Quand il est arrivé il y a 11 ans, le chef a rajouté... bien plus de bon beurre et encore plus de chocolat. Et depuis ça part encore plus. Nous en revanche, on part du Tournant mais pour mieux y retourner.
> Le Tournant, chaussée de Wavre, 168 - 1050 Ixelles. Ouvert le midi du mercredi au vendredi et le soir du lundi au vendredi. Menu du midi 2 services, 27€, 3 services, 32€. Le soir : 3 services, 47€ avec accord mets/vins ou saké, 67€. Rés. en ligne sur restaurantletournant.com et au 02 502 61 65.