Bonne Bouteille / Brunello di Montalcino
Plutôt qu'une bouteille en particulier, je voudrais attirer votre attention sur une région et une appellation. Nous sommes en Toscane, où la tradition viti-vinicole est très certainement l'une des plus anciennes et des plus constantes au monde. Montalcino est tout en collines douces, une île de nature, loin des autoroutes, dans la province de Sienne.
- Publié le 24-01-2001 à 00h00
Quelle lumière! Terroir bien marqué dont la vigne n'occupe qu'une petite superficie, à côté des oliveraies et des exploitations forestières et agricoles. Climat tempéré (très chaud, l'été). Sols argileux et rocailleux (les «galestros»). Et seulement 1.300 hectares de vignes. C'est très peu (et cela explique certains prix), même si la superficie du vignoble croît constamment.
La quasi-totalité de la bonne centaine de producteurs est réunie au sein du «Consorzio», qui est venu dire à Bruxelles que ses vins méritaient sans doute plus d'attention de la part des consommateurs avertis que nous sommes.
On juge un producteur de Montalcino sur son «Rosso», référence générique de base qui bénéficie toutefois de la DOC (dénomination d'origine contrôlée). Introduit sur le marché le 1er septembre de l'année qui suit la vendange, il est généralement brillant, limpide, habillé d'une robe rubis marquée. Les petits fruits rouges sautent au nez. En bouche, il sera vif et vigoureux, frais et craint parfois une finale asséchante. On le dit apte à vieillir, mais sa consommation est conseillée sans délai.
Trouver une bouteille (de forme bordelaise) à moins de 500 F relève de l'exploit. Compter plutôt entre 700 et 900 F. Il fera bonne figure sur des plats structurés de viandes ou des entrées de pâtes (même en sauce). Servez-le vers 17-18° et vous lui rendrez service.
Deux ou trois adresses qui ne déçoivent pas: l'Agricola Centolani (distribué par Het Wijnhuis à Anvers); le Castiglion del Bosco (Grande distillerie de Charleroi), la Ciacci Piccolomini d'Aragona (par Licata qui distribue aussi le très remarquable Fanti).
J'ai également été séduit par le Siro Pacenti (Leirovins à Wetteren), un vin d'auteur, pas facile, avec beaucoup de complexité et de nuances, agréablement épicé. Une découverte pour connaisseurs.
Petit coup de coeur encore pour la Tenute Silvio Nardi (La Ferrarese à Bruxelles), typique de son appellation avec beaucoup de fruité. Et pour la Villa Poggio Salvi (Covinex à Bruxelles) avec une curieuse touche vanillée.
Le sommet de l'appellation est le Brunello di Montalcino proprement dit, produit exclusivement avec le cépage Sangiovese, que l'on appelle précisément «brunello» là-bas. Rendements stricts, DOCG (dénomination d'origine contrôlée et garantie), vieillissement obligatoire de deux ans en fût de chêne, affinement de quatre mois en bouteille (six pour le «Riserva»), introduction sur le marché cinq ans seulement après la vendange. Garde impressionnante. Prix en rapport. Mais c'est un vrai bonheur rare et incontestablement un des plus grands vins italiens. Les grands millésimes: 1988, 1990, 1995 et 1997.
© La Libre Belgique 2001