Savez-vous planter des chicons ?
Publié le 20-01-2018 à 13h16 - Mis à jour le 20-01-2018 à 13h41
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Faire pousser ses propres endives à la cave, c’est possible ! En plus, c’est facile et pas cher…
Arnout Vandamme se souvient qu’enfant, lorsqu’il rendait visite à son grand-père dans les Marolles, il y avait toujours des bacs à chicons… Longtemps en effet les Bruxellois ont cultivé ce légume dans leur cave. C’est ce souvenir qui a poussé ce jeune Courtraisien à créer le projet "Witloof in de stad/Chicon en ville" il y a deux ans à Bruxelles.
Avec le développement de l’agriculture urbaine et grâce au soutien de Bruxelles Environnement - dans le cadre du projet Good Food initié par la Région Bruxelles-Capitale pour une alimentation plus durable -, Arnout a eu l’idée d’organiser des ateliers pour apprendre à tout un chacun à planter des chicons chez soi. Et c’est simple comme bonjour !
Une méthode facile, un résultat gratifiant
Rendez-vous était donc donné à une quinzaine de participants le 16 décembre dernier chez "Refresh" - chouette cantine conscientisée d’Ixelles - pour apprendre à faire pousser des chicons à la maison. Pour ce faire, il faudra juste se procurer des racines de chicorée et respecter quelques principes de base. Si, lors de cet atelier, un kit de démarrage est proposé, en général, on achètera les racines de chicorée chez un fermier, qui aura planté ses semences en avril et récolté en août de belles carottes. Pour préparer les racines à produire des chicons, le fermier aura ôté les feuilles vertes qui auront poussé entre-temps, et les aura découpées à 17 cm de longueur. Ensuite, il aura mis ces carottes au repos, en vernalisation, pendant quelques mois. Puis viendra l’étape du forçage, soit la deuxième poussée dans des conditions contrôlées.
C’est à partir de là qu’on utilise les racines de cichorium intybus à la maison. Il suffira de prendre une bouteille d’eau (voir photo) et d’y faire quelques trous à la base ou d’opter pour un plus grand bac, mais il est impératif que l’irrigation se fasse par le bas. Les racines de chicorée doivent être plantées en rangs serrés dans un terreau sans engrais. Car contrairement à d’autres légumes, le chicon n’aime pas les sols riches. Il est également important qu’il y ait en permanence quelques centimètres d’eau pour irriguer les racines. Il faudra ensuite maintenir le tout à une température entre 12 à 18°C et à l’abri de la lumière pour empêcher la photosynthèse. Trois à quatre semaines plus tard, les chicons seront déjà prêts à être récoltés. Mais attention, un chicon ça se casse, ça ne se coupe pas !
En plus d’initier les Bruxellois à la culture du chicon, Arnout consacre aussi des ateliers à sa cuisine où dans un esprit zéro déchet, il va même jusqu’à cuisiner la racine de chicorée…

La folie chicon
Le Belge est le plus gros consommateur de chicon au monde, il en consomme 8 kg par personne et par an. Pas étonnant donc qu’il y ait chez nous un véritable engouement pour ce produit typiquement belge (cf. ci-dessous). De nombreuses autres initiatives sont en effet organisées autour du chicon à Bruxelles. Le 3 mars, la commune de Schaerbeek organisera, en partenariat avec Arnout Vandamme, toujours lui, un "Salon Chicon". Où quelques cuisiniers amateurs organiseront, avec l’aide financière et logistique de la commune, des tables d’hôtes autour d’un menu trois services qui aura pour but de mettre en valeur le légume.
Chicon peut aussi rimer avec champignon. Ainsi PermaFungi - coopérative à finalité sociale installée depuis 2014 dans les caves de Tour et Taxis qui s’est fait un nom en produisant des pleurotes à partir de marc de café recyclé - cultive aussi, depuis novembre 2016, des chicons bio dans le même substrat qui a servi à faire pousser les champignons. On les déniche dans la chaîne de supermarchés durables "Färm" à Bruxelles.
En octobre 2017, un autre projet a également vu le jour : "Mr Fungi & Mme Witloof", initié conjointement par les communes de Saint-Gilles et de Forest, toujours dans le cadre de la stratégie GoodFood. Une partie du site de l’Imprimerie de Forest, où est installé un potager pédagogique, a été dédiée à la production urbaine de chicons et des ateliers gratuits à destination du grand public y sont organisés. Lors de ces formations, on apprendra à planter des chicons, après avoir fait pousser des champignons, sur la base des résidus…
De quoi démontrer qu’il est possible de cultiver de manière durable un produit local chez soi, dans un esprit d’économie circulaire !
Envie d’essayer ? Toutes les infos sur les ateliers culture (5€) et cuisine (25€) du chicon organisés par Arnout Vandamme chez "Refresh", "Bees Coop", "Recyclart"… sur Facebook.com/witloofchicon. Avec, bientôt, la possibilité de commander en ligne les racines de chicorée chez "Bees Coop" auprès de Koen Van Haesendonck à Zemst, une ferme familiale spécialisée dans la culture de chicons de pleine terre depuis des décennies (10 ou 20 racines pour 3,50€ ou 7€).