Lorsque manger sainement devient une obsession...
On connaissait l'anorexie, la boulimie, l'hyperphagie, mais un nouveau trouble alimentaire commence à se répandre progressivement. Il s'agit de l'orthorexie.
Publié le 27-02-2014 à 12h18 - Mis à jour le 10-03-2014 à 09h56
On connaissait l'anorexie, la boulimie, l'hyperphagie, mais un nouveau trouble alimentaire commence à se répandre progressivement. Il s'agit de l'orthorexie. Littéralement, ce mot issu du grec, veut dire « manger droit » et donc le plus sainement possible. Jusque là, quoi de si terrible? C'est même plutôt positif. Mais, lorsque les bons réflexes deviennent obsessionnels, on ne parle plus d'habitude de vie équilibrée, mais bien de pathologie.
Dans son livre « Pourquoi cette peur au ventre? » sorti ce mois-ci dans les librairies, Patrick Denoux parle de « névrose culturelle ». Professeur de psychologie interculturelle à l'université de Toulouse-Le Mirail, il explique les causes plus que probables de cette pathologie. Une véritable terreur alimentaire s'est installée chez certaines personnes suite à différents scandales tels que la viande de cheval qui s'invite dans les lasagnes, ou encore la vache folle, les pesticides qui envahissent nos fruits et légumes, etc. Sans compter les innombrables documentaires qui nous rappellent sans cesse que nous ingurgitons du poison à longueur de journée. D'ailleurs, de nombreuses mamans ont été interpellées hier soir par l'enquête sur l'aluminium diffusée dans « Questions à la Une » sur la RTBF. Des produits pour bébés contiendraient cette substance toxique.
Chez les personnes plus anxieuses, cette peur peut donc mener à l'orthorexie. Le plaisir de manger laisse donc place « l'alicamentation», c'est-à-dire qu'elles ne s'alimentent que pour se soigner. Fini donc les saveurs sucrées, graisseuses, les chips, les sauces, les colorants, la saccharose, le pain (souvent fabriqué à base de farine blanche et puis le blé d'où vient-il, de champs bio?), le riz (c'est à base de glucides), les fruits qui ont été cueillis depuis plus de dix minutes, etc. Se nourrir devient un enfer. L'orthorexique finit donc par s'isoler vu qu'il s'oblige à n'avaler que la nourriture qu'il gère et prépare lui-même. Sans compter qu'il consacre des heures et des heures à réfléchir à son régime. Une maladie réelle, qui prend de l'ampleur, à ne pas prendre à la légère...