Pourquoi médire fait tant plaisir ?
Le fait de critiquer les autres relève souvent d’un problème d’estime de soi.
- Publié le 22-05-2015 à 00h00
- Mis à jour le 23-05-2015 à 12h43
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Le fait de critiquer les autres relève souvent d’un problème d’estime de soi. "Je suis sûr qu’il a obtenu cette promotion parce qu’il fait son lèche-bottes"; "Sa tenue vestimentaire est vraiment vulgaire"; "Sa manie de raconter sa vie sur Facebook est exaspérante". Qui n’a jamais cédé au savoureux plaisir de la médisance ? Entre collègues, amis ou en famille, cela fait du bien de dire du mal. "La médisance, c’est tenir des propos malveillants qu’on pense vrais ou fondés", détaille Jérôme de Bucquois, psychologue et psychothérapeute.
Pourquoi y a-t-on autant recours ? "Ça peut avoir l’intérêt de se rassurer, se dire qu’on n’est pas aussi pire que l’autre", répond d’emblée le spécialiste. "La médisance peut ainsi traduire de l’envie, de la jalousie. Soit on essaie de désidéaliser l’autre. Soit il nous ressemble un peu trop et on le caricature en le mettant à distance."
Médire présente aussi l’intérêt de resserrer des liens avec son interlocuteur. "Il y a quelque chose de fédérateur dans le fait de critiquer une autre personne, de créer une alliance contre quelqu’un", analyse Jérôme de Bucquois.
Avoir recours à la médisance est pourtant inefficace : les propos malveillants sont rarement énoncés en présence de la personne visée. Elle ne va donc pas évoluer ou changer son comportement. Pire, la médisance peut avoir de lourdes implications psychologiques pour la victime. "Ce type de critiques peut nuire durablement à la réputation de quelqu’un. La personne visée peut développer un sentiment de persécution qui peut aller jusqu’à des envies de suicide."
Comment mettre un terme à l’habitude de critiquer les autres ? Il faut d’abord procéder à un examen de conscience : "Pourquoi je critique l’autre ? Pourquoi tel aspect de sa personnalité me pose problème ? Pourquoi j’y suis sensible ? Pourquoi je ne lui en parle pas directement ?", interroge le psychologue. "La médisance relève souvent d’un manque d’estime de soi. Une personne qui a une bonne estime de soi n’éprouve pas le besoin de critiquer."
Jérôme de Bucquois conseille aux personnes médisantes de se concentrer sur elles-mêmes plutôt que sur les autres. Si une personne a besoin d’être rassurée, elle peut poser directement la question : "Tu ne penses pas que je suis trop comme ça ?", plutôt que d’avoir recours à la critique systématique des autres.