Faites le test: Etes-vous du genre à voir le verre à moitié vide ?

Il y a des natures plus sombres et d'autres plus colorées. Mais dans un cas comme dans l'autre, le pessimisme et l'optimisme constituent un moteur pour nous faire avancer dans la vie.

Isabelle Lemaire et Charles Van Dievort
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©Patrick De Wilde/HOA-QUI

Qu’il est scandaleux d’afficher son pessimisme dans nos sociétés où, en dépit d’une parfois sinistre réalité et de bien sombres perspectives, l’optimisme le plus béat est de mise. Il n’y a qu’à jeter un œil aux rayons “développement personnel et psychologie” des librairies, très, très, très largement garnis de livres nous donnant 1001 conseils (injonctions) pour voir la vie en rose.

Mais pour certains individus, le “Don’t worry be happy”, le “Always look on the bright side of life”, pas possible. Face à cette dictature du positivisme, ils vont trouver du réconfort grâce au livre de la psychologue américaine Julie Norem, “Découvrez le pouvoir positif du pessimisme”(1). Pendant près de vingt ans, Julie Norem a mené des travaux scientifiques rigoureux sur les pessimistes. Elle en livre les conclusions dans cet ouvrage et démontre les bénéfices du pessimisme.

C’est le concept du pessimisme défensif qui intéresse la psychologue. Il se définit comme tel  : “une stratégie qui nous aide à accepter nos pensées anxieuses au lieu de les nier; un processus qui transforme la pensée négative en action, qui nous aide à accomplir nos objectifs.” Dit autrement, les pessimistes défensifs s’attendent toujours au pire. Ils ne se drapent pas dans des illusions positives, mais ont des attentes basses. Ils imaginent systématiquement comment les choses pourraient mal se passer. Mais au lieu de se laisser paralyser par ce stress et cette anxiété, ils utilisent leurs scénarios d’anticipation pour mener à bien, relever avec une incroyable efficacité un défi professionnel, personnel ou familial.

Lister les problèmes en vue et parer au pire Un exemple concret, cité dans l’ouvrage. Une mère de famille doit prendre l’avion avec son mari et ses jeunes enfants. Elle va anticiper tous les aspects potentiellement désastreux de ce voyage : enfants morts de faim, de soif et d’ennui, coincés sur le tarmac puis se déchaînant dans l’avion. Cette femme va donc emporter boissons et nourriture, vêtements de rechange, jouets et livres (afin de parer à tout besoin), le tout fourré dans des sacs à dos, histoire que son mari et elle aient les mains libres. Délirant pour les uns mais malin pour les autres…

A l’autre bout du spectre, on trouve les optimistes stratégiques. Ce sont ces personnes qui se fixent des attentes élevées avant une situation ou un événement importants, puis qui évitent activement de s’attarder sur la manière dont les choses pourraient se dérouler, et ce, dans le but de protéger l’estime de soi. En cas d’échec, contrairement aux pessimistes défensifs, les optimistes stratégiques ont tendance à nier leur responsabilité, en la reportant sur des facteurs extérieurs.

Dans son livre, la psychologue balaie quelques idées reçues : non, les pessimistes défensifs ne sont pas plus dépressifs, plus anxieux, moins productifs que les optimistes. Et ils n’ont pas besoin d’être soignés ! Ils traitent eux-mêmes leurs émotions négatives, qu’ils sont capables de tolérer à court terme et qu’ils ont réussi à transformer en atout. Les techniques de relaxation, de pensées positives utilisées sur eux sont totalement contre-productives. “Le rose ne va pas à tout le monde” , résume l’auteur.

Julie Norem souligne qu’une même personne peut adopter à la fois des stratégies optimistes et pessimistes dans sa vie, à différents degrés et selon les situations. Elle avertit tout de même que, poussée à l’extrême, la stratégie du pessimisme défensif peut poser problème. Par exemple, s’épuiser à des préparatifs en vue d’improbables catastrophes, ce n’est pas très bon.

Gauchers et pessimistes : même combat Cette ode à la différence se conclut par une analogie. On traite aujourd’hui les pessimistes comme on a longtemps traité les gauchers, en essayant de les faire rentrer de force dans le moule des majoritaires. Cela ne marche pas et c’est inutile car, si le monde est effectivement fait pour les droitiers et les optimistes, les gauchers et les pessimistes sont pleinement capables d’accomplir les mêmes choses que les autres. Mais différemment

(1) “Découvrez le pouvoir positif du pessimisme”, Julie Norem. InterEditions. 2015 (pour la traduction française). 240 p. 17,90 euros.

Le test: êtes-vous un pessimiste défensif ?

Les questions

Ce test figure dans le livre de Julie Norem. Pensez à une situation (professionnelle, personnelle…) dans laquelle vous voulez faire de votre mieux. Répondez aux questions, attribuez-vous une note comprise entre 1 (“pas vrai du tout”) et 7 (“tout à fait vrai”) pour chaque réponse et additionnez votre score.

1. Même si je vais probablement bien faire les choses, je pense d’abord au pire. 2. Je m’inquiète de la manière dont les choses vont se dérouler.

3. J’envisage soigneusement tous les dénouements possibles.

4. Je crains régulièrement de ne pas être capable de mener à bien mes résolutions.

5. Je passe un temps fou à imaginer ce qui pourrait mal tourner…

6… et comment je pourrais corriger les choses si c’était le cas.

7. J’imagine comment je me sentirais si, au final, tout se passait bien.

8. Mais j’imagine aussi comment je me sentirais si tout se passait mal.

9. Je fais attention à ne pas devenir trop confiant dans la perspective de cette tâche à accomplir.

10. Dans cette situation, je me soucie parfois plus de passer pour un idiot que de réussir.

11. Imaginer les scénarios catastrophes m’aide à me préparer.

Les réponses

Si vous avez obtenu un score de plus de 50, vous êtes un pessimiste défensif.

S’il est inférieur à 30, vous êtes un optimiste stratégique.

Entre 30 et 50, vous utilisez les deux stratégies ou aucune d’elles.

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