Nos émotions sont des guides

Les émotions n’ont pas bonne presse dans notre société et notre culture. Voyons, cette semaine, comme faire un tri dans tout cela et se réconcilier un peu avec les émotions. La chronique de Julie Arcoulin, coach en développement personnel et relationnel.

Julie Arcoulin

Les émotions n’ont pas bonne presse dans notre société et notre culture. Il y a du progrès, je vous l’accorde, mais je reçois régulièrement des personnes me disant « J’en ai marre, je suis trop émotive, sensible, à fleur de peau,… » ou encore « On lit en moi comme dans un livre ouvert et ça se retourne contre moi. » Voyons, cette semaine, comme faire un tri dans tout cela et se réconcilier un peu avec les émotions.

"Je suis trop émotif(ve)"

Tout d’abord, il serait intéressant de se demander ce que c’est d'être "trop émotif". Quel est le moment où l’on passe de trop, à trop peu, ou l’inverse ? Quel est le bon équilibre ? Et surtout, QUI définit si vous l’êtes trop ou trop peu ?

Si c’est vous qui vous considérez comme trop émotif(ve), est-ce vraiment vous ? Ou quelqu’un a-t-il mis ça dans votre tête ? Si c’est votre entourage qui vous classe dans la catégorie des « trop », demandez-vous quel rapport ces personnes ont avec leurs propres émotions. Il arrive très souvent que ceux qui accusent les autres d’être trop émotifs soient, en fait, des personnes qui ont du mal à exprimer leurs émotions, du mal à gérer leurs émotions et sont mal à l’aise avec les émotions des autres. Vous "accuser" de ne pas savoir gérer les vôtres est, peut-être, le simple reflet de leur incapacité à exprimer leurs propres émotions.

Bref, quand quelqu’un vous fait un reproche, il est important de se demander quelle part de ce reproche est en fait un simple reflet de la personne elle-même.

Si, par contre, c’est vous (et vous seul(e)) qui êtes gênée par vos émotions, il y a évidemment des façons de travailler cela. Mais d’abord, permettez-moi une petite réflexion sur les émotions.

Les émotions positives ou négatives

Ce type de classement est courant. Il y a les émotions dites positives et les émotions dites négatives. C’est une vision très radicale des choses et qui ne permet pas beaucoup de nuances. Si vous changiez votre regard là-dessus ?

Qui a dit que la colère, l’anxiété, la tristesse, la peur étaient des émotions forcément négatives ? Evidemment, ce ne sont pas des états dans lesquels on aime se trouver et, sur le long terme, il est important de ne pas sombrer dedans. En attendant, il vous est possible "d’écouter" ces émotions et de comprendre ce qu’elles vous disent, quels messages elles tentent de vous faire passer et surtout, ce que vous pouvez en faire pour avancer. Sans oublier, c’est certain, l’étape de l’acceptation. Nous y reviendrons. Eviter à tout prix de ne pas ressentir ces émotions "négatives" donne, à long terme, des individus déconnectés d’eux-mêmes et incapables de gérer la frustration, la tristesse ou la colère. Bonjour les dégâts.

Il faut aussi accepter que la vie ne soit pas un tracé plat et que les moments, difficiles et douloureux, existent et sont là pour nous enseigner quelque chose. En regardant les choses de ce point de vue-là, vous vous ouvrez à la possibilité de faire de vos émotions des alliées. Et si cette porte-là est ouverte, celle de l’acceptation l’est aussi.

Les émotions non acceptées et donc, avec beaucoup de chances, refoulées, nous poussent à avoir des comportements d’évitement. Si ces comportements sont relativement "efficaces" à court terme (se ruer sur de la nourriture ou de l’alcool, par exemple), c’est sur le long terme qu’ils sont plus dangereux. Etouffer sa tristesse, sa culpabilité, sa colère par un morceau de gâteau ou un verre de vin sera comme mettre un sparadrap sur une fracture ouverte. Si, au contraire, vous accueillez l’émotion en vous demandant ce qu’elle a à vous dire, vous aurez saisi une belle opportunité de mieux vous connaître et de vous respecter.

Donc, si vous faites partie du club des (jugés) trop émotifs, ne tentez pas de mettre le couvercle sur la casserole en ébullition, car cela débordera quand même. Interrogez-vous plutôt sur ce qui provoque cette émotion et ce qu’elle tente de vous dire.

La peur, par exemple, est une réaction instinctive qui vous permet d’éviter le danger. Elle n’est paralysante que parce que vous la laissez vous paralyser dans certaines situations. Mais elle est également très utile dans d’autres cas. CQFD.

Comment faire pour écouter ses émotions ?

Raison et émotion sont souvent opposées. Et pourtant… L’une sert l’autre. À condition que vous fassiez de vos émotions des bons guides. Voici quelques idées :

  • Une émotion commence par un ressenti physique. Il faut y être attentif et ne pas l’ignorer.

  • Lorsque vous avez ce ressenti physique, tentez de savoir ce qui l’a provoqué.
  • Ne condamnez pas vos émotions et ne vous en voulez pas de les ressentir.
  • Tentez de comprendre quel besoin se cache derrière l’émotion.
  • En résumé, ne faites pas la peau à vos émotions, ne les refoulez pas, ne les mettez pas sous le tapis car tôt ou tard elles referont surface et pas forcément de la manière douce. Soyez attentifs à vos ressentis physiques, il est possible que chaque émotion se loge dans un endroit différent. Après un temps d’observation, vous saurez facilement et très rapidement identifier l’émotion en fonction de l’endroit où elle se déclare. Vous pourrez ainsi mettre le doigt sur les répétitions de situations dans lesquelles vous ressentez telle ou telle émotion. Il y a peut-être une blessure qui se cache derrière…

    Enfin, n’oubliez pas que la compréhension de vos émotions vous permet de vous adapter à votre environnement social, professionnel et familial.

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