Pourquoi ne tient-on pas ses bonnes résolutions ?

Laurence Dardenne
CHAMPAGNE BOTTLE WITH CORK POPPING OUT Reporters / Mainstream_data
CHAMPAGNE BOTTLE WITH CORK POPPING OUT Reporters / Mainstream_data ©Reporters / Mainstream_data

On sait que janvier est traditionnellement le mois des promesses qui ne seront pas toujours tenues. Mais saviez-vous que si elles sont réalistes, pas trop contraignantes, tournées vers les autres, elles seront tenues ? T’avais pris les bonnes résolutions. C’était ton 31 décembre à toi puis y’a eu ton 1er janvier. Tu croyais puis t’avais juré. T’avais juré qu’tu mentirais plus, que tu t’pèserais plus, puis que tu t’aimerais, puis t’avais juré, t’avais juré qu’ce s’rait différent… C’était les espoirs, […] c’était le Nouvel An, c’était les ‘j’te jure’, "j’te promets’, les serments. C’était les vœux, c’était les moins vieux, c’était on va s’en tirer, on sera heureux. Et puis, t’as le mardi 3 janvier. C’est déjà deux jours après, tout a changé. La rentrée, le p’tit cartable, le p’tit bureau, le p’tit ticket de métro. Et puis, t’es un peu gros. Et puis la vie, elle t’a repris. Et puis on est seul. […] Et puis la vie, elle a pas toujours tort. Et tu recommenceras. Et tu feras les vœux du 4, puis du 5, du 6… Et en attendant, ça glissera sur toi. Et puis tu seras heureux quand même parce t’as pas besoin de vœux, t’as besoin de l’instant présent. L’instant présent, c’est se réveiller, aller attaquer sa journée, aller chercher les croissants avec les dents…".

Pourquoi ce texte d’Edouard Baer sur les résolutions du 1er janvier a-t-il créé le buzz après sa diffusion sur radio Nova ? Pourquoi a-t-il tant touché ? Parce qu’il était empli d’émotion ? Parce qu’il a simplement vu juste ?

Les raisons de prendre des résolutions

Mais pourquoi donc prenons-nous des (bonnes) résolutions ? Parce que c’est de saison ? Si l’on en juge par les études réalisées sur le sujet, maigre (10 à 20 %) est la proportion de celles et ceux qui arrivent à les tenir. Quelles sont les raisons de ces échecs ? Ne mettons-nous pas la barre un peu trop haut ?

"Parmi les raisons qui font que l’on n’arrive pas à tenir nos résolutions, il y a le fait que notre comportement est beaucoup plus déterminé par le court terme que par le long terme, c’est-à-dire souvent davantage par les choses qui nous paraissent urgentes que par celles qui sont réellement importantes", répond Ilios Kotsou, du Centre de recherche en psychologie sociale et interculturelle. "Il y a aussi le fait que souvent ces bonnes résolutions exigent beaucoup de sacrifices à très court terme alors que les bénéfices s’avèrent généralement plus lointains. Si on prend les exemples de la cigarette, du régime ou du sport, cela demande des sacrifices immédiats alors que le bénéfice d’être en meilleure santé ne se verra que bien plus tard. Et comme nous sommes plus dirigés par l’urgence que par l’importance, les priorités se placent à ce niveau d’immédiateté."

L’excès d’ambition dans nos bonnes résolutions explique-t-il aussi le taux d’échecs ? "Oui", estime encore le psychologue. "Il ne faut pas être trop ambitieux. Mieux vaut se trouver une petite chose concrète, un petit objectif précis et réaliste que beaucoup de grandes résolutions très ambitieuses. Le fait de planifier, étape par étape, est aussi gage de succès. Se dire, par exemple, je vais commencer par marcher trois fois par semaine pendant 10 minutes est une résolution qui a davantage de chances d’être tenue que se promettre d’emblée de faire deux heures de sport par jour."

Mieux profiter de la vie

Dans l’idée du renforcement positif, "le fait qu’il y ait, dans les bonnes résolutions, quelque chose de joyeux, de positif, augmente les chances de réussite", poursuit Ilios Kotsou. "Les choses que l’on fait pour les autres ou la nature, par exemple, ont un meilleur impact pour notre bien-être que celles que l’on ferait uniquement pour soi. Par exemple, une bonne résolution liée à une action sociale ou à l’écologie donne plus de satisfaction que celles qui sont tournées vers nous-mêmes."

Une autre raison qui fait qu’on ne tient que rarement ses bonnes résolutions est qu’"elles sont en général liées à des contraintes plus qu’à des plaisirs", fait remarquer ce doctorant en psychologie, formé à la pleine conscience. "On ne les fait pas nécessairement pour se faire du bien mais parce que l’on pense qu’on devrait les faire."

Une étude a ainsi montré que le seul groupe qui était arrivé à tenir ses bonnes résolutions était celui dont les bonnes résolutions consistaient à se faire plaisir, en l’occurrence à mieux profiter de la vie. C’est évidemment plus facile à tenir qu’à s’obliger à perdre des kilos, arrêter de fumer ou faire du sport tous les jours…

Et vous, avez-vous pris des bonnes résolutions? Lesquelles? Pourquoi? Pensez-vous pouvoir les tenir?

Dans le cadre d'une étude portant notamment sur les bonnes résolutions, Ilios Kotsou, du Centre de recherche en psychologie sociale et interculturelle de l'ULB, vous propose de participer à l'enquête, en répondant à un questionnaire via ce lien https://goo.gl/forms/AXwW8jEeS3U3Ilyn2

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