Se balader dans la nature, c'est agréable mais prendre un bain de forêt, cela nous soigne !
Nous savons intuitivement que la nature nous fait du bien. Et pour le ressentir en conscience, rien ne vaut les bains de forêt. Nadège Albaret, sylvothérapeute nous explique pourquoi.
Publié le 30-11-2020 à 17h31
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Par tout temps, dans les bois, forêts et champs des alentours de Berchem-Sainte-Agathe, Nadège Albaret emmène des groupes pour une immersion-déconnexion guidée qui fait du bien. Le succès et l’étonnement sont toujours au rendez-vous. Une balade de quelque deux heures dans le silence, ponctuée de moment de relaxation, de respiration, de ressenti guidé par cette psychologue et sophrologue de formation, pour se retrouver avec soi-même et prendre mieux conscience de tout ce que la forêt nous apporte.
Les bains de forêt sont l’adaptation occidentale du Shinrin Yoku, une pratique reconnue au Japon comme étant une médecine préventive, qui s’inscrit dans une tradition japonaise, le Shintoïsme. " Au départ, c’est le directeur de l’agence des forêts qui a conseillé aux urbains stressés, malades, souffrant de cette accélération soudaine du progrès, de retrouver du sens et de la relaxation dans le forêt. Des études ont été activement menées sur les bienfaits que cela pouvait apporter : notamment par les professeurs Qing Li et Yoshifumi Miyazaki dans les années 90", raconte Nadège Albaret.
En Europe, la sylvothérapie est devenue tendance mais globalement, on la considère comme une pratique accessoire, un peu "new age" : "Moi, embrasser les arbres, tu m’as vu ?". Et pourtant, depuis des années qu’elle en organise, Nadège Albaret a pu se rendre compte des profonds bienfaits que cela apportait.
La nature disparaît pour des environnements pensés par l'homme

On ne ressent pas la même chose devant une photo urbaine et une photo de nature...
" Notre corps continue à reconnaître la nature comme son environnement naturel ", insiste-t-elle. Or, depuis un siècle, le progrès s’emballe et la nature recule des lieux de vie humains. En 1800, 3 % de la population mondiale vivait en milieu urbain, 14 % en 1900, 54 % en 2020 et les projections font état de 66 % en 2050 ! Une accélération exponentielle auquel l’être humain n’a pas pu s’adapter totalement : résultat, notre vie actuelle est facteur de stress continuel. Alors bien sûr, "on fait avec" mais lorsque l’on replonge le corps (et le cerveau) dans un environnement naturel, avec des arbres, les études ont montré qu’il y avait détente immédiate : baisse de la pression artérielle et du rythme cardiaque par exemple. " On est programmé pour vivre dans la nature et nos paramètres se mettent au diapason, en synchronicité. Ce sentiment de complétude dans la nature nous est transmis par l'expérience de quelques 350000 générations d'humains ayant vécu dans la nature avant nous et qui se sont adaptés pour survivre ! "
Mais qu'est-ce qui se passe au juste dans la forêt ? " D'abord, nos cinq sens sont touchés par la forêt : les jeux de lumière dans les feuilles, le bruit du vent, des oiseaux, des branches qui craquent, la rugosité d'un arbre, la douceur de l'herbe, ramasser un marron, ... Cela a un effet apaisant, ramenant notamment l'activité électrique de notre cerveau aux ondes alpha, libérant de la sérotonine ", énumère Nadège.
Au diapason des phytoncides

C'est surtout notre odorat qui va être puissamment touché : " La nature produit des phytoncides, des molécules chimiques et phytothérapeutiques qui émanent des plantes, elles ont pour objectif de les défendre contre les bactéries ou les champignons nocifs pour eux", cite Nadège. Les phytoncides varient d’une espèce à l’autre et ont un parfum très spécifique. Notre organisme y est super-réceptif : " Les phytoncides ont une action bénéfique sur le système nerveux parasympathique des humains, qui régule toutes les fonctions de régénération et de détente du corps et inhibent le système nerveux sympathique, qui est celui qui nous permet d’agir efficacement en cas de fuite ou d’attaque. Autrement dit, en forêt, l’humain se détend" , explique clairement le sylvothérapeute Serge Mang Joubert.
On ajoute à cela un air plus pur, enrichi en oxygène et un champ électro-magnétique nul et tout est fait pour que corps et cerveau se sentent profondément bien. La marche en forêt réduit aussi les pensées ruminatoires, active une zone du cerveau riche en récepteur d'opioïdes, exerce une "fascination douce" qui soulage le mécanisme inhibiteur du cerveau qui prend une folle énergie pour se concentrer par exemple. Nadège Albaret évoque aussi les "fractales" que l'humain capte sans même s'en apercevoir, ces formes qui se répètent à l'infini à différentes échelles et qui font apparaître des émotions positives : " le fait de regarder des formes naturelles comme les fractales peut diminuer notre stress de plus de la moitié !", selon Joubert.
Et puis, on met de côté l'heure, la course au temps et tout devient plus relatif, ce qui fait un bien fou !
Retrouver l'énergie vitale

Les témoignages de celles et cux qui ont fait un bain de forêt vont tous dans le même sens ( Voir notre reportage ICI ) : on a l’impression de retrouver de l’énergie vitale, on dort mieux par la suite et les bénéfices ne sont pas éphémères, ils peuvent durer parfois une semaine. Nadège Albaret en organise d'avril à novembre, les infos sont sur son site .
Pour en savoir plus, on peut suivre la conférence gratuite via Zoom de Nadège Albaret et et Nolwenn Lécuyer ce mercredi 2 décembre à 19h lors d'un Babel Bar consacré aux bienfaits et aux études scientifiques autour des pratiques du Shinrin Yoku et de la sylvothérapie.