Soins visage, massages, gommages corps, cure minceur ou anti-âge... L'esthétique, un secteur qui ne connaît pas la crise ?
Certains instituts de beauté ne désemplissent pas. Leur secret: innover.
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- Publié le 13-08-2023 à 12h53
- Mis à jour le 13-08-2023 à 13h11
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Offrez-vous une pause bien méritée avec nos massages et soins bien-être” ; “Des techniques efficaces et scientifiquement prouvées pour se détendre et réduire son stress” ; “Un protocole qui combine les manipulations techniques du massage Kobido avec les effets stimulants et régénérant de produits X… pour un teint encore plus radieux” ; “Une technique ancestrale japonaise qui promet un effet lifting naturel pour un contour du visage redéfini et des cernes réduites”… Comment ne pas succomber à ces multiples tentations qui se déclinent sur tous les tons : version manuelle ou option machine, des soins de plus en plus sophistiqués et personnalisés, qu’il s’agisse du visage, du corps ou des cheveux. Dans certains instituts, ça ne désemplit pas : aucune place avant trois semaines pour le prochain rendez-vous. Quand le départ des vacances approche, c’est parfois un peu court.
Faut-il pour autant en déduire que le secteur des soins esthétiques ne connaît pas la crise ? “Pour certains, oui, pour d’autres, non, nous répond Laurence Wuylens, présidente pour la section francophone de l’Union de l’esthétique et du bien-être (Uneb) en Belgique. Il y a en effet parfois une grande différence entre les instituts qui sont dynamiques et qui innovent et ceux qui vivent sur leurs acquis. Ceux-là ont plus de difficultés”.

Ceci étant, si la situation diffère selon les cas, globalement, on peut dire aujourd’hui que “la fréquentation des instituts de beauté est correcte dans notre pays, selon Laurence Wuylens, même si, après la crise Covid, certains instituts ont eu beaucoup de mal parce qu’une partie de leur clientèle a commencé à faire ses soins elle-même à domicile et n’a plus réintégré les salons ensuite. Une partie de la clientèle a été perdue”. Un phénomène que connaissent aussi les salons de coiffure.
Mais pour la présidente francophone de l’Uneb, la plus grande difficulté à laquelle est aujourd’hui confronté le secteur de l’esthétique et du bien-être est le manque de personnel qualifié. “Certaines personnes se proclament esthéticiennes alors qu’elles n’ont pas la formation de base requise, déplore-t-elle. Elles manipulent des appareils et font un peu tout et n’importe quoi. Beaucoup de gens pensent que se former à l’esthétique ne demande que peu d’étude, ce qui n’est pas exact, même s’il existe des écoles privées qui proposent des formations de six mois. Certains instituts qui marchent bien sont parfois contraints de refuser des clients car ils n’ont pas le personnel qualifié suffisant”.
Sur le terrain, Luc Deweer, qui dirige l’Institut Nadine Salembier à Bruxelles, complète : “Chez nous, une nouvelle collaboratrice est systématiquement formée à nos techniques et nos protocoles de soins et de produits “maisons”. Cela peut prendre plusieurs semaines avant que nous la laissions pratiquer les soins sur la clientèle. Pas question pour nous de laisser une esthéticienne travailler si elle n’est pas 100 % au top. C’est l’un des grands défis actuels sachant que les opportunités de trouver du travail sont réelles pour le personnel vraiment professionnel. Il y a donc une rotation qui est malheureusement importante et par conséquent le temps consacré aux formations représente un sérieux coût récurrent”.
De plus en plus de technologies
Il faut dire qu’avec, en outre, l’introduction de nombreuses technologies pas anodines, la situation est devenue encore plus complexe. “Les instituts de beauté ont beaucoup plus de technologies à leur disposition, essentiellement dans les domaines de l’anti-âge et l’amincissement, qui amènent beaucoup plus de clients, confirme Madame Wuylens. Quant à savoir si elles sont sûres et efficaces, c’est effectivement le problème… On peut avoir une technique qui est efficace mais dont les machines ne sont pas au point ou mal utilisées. Pour le consommateur, il est en effet difficile de s’y retrouver. Il faut donc toujours bien se renseigner sur les compétences de l’institut de beauté. Et ne pas se fier à une devanture bling-bling ou à un gros centre, car ce ne sont pas forcément les instituts les plus luxueux qui sont les plus compétents. Il est important de pendre ses renseignements au préalable : savoir depuis quand l’institut est ouvert, quelles sont les compétences du personnel, avoir un consentement éclairé… Pour cette raison, l’Uneb veut instaurer des formations afin de s’assurer de l’expertise des praticiens. Il est essentiel qu’ils puissent par exemple faire une bonne anamnèse de la peau et du corps, avec des indications concrètes. Sans cela, on peut introduire de mauvaises informations dans la machine et c’est ainsi que des catastrophes arrivent”.
Les grandes tendances
Une autre difficulté à laquelle semblent de plus en plus confrontés les instituts de beauté est le phénomène des annulations, soulève Luc Deweer. “Nous subissons un autre fléau, celui des annulations et des “no-show”, déplore-t-il. C’est malheureusement quotidien : une cliente bloque un rendez-vous et ne se présente pas ou l’annule en dernière minute. Résultat, les heures non productives viennent grever la rentabilité de l’institut. Nous avons mis en place un système de paiement d’acompte pour les plus longs soins afin d’éviter ce problème, la clientèle le comprend mais rechigne parfois à s’exécuter”.

Dans ce contexte, rester à l’écoute des tendances voire, si possible, les anticiper ou les lancer reste certainement un atout majeur. Quelles sont-elles à l’heure actuelle ? “Les centres d’onglerie et de massage fonctionnent très bien, d’après Laurence Wuylens, convaincue que le bien-être a vraiment pris une place de plus en plus importante depuis la crise sanitaire. On s’est finalement rendu compte que notre métier apporte un bien-être dont on a grandement besoin”.
En ce qui concerne les soins dispensés, cela dépend de la saison. “En cette période, nous avons essentiellement des épilations, des manucures, des pédicures alors qu’en hiver, ce sera davantage des massages et des oints visage. De manière générale, on note que les gens s’occupent beaucoup plus d’eux au niveau des massages et de l’anti-âge”.
Un secteur qui devrait rester porteur
À propos de l’avenir, “c’est un secteur qui est porteur et qui le sera encore davantage à l’avenir dans la mesure où les gens font de plus en plus attention à eux et à leur bien-être, estime la présidente de l’Uneb. Il évoluera avec les différents types de clientèle. Il y a en effet les personnes qui recherchent avant tout du bien-être, une prise en charge, le contact et le confort. Pour celles-là, les techniques de soin manuelles, qui se sont d’ailleurs fort développées ces dernières années, restent primordiales. D’autres personnes sont plutôt à la recherche de techniques de pointe, de l’efficacité et de résultats dans leurs soins. L’idéal serait d’associer les deux : être une véritable professionnelle qui travaille avec ses mains et faire en sorte que la machine soit comme le prolongement de ses mains. Ce serait travailler avec des techniques performantes qui donnent du résultat au client mais en même temps prouver que la main reste centrale pour le secteur de l’esthétique. Mais quoi qu’il en soit, ce contact manuel, on continuera toujours à le chercher, c’est certain.”
Qui fréquente les instituts de beauté et quel est le budget ?
Le public qui fréquente les instituts de beauté et centres de bien-être semble non seulement de plus en plus nombreux, mais aussi plus varié : des femmes, mais aussi des hommes ; des personnes plus âgées mais également des jeunes. “Il y a à présent aussi bien des hommes que des femmes qui se rendent dans les centres de massage, nous assure Laurence Wuylens, présidente de la section francophone de l’Union nationale de l’esthétique et du bien-être. Au niveau des classes sociales, cela dépend des centres, et davantage de la personne que de la catégorie sociale. Il peut y avoir des gens qui ont de gros moyens financiers et qui ne fréquentent pas les instituts de beauté tout comme il existe des personnes qui ont des revenus moyens mais pour lesquelles il est important de se faire les ongles, un soin visage, un maquillage semi-permanent. Au niveau de l’âge, s’il est certain qu’au-delà de 50 ans, les gens ont généralement un plus gros budget à dépenser, il existe aussi de plus en plus de personnes entre 25 et 40 ans qui n’hésitent pas à consacrer un certain budget dans les instituts de beauté.”
Les budgets s’avèrent d’ailleurs de plus en plus conséquents, toujours selon cette spécialiste du secteur. “Il n’est pas rare que des personnes consacrent 200 ou 300 € pour un maquillage semi-permanent, font chaque mois un soin visage à 100 € ou investissent 500 €, voire davantage dans une cure avec appareils. D’ailleurs, on voit que les centres ayant investi dans des technologies avancées efficaces ont vu leur chiffre d’affaires augmenter. Mais le consommateur devrait toujours s’assurer qu’il s’agit d’une technique correcte et que ce n’est pas de la poudre aux yeux.”