Libéral et libertarien, deux courants à ne pas confondre

Sujet aux amalgames de notre côté de l'Atlantique, remettons de l'ordre dans nos idées et voyons pourquoi et dans quelle mesure cette distinction occupe une place primordiale, au pays de l'Oncle Sam.

Libéral et libertarien, deux courants à ne pas confondre
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Sacrilège ! Ne confondez pas "libertariens" avec "libéraux" ! Sujet aux amalgames de notre côté de l'Atlantique, remettons de l'ordre dans nos idées et voyons pourquoi et dans quelle mesure cette distinction occupe une place primordiale, au pays de l'Oncle Sam, qui plus est en période de campagne électorale.

Les libertariens se situent tout à fait à droite de l'échiquier politique. A l'inverse des libéraux, qui en occupent le côté gauche. Chez nous, les libéraux sont à droite et s'inscrivent dans la veine libertarienne.

Et c'est pourtant bien dans le but d'opérer une distinction entre les deux qu'a été créé ce néologisme. En guise de cours d'histoire de linguistique, le mot "libertarien" est en fait issu de l'anglais "libertarian". Lui-même traduit du français "libertaire" (et du latin liber, libre).

Les libertés individuelles comme crédo

Le libertarianisme est une philosophie politique aujourd'hui incarnée, à l'échelle des États-Unis, par le Parti Libertarien de David Nolan. Ce dernier a vu ses fondements repris par le Tea Party, prenant même racine au sein du parti Républicain. Ronald Reagan n'avait-il d'ailleurs pas déclaré que "le libertarianisme est le cœur et l'esprit du conservatisme" ?

Ce courant de pensée se fait le promoteur d'un marché sans entrave au nom de la liberté individuelle. Celle-ci est un droit naturel et donc inaliénable ; nul ne peut mettre à mal un individu, sa personne, sa liberté ou sa propriété.

En témoigne le diagramme proposé par le fondateur du Parti Libertarien. Le courant libertaire y est présenté, sur un tableau à double entrées, comme un mélange de liberté individuelle et de liberté économique totales.

L'impôt, c'est du vol

Ainsi, cette liberté régit les rapports sociaux, les échanges économiques et le système politique. Justement, cette prépondérance de la liberté individuelle, ou des libertés individuelles, est le "core business" du parti de Mitt Romney. Il lui oppose l'intervention de l’État dans la vie des citoyens américains. Les Libertariens verraient bien disparaitre cet état providence, ou du moins réduire son intervention aux matières régaliennes.

Les Démocrates et l’État providence en ligne de mire

Les Républicains (et tout ceux qui se trouvent à sa droite), critiquent sur cette base l'administration Obama. "Nous ne voulons pas que l’État régisse nos vies et contraignent nos libertés", scandent les partisans de droite. Le système d'assurance santé ("Obamacare") prôné lors du mandat d'Obama à la Maison Blanche est donc jugé à l'aune de ce courant de pensée. L'augmentation des taxes suit d'ailleurs la même logique. Si l'on suit la logique développée par les premières tentatives de construction d'une théorie libertarienne, "du droit naturel et de la propriété de soi découle le principe selon lequel chaque individu est le seul propriétaire légitime des fruits de son travail : puisque je suis propriétaire de mon esprit et de mon corps, je suis également propriétaire des biens qu'ils produisent, qui ne peuvent donc être cédés que par le biais de l'échange volontaire ou du don". Si coopération il y a, elle doit être libre, consensuelle et volontaire.

Ainsi, tout ce qui constitue une entrave imposée aux libertés individuelles et notamment à la liberté d'entreprendre sont vues comme nuisibles, y compris la solidarité entre individus. Obama est, au regard de ce courant de pensée, taxé de "socialiste". L'insulte suprême aux yeux des libertariens.


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