L'"émocratie", la gouvernance sous le coup de l'émotion

Alors que le projet de loi sur le durcissement de l'accès à la libération conditionnelle a été adopté en commission à la Chambre ce mardi, les acteurs de la justice dénoncent l'"émocratie", cette forme de démocratie qui suit la loi de... l'émotion.

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L'"émocratie", la gouvernance sous le coup de l'émotion
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La libération conditionnelle obtenue par Michelle Martin a créé un émoi dans l'opinion publique, poussant de fervents opposants dans les rues de Malonne. Les protestations à l'encontre de la complice et ex-femme de Marc Dutroux visaient alors plus le droit dont elle jouissait que le système des libérations conditionnelles de manière générale.

Pourtant, le gouvernement a pris la balle au bond et, réagissant à l'indignation de la rue, a avancé vers une plus grande rigidité dans l'application des peines de prison : le débat sur les peines incompressibles et les libérations conditionnelles était relancé.

Le pouvoir de l'émotion ou l'émotion du pouvoir

Sur les antennes de La Première, Patrick Henry, vice-président d'avocats.be, qualifiait cette réforme d’"émocratie": soit la prise de décision politique dictée par l’émotion. Une vison dépourvue de rationalité et de vision à long terme, déplorent les acteurs de la justice. "On veut réagir dans la précipitation en prenant des mesures qui ne paraissent pas raisonnablement justifiées", s'expliquait Patrick Henry.

Pour rappel, alors qu'aujourd'hui un condamné à 30 ans de réclusion ou à perpétuité n'exécute qu'un tiers de sa peine, il ne pourra accéder à la libération conditionnelle qu'à la moitié de sa peine après adoption de la nouvelle loi. En cas de récidive, ce chiffre monte à deux tiers de la durée de la peine.

Cette mesure est jugée contreproductive pour beaucoup d'acteurs favorables à une vision de la prison moins répressive et davantage tournée vers un objectif de réinsertion des détenus dans la société.

Par ailleurs, le nouveau projet de loi est dénoncé pour son caractère néfaste dans la lutte contre la surpopulation carcérale, problème sur lequel les politiques ne cessent de se casser les dents.

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