Tranches de vie
Scène banale du quotidien: Madame X entre dans une commerce de son quartier peu avant l'heure du petit déjeuner. "Un pain s'il vous plaît..." lance-t-elle. " Coupé?" répond son interlocuteur. " Oui, merci, et bien ensanglanté." Surréaliste, vous dites? Pas tellement que ça.
Publié le 10-09-2013 à 16h53 - Mis à jour le 12-09-2013 à 08h41
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Scène banale du quotidien: Madame X entre dans une commerce de son quartier peu avant l'heure du petit déjeuner. "Un pain s'il vous plaît..." lance-t-elle. "Coupé?" répond son interlocuteur. "Oui, merci, et bien ensanglanté." Surréaliste, vous dites? Pas tellement que ça. C'est en tous cas une réalité – certes tronquée – dans la boutique des horreurs de l'artiste-patissier Kittiwat Unarrom. Installée à Ratchaburi en Thailande, cette «Body Bakery» (pour boulangerie corporelle, NdlR.) appartient en réalité à son père, mais cet ex-étudiant en art aujourd'hui diplômé en a fait le laboratoire rêvé – ou plutôt cauchemardé – de ses inspirations macabres.
Oui, l'ami Kittiwat est un drôle de coco. Son truc? Représenter de façon graphique, brutale et surtout hyper-réaliste des membres humains à base de pain. Drôle d'idée s'il en est. Pour ce faire, celui-ci puisse son inspiration dans les livres d’anatomie ou les musées de médecine légale, transformant la cuisine de son paternel en véritable atelier de film d'épouvante à gros budget. Depuis quelques années déjà, des pieds, des mains, des têtes pendues sur crochets, des visages arrachés, des troncs décapitées ornent ainsi la vitrine de l'échoppe familiale et font frémir curieux de passage et clients potentiels (découvrez la galerie photos, à condition d'avoir l'estomac bien accroché).
L'objectif de l'artiste est clairement de choquer le spectateur, en brouillant ses repères et en bousculant le sens moral. Son minutieux travail sur les textures, la chair, les couleurs ou la pigmentation s'avère troublant de vérité. L'objectif de son géniteur-employeur reste quant à lui d'attirer les clients à la caisse de sa boulangerie, où chacune de ces écœurantes œuvres d’art – entièrement comestibles et parfois serties de raisins, de noix de cajou ou de pépites de chocolat – est gentiment vendue sous cellophane, comme au supermarché. Mais, au final, toute la famille a pu s'y retrouver, puisque l'endroit est devenu un véritable piège à touristes et une étape obligée des tours organisés au départ de Bangkok (situé à 90 kilomètres de là). Sont fous ces Thailandais!!? Peut-être, mais ils ne perdent jamais le nord.