Le bonheur, là, tout de suite, maintenant !
Savoir dire non. Oser assumer ses choix. Et se faire plaisir. Voici quelques clés parmi d’autres pour s’engager sur le chemin du bonheur. À chacun son truc, l’important étant de jouir et de savourer.
Publié le 20-03-2014 à 10h11 - Mis à jour le 22-03-2014 à 07h44
Je n’en peux plus. Je suis débordée. Mon ado me prend la tête. Ma mère ne comprend rien à rien. Les factures se reproduisent plus vite que les lapins. J’ai peur de perdre mon job, mon mari, mon chat et le courage de faire régime… C’est bien simple, le bonheur est une quête im-pos-si-ble !
Un discours que l’on entend de plus en plus souvent autour de nous. Car le contexte actuel, qui mixe prouesses technologiques et progrès de la santé mais aussi angoisses, crise et moral en berne, fait du bonheur, plus que jamais, le Graal. Tant et si bien qu’il n’y a jamais eu autant d’essais sur la question.
Dans son livre Faire le choix du bonheur, la psychologue Marie Andersen revient de façon claire sur les processus qui nous empêchent de nous sentir heureux et ceux qui peuvent nous aider à nous épanouir.“L’impression que ressentent de nombreuses personnes de vivre une période difficile impose plus que jamais de réfléchir à nos possibilités personnelles pour redonner un caractère heureux à notre vie. Nos existences sont encombrées, au fil des ans, de petits ou gros échecs, de deuils, de combats vains ou de relations empoisonnantes. Autant de faits qui nous occupent l’esprit et qu’on traîne comme des boulets au pied. Or, il est très important de faire des deuils pour se renouveler. L’expression la plus juste étant de tourner la page. Bien sûr, cela ne s’effectue pas toujours facilement. Le remord représente un sentiment de culpabilité associé à l’échec. Mais cette culpabilité peut être lavée, balayée en posant des actes précis”.
Des actes, Stéphanie, 28 ans, en a posés : “J’ai perdu ma maman à l’adolescence et j’ai des rapports très conflictuels avec mon père. J’ai donc appris très vite à fuir les conflits et à mettre tout en œuvre pour apaiser les choses avec tout le monde. Un bon travail, un petit ami adorable, un enfant de 3 ans magnifique, des grandes tablées de copains à la maison…. Jusqu’au jour où mon corps (et non ma tête) a dit stop ! En fait, je ne pensais jamais à moi, je faisais toujours ce qu’on attendait de moi. Comme j’étais bien entourée, on m’a conseillé de consulter et très vite j’ai décidé qu’il était temps de poser mes propres choix, sans révolution. Je délègue plus, je refuse de me laisser déborder par mon boulot à la maison, et je prends du temps pour moi : je me suis mise à la photo et je fais de grandes balades, seule, en tête-à-tête avec mon appareil. Et tout le monde est content.”
Je suis contente de ma quiche !
Selon une étude hollandaise, menée par le professeur Ruut Vennhoven à l’Université Érasme de Rotterdam, le bonheur réside en une vie active et remplie : une relation à long terme, un fort intérêt pour la société, un travail épanouissant, du temps libre pour sortir et profiter de ses proches et de ses amis, une bienveillance pour soi et les autres… Et surtout, une acceptation de la tristesse. Elle fait partie de la vie et nous fait d’autant plus apprécier les plaisirs du quotidien.
Ne serait-ce pas là la définition idéale du bonheur ? Une succession de moments de joie et de plénitude. Marie Andersen répond : “Chacun a sa définition et tout dépend de l’âge, du milieu social, du portefeuille, de l’endroit où l’on vit et de toutes sortes d’autres critères. C’est quoi le bonheur ? Mais ce que vous en pensez ! Pour beaucoup, il se vit en effet au présent. Cependant, certaines personnes n’arrivent pas à se réjouir des petits plaisirs de la vie car ils ont le cœur brisé et ne veulent pas minimiser leur propre malheur. Pourtant, le besoin de reconnaissance absolue de son malheur empêche parfois d’avancer et d’être heureux. Aujourd’hui on parle de psychologie positive, de “flow” que nous avons traduit par “flux”. C’est cet état d’esprit qui nous habite quand nous avons le sentiment de bien faire quelque chose qui nous plaît. Ce sentiment de plénitude, d’être à sa place, est à mes yeux l’une des clés essentielles du bonheur. Il y a un proverbe que j’adore : le bien-faire crée le bien-être. Et ça n’a plus rien à voir avec le fait d’être riche ou amoureux. Le temps s’arrête, on est juste bien ”.
Elisabeth, 42 ans, a tôt fait de comprendre le bien à savourer le moment présent, elle dont la maman, submergée de travail toute sa vie, n’a jamais profité de quoi que ce soit : “Je suis la reine de la quiche et des cakes et je suis super contente quand je vois ma petite famille se régaler. Je suis contente d’aller au concert de Stromae avec mon fils de 11 ans. Contente d’aller voir une comédie au cinéma avec ma meilleure amie. J’ai de plus en plus besoin de nature, j’adore regarder les arbres et les toucher. Voir une belle expo me transporte. Et je fais attention, tous les jours, à rire avec mon homme et mes enfants.”
Aïe, le temps file…
Mais attention, quand on n’y prend pas garde, on se met très vite à ressasser les regrets et à redouter l’avenir. Et allez être heureux quand nos neurones sont bouffés par les déceptions et les anticipations ! Difficile… David, 56 ans, vient à peine d’en prendre conscience. “ Un souci de santé m’a forcé à faire le point sur moi-même. J’accumulais les frustrations et les échecs et me lançais sans cesse dans de nouveaux projets. Jusqu’au jour où ma fille de 25 ans a mis le doigt sur le nœud du problème. Je refusais de vieillir. Je crois que j’ai compris la leçon. Désormais, je vais essayer de me poser et de vivre pleinement ce que j’ai à vivre, maintenant”.
Un type de réflexion auquel est souvent confrontée notre psychologue : “ En effet, notre passé nous accapare tellement qu’il peut contaminer notre présent. Quant au futur, il peut nous angoisser de façon telle qu’il nous paralyse. Le présent n’est alors jamais réjouissant, pourtant il pourrait l’être. Il faut absolument régler ce passé qui ne devrait être accaparant que pour des souvenirs heureux ou des échecs mais dont on a tiré toutes les leçons. J’estime que mon travail de psychologue consiste à permettre aux gens d’être ce qu’ils ont envie d’être. Encore faut-il faire des choix, réaliser que ceux-ci existent et ensuite les assumer. Nous ne sommes pas contraints d’effectuer un pas plutôt qu’un autre, nous avons le choix, même si nous pensons souvent le contraire”.