Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes

Il fabrique de grands tableaux où les femmes sont belles... constitués de milliers de photos de culottes. Et depuis deux ans, Joël Moens de Hase se taille une belle réputation dans le monde de l'art contemporain. A voir lors de l'expo Monomaniacs.

E.W.
Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

Des petites culottes. Plein son ordinateur. Des photos de petites culottes de toutes les formes, de toutes les couleurs. Une « bibliothèque » (viturelle) de 80 000 exemplaires. Qui sert à Joël Moens de Hase de matière première pour de grands tableaux où les femmes sont belles, souvent dénudées, toujours magnifiées.

La femme c'est le centre du travail de ce peintre qui a troqué ses pinceaux et ses toiles abstraites pour investiguer le pixel art « sous-vêtement », mâtiné de pointillisme 2.0.

En un peu plus de deux ans, il a réussi à imposer ses grands diasec (un tirage apposé à l'arrière d'un plexi transparent) dans les galeries belges et même beaucoup plus loin. Aux Etats-Unis notamment, ses tableaux interpellent et suscitent la curiosité et l'engouement. A New York, on le découvre avec gourmandise. Et cinq à dix de ces toiles « software » ou photo-mosaïques comme il aime à les appeler, sont désormais vendues chaque semaine dans le monde.

De IBM à Big Apple

Joël Moens de Hase n'a pourtant pas commencé sa carrière sous le signe de l'art. Son diplôme de sciences économiques en poche, il débute chez IBM. Pendant 5 ans, il s'y fait une place certaine avant de tout lâcher pour lancer sa propre société. Il vendra des nappes à colorier, des biberons imprimés Walt Disney puis à nouveau plaque ce business pour ouvrir une boîte de PC « produits blancs », BIP Computers. L'affaire prend de l'ampleur et l'homme se retrouve à la tête de 7 magasins. Dans les années 90, il revend et s'aventurera par après dans l'immobilier.

Une autre technique d'expression

Créatif, entreprenant, travailleur, Joël Moens avait également besoin de s'exprimer autrement. Alors pendant quatre ans, ce grand curieux qui aime étudier va prendre des cours du soir en peinture : il y apprend toutes les techniques, les possibilités artistiques. Et peint le samedi dans son atelier. De l'abstrait. Ses tableaux plaisent, il en vend régulièrement parmi ses connaissances.

Mais à nouveau, il sent que les choses doivent changer. « Etant ambitieux, je me suis rendu compte que ma peinture n'était pas extraordinaire... Qu'elle n'avait rien de nouveau, du moins ». Il commence à réfléchir à un projet original non dans le sujet ni la matière mais dans la technique d'expression. « Pour ma génération, le PC a été une révolution », réfléchit-il... et il conçoit peu à peu la « toile software ».

Un procédé de photo-mosaïques qui renouvelle la technique millénaire des mosaïques et témoigne du changement de statut de l’image, conséquence des révolutions technologiques du XXe siècle.

Mais pourquoi des culottes ?

L'idée d'utiliser les petites culottes comme vecteur artistique lui semble quasi naturel. Pour lui, « C'est un hommage à la femme, à la sensualité. Et à travers ça, j'ai envie non pas de provoquer mais d'interpeller. Enfin, techniquement, la culotte a le mérite d'être un schème simple et de toutes les couleurs ! » Loin d'être une obsession personnelle, le sous-vêtement triangulaire devient simplement un socle artistique. Chaque travail de l’artiste regroupe 7000 à 17000 mini-photos retravaillées une par une. Ces dernières ont été collectées sur Internet, découpées dans des catalogues, ...)

Et le sujet central du tableau est en fait une photo originale que Joel Moens retouche puis habille en quelque sorte de milliers de culottes !

A partir de là, Joël Moens "joue". Ses oeuvres ont souvent un double message : « J'aime le côté caché/découvert, mystérieux/offert et pousser à la curiosité et à l'imagination en ne montrant pas tout ».

Et partout, "il y a l’amour", avoue-t-il, un sourire dans les yeux. L'amour exprimé, libéré, refoulé, caché, grandiose ou débusqué dans un petit acte quotidien. L’artiste n'a de cesse de le réinterpréter... Jusqu'à en tirer la légèreté érotique ou le mystérieux sensuel qui forment désormais sa patte.

A voir lors de l'expo « Monomaniacs » (notre article ici)
>> Exposition du 29 août au 30 septembre 2014. Ouvert du mercredi au samedi de 17h à 22h et sur rendez-vous via monomaniacsbrussels.com. Bar et restauration sur place

LES PHOTO-MOSAIQUES DE JOEL MOENS DE HASE

Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

La plénitude du réel (2013)
"Mes tableaux ne sont pas exactement des acquisitions coups de coeur... Un homme ne va jamais en acheter un sans en parler à sa femme ! On y réfléchit avant de mettre 1m² de petites culottes au-dessus de son canapé !", sourit Joel Moens.

Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

Surprise (2013)
Derrière les mains, le visage caché d'une femme. Beauté et mystère sous-tendent chaque tableau, ce qui attire un public de collectionneurs de plus en plus nombreux

Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

« The Kiss - Tribute to Klimt » (2014)
Depuis cette année, l'artiste revisite aussi les tableaux classiques comme « La Jeune Fille à la perle » de Vermeer ou ci-dessus « Le Baiser » de Klimt.

Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

L'arme dans les yeux (2014)
Désormais, les visages l'attirent de plus en plus. Masqués, voilés, teintés de mystère et donc de sensualité. L'artiste se diversifie aussi côté support. A côté des diasec léchés, il s'aventure vers de grands murs recouverts de papier peint ou des tableaux rétro-éclairés.

Joël Moens de Hase, l'artiste aux 80 000 petites culottes
©Joël Moens de Hase

Splendor Veritatis (2014)
Le thème de la religion revisité par Joël Moens. La jeune nonne y est représentée "en adoration pour son dieu alors que les hommes sont en adoration devant la féminité."

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