Dominique, 61 ans, mais 40 ans dans sa tête : Adieu les horaires, bonjour les découvertes !

Lauranne Garitte
Dominique, 61 ans, mais 40 ans dans sa tête : Adieu les horaires, bonjour les découvertes !
©DE TESSIERES JOHANNA

L’heure de la retraite a sonné. "Ouf !", diront certains. D’autres serreront les dents, angoissés par la perspective de l’ennui et du temps qui passe. Après une carrière d’une trentaine d’années (voire plus), quelle vie mène-t-on ? Quels choix de vie fait-on ? Le supplément "Quid" a partagé quatre tranches de vie contrastées de retraités qui ont donné un second souffle à leur vie.

Dominique de Briey profite pleinement de chaque moment que la vie lui offre.

Montre-moi ta maison, je te dirai qui tu es. Cette phrase convient parfaitement à Dominique de Briey, institutrice maternelle aujourd’hui à la retraite. Dans les hauteurs de Wavre, comme accrochée à une colline, la maisonnette de Dominique est chaleureusement accueillante. Dans son salon, quelques bougies éclairent les innombrables œuvres de céramique réalisées par notre hôte avec, en fond sonore, une musique espagnole. "Chez moi, la porte est toujours ouverte. C’est comme un moulin, mais toujours à la bonne franquette !", introduit-elle. Autour d’un chicon au gratin fait maison, ce petit bout de femme au caractère enjoué et bien trempé nous explique son choix de vie depuis la retraite : planquer toutes les horloges dans des placards et découvrir un nouveau rythme de vie.

La passion du travail

Trente-neuf ans de carrière au compteur, Dominique a toujours adoré son métier du premier au dernier jour : "Dès que j’ai commencé le métier d’institutrice maternelle, je savais que les enfants me prendraient 300 % de mon énergie. D’ailleurs je n’ai pas eu d’enfants. Mais je me suis toujours dit que jamais ils ne pâtiraient de ma vieillesse. Les dernières années de ma carrière, je revenais de moins en moins en forme le 1er septembre. J’ai senti qu’il était temps…", raconte Dominique.

Comme une enfant devant un sapin de Noël

Depuis presque deux ans, l’ex-institutrice a quitté les grilles de son école pour ouvrir les portes d’une deuxième vie" aussi pleine de richesses, de découvertes et de surprises que la première." Son quotidien ? Elle n’en a pas. Elle le construit au gré de ses envies. "Il y a tellement de choses qu’on ne peut pas faire quand on travaille. Le premier jour de ma retraite, je me sentais comme une enfant devant un sapin de Noël avec plein de cadeaux en-dessous." Parmi ces cadeaux, la possibilité d’assister à des conférences en journée : "Après avoir passé autant d’années avec des enfants, j’avais besoin de me re-nourrir intellectuellement dans un milieu d’adultes. J’ai découvert les conférences pour seniors, que j’ai failli fuir au début en voyant le public aux cheveux grisonnant", rigole-t-elle, "et puis, j’ai adoré."

"L’ennui ? Je ne connais pas"

Chaque matin, après avoir lu son journal, Dominique emmène une voisine âgée faire un tour dans les bois. Chaque soir, elle retourne discuter avec elle durant son souper. Le reste de ses journées, c’est l’inconnu. Elle apprend à lire à ses voisins d’origine marocaine, elle est bénévole dans une association, elle fait de la céramique, elle lit, etc. "Je n’ai vraiment pas le temps de m’ennuyer… Et pourtant je ne planifie presque rien. Ça a d’ailleurs beaucoup perturbé mon entourage. Avant la retraite, tout le monde me demandait quels étaient mes projets ? Je n’en avais pas. L’ennui, je ne connais pas !" Cette mordue de lecture le répète à l’envi : "il faut tourner une page pour en ouvrir une autre. Si on reste un pied entre deux pages, on ne profite ni de l’une ni de l’autre. Le jour de ma retraite, j’ai donc commencé un nouveau livre, sans savoir de quoi il était fait."

Jeter les horloges

Aujourd’hui, le principal changement dans la vie de Dominique, ce sont les horaires : "la première chose que j’ai supprimée chez moi, ce sont les horloges. Je déteste les horaires, je ne voulais plus de cette obligation sociale !" Cette adepte du précepte "Carpe diem" est heureuse de continuer à construire sa vie progressivement comme elle l’a toujours fait : "Il faut prendre la vie un jour après l’autre pour accepter tout le mauvais qu’elle comprend. Cessons de vivre dans l’angoisse du lendemain et de la perspective d’une retraite !"

Ce dossier est à découvrir en intégralité dans le supplément "Quid" de ce week-end.

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