Quand les femmes enceintes sont discriminées au boulot
- Publié le 24-06-2018 à 16h13
- Mis à jour le 24-06-2018 à 17h48
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Trois travailleuses sur quatre ont été victimes de discriminations en raison de leur grossesse ou maternité selon une enquête réalisée par l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes.La grossesse est un moment important pour un couple. L’arrivée d’un enfant va chambouler leur vie. Une période pleine d’émotions qui peut entraîner des hauts et des bas au sein du couple. Mais qui peut surtout entraîner la future mère dans une période compliquée au niveau professionnel. Selon le rapport 2017 sur La grossesse au travail réalisé par l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes, les discriminations entre les deux sexes sont nombreuses. Il y a celles qui sont dénoncées, celles qui sont tues et celles que les femmes ne remarquent même pas car elles les pensent normales. Pourtant, depuis la modification de la loi du 22 mai 2014 (M.B. 27 juillet 2014), toutes formes de discrimination concernant une femme enceinte ou jeune maman est devenue explicitement punissable par la loi.
Les inégalités ne cessent pas pour autant. Que ce soit un licenciement, une non-prolongation de contrat après un accouchement, la non-obtention d’une promotion ou tout simplement la recherche d’un emploi, elles sont présentes partout. Dans l’étude menée par l’Institut, il révèle que parmi les femmes cherchant un emploi, elles sont 52,3 % à n’avoir pas postulé lors de leur grossesse. Souvent, elles se disaient que postuler serait inutile. C’est également une période où de nombreuses incertitudes surviennent, ce qui peut diminuer l’envie de chercher un emploi.
"Je cherchais du travail, mais un ventre rond n’est pas la meilleure des cartes de visite. En plus, quand vous posez votre candidature, l’employeur souhaite que vous commenciez le plus rapidement possible, ce qui n’est pas envisageable pendant une grossesse", explique un témoin dans le rapport 2017 (*).
Et puis les questions quant à la stratégie à adopter se posent souvent. Faut-il dire à son potentiel employeur que vous êtes enceinte ? Il ressort du rapport que seulement une femme sur cinq le mentionne dans son courrier lorsqu’elle postule, contre deux tiers qui ne le font jamais. Être enceinte est aujourd’hui encore un réel obstacle pour les demandeuses d’emploi. Et parler de recherche d’emploi n’est qu’une petite partie de l’iceberg car le non-respect du congé de maternité et la non-adaptation des conditions de travail sont aussi des conséquences observées pour les femmes.
Maman reste à bord !
Pour les encourager à faire valoir leurs droits, l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes a lancé en octobre dernier une campagne intitulée Maman reste à bord. "Souvent, les femmes ont elles-mêmes intégré les stéréotypes de genre et accepté par la force des choses l’idée que la grossesse et la maternité sont des freins pour leur carrière. C’est pourquoi peu d’entre elles osent faire respecter leurs droits. La campagne Maman reste à bord est donc une réussite car elle a permis de conscientiser de nombreuses victimes sur leurs droits et de lutter ainsi contre le sous-rapportage de plaintes", déclare Michel Pasteel, le directeur de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. "Selon nous, cela montre qu’il faut continuer à investir dans la sensibilisation pour lutter plus efficacement encore contre les discriminations et promouvoir davantage l’égalité de genre." En effet, cette campagne de trois mois, lancée en octobre 2017 a permis de doubler le nombre de signalements par rapport à l’année 2016.
Avoir un enfant est un beau projet de couple mais les répercussions sur le plan professionnel sont loin d’être les mêmes pour la mère et le père du futur bébé.
(*) Grossesse au travail : Expériences de candidates, d’employées et de travailleuses indépendantes en Belgique. Rapport 2017 de l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes