Pourquoi l'industrie de l'hygiène intime a-t-elle tant de succès ?
C'est la question que pose le quotidien The Guardian, s'inquiétant que les femmes prêtent tant d'attention à la propreté - et surtout l'odeur !- de leur vagin... qui pourtant s'auto-nettoie.
Publié le 24-09-2018 à 15h05 - Mis à jour le 24-09-2018 à 15h46
C'est la question que pose le quotidien The Guardian, s'inquiétant que les femmes prêtent tant d'attention à la propreté - et surtout l'odeur !- de leur vagin... qui pourtant s'auto-nettoie.
Lingettes, gel lavant... Les produits d'hygiène intime occupent plusieurs rayons des supermarchés et des pharmacies. Un succès inquiétant, rapporte un article du Guardian qui interpelle le potentiel nocif de certains produits. A l'instar du talc, montré du doigt pour ses risques cancérigènes. En juillet, le tribunal de Missouri a donné raison à 22 femmes qui accusaient les produits d'hygiène à base de talc de la marque Johnson & Johnson d'être responsables de leur cancer des ovaires, en raison de la présence d'amiante dans les produits.
Les gynécologues décrient aussi les douches vaginales (eau ou autres substances dans son vagin). Une étude de l'université de Pittsburg a démontré que cela perturbait l'équilibre bactérien naturel et provoquait des vaginites. Le risque double chez les femmes qui pratiquent la douche vaginale une fois par semaine.
"Mais pourquoi une industrie de l'hygiène féminine si le vagin s'auto-nettoie?" s'interroge le quotidien britannique. "Le vagin est un organe extraordinaire. Il est bordé d'une membrane qui protège des infections, ainsi que d'un mélange intelligent et complexe de bactéries - également appelé flore vaginale - qui joue également un rôle de protection. Ensemble, ils maintiennent le vagin en bonne santé. Le vagin s'auto-nettoie également et les sécrétions vaginales sont hygiéniques".
Odeur de rose
Pourtant, les femmes se jettent sur les produits d'hygiène intime. La raison ? "Parce que l'industrie ne cesse de leur répéter qu'elles ne sentent pas bon", déplore l'article. Cela n'est pas nouveau. Comme l'évoque Anne Dujin, sociologue, dont les propos sont rapportés par France Info, "l’odeur du corps féminin non fraîchement lavé ne fait plus partie – et ce depuis longtemps – des représentations communes du désirable. Cette évolution a déjà plus d’un demi-siècle. En témoigne une série de publicités qui fleurirent aux Etats-Unis dans les années 1950, vantant les mérites de produits d’hygiène intime".
Il suffit de regarder les publicités pour les protections hygiéniques qui surfent sur cette vague de la mauvaise odeur n'hésitant pas à proposer des serviettes parfumées. Résultat, à force de nous mettre dans la tête qu'il faut sentir la rose, "nous craignons toutes de sentir le poisson" écrit la journaliste Rose George. Ce qui peut arriver... mais alors vous le sentirez vraiment ! C'est une vaginose bactérienne qui se soigne, il faut consulter.
De l'eau et du savon
Assurer son hygiène intime est pourtant simple et peu coûteux : la vulve n'a besoin de rien de plus sophistiqué que de l'eau, du savon doux et non parfumé. Ceci évitera d'affecter l'équilibre bactérien dans le vagin.
Bien sûr, des sécrétions peuvent parfois être plus importantes, changer de couleur et d'odeur, ce qui nécessite une consultation. Et l'article de conclure : "Si nous pouvions discuter de la vulve et du vagin - avec les médecins, les professionnels de la santé et nos partenaires - aussi facilement que de nos maux de tête, les lavages, les sprays, les lingettes et nos peurs de sentir mauvais disparaîtraient (...) La santé et la confiance des femmes s'en verraient améliorées, même si elles sentaient moins le parfum".